Biodiversité et climat : à peine lancée, une nouvelle formation pour les paysagistes affiche complet
Les paysagistes valaisans pourront être formés spécialement sur les questions d’aménagements favorables à la biodiversité et au climat. La formation est mise sur pied par le Canton, en collaboration avec diverses entités. Et à peine lancée, elle affiche déjà complet.

Dès la fin du mois d'avril, des cours de conseiller en aménagements extérieurs favorables à la biodiversité et au climat seront dispensés par le Canton, en collaboration avec la Fondation pour le développement durable des régions de montagne (FDDM), Jardin Suisse Valais, le Bureau des Métiers et l’Ecole d’Agriculture de Châteauneuf.
Ils se sont tous mobilisés pour donner au personnel communal, et aux paysagistes privés, les bases nécessaires pour aménager des espaces extérieurs adaptés aux changements climatiques, et qui respectent la faune et la flore.
Des mesures pratiques
Ces cours débuteront fin avril, ils seront dispensés sur 4 jours. C’est pour l'instant la plus grande formation de ce type, orientée sur ces questions, dispensée par le canton. Elle enseignera une méthode et des principes généraux qui peuvent s’appliquer partout, en plaine comme en montagne, selon Laurence Vuagniaux, directrice de la FDDM.
Ce qui sera enseigné sera avant tout des mesures pratiques. "Beaucoup sont très faciles à mettre en oeuvre", assure-t-elle. Par exemple ? Aménager une haie indigène pour servir de gîte à certaines espèces, ou réaménager une partie de son gazon stérile en prairie fleurie. "Ce qui a une double utilité : c'est très joli visuellement, et cela donne des aliments à toute une série d'animaux", appuie la directrice de la FDDM.
Une demande de la part des paysagistes
Ces principes répondent à des problématiques qui sont dans l’air du temps, complète Yann Clavien, responsable de la section Nature et paysages à l’Etat du Valais. Il y avait donc une demande de la part des paysagistes. "Les premiers cours sont complets, une quinzaine de personnes sont sur liste d’attente", se réjouit-il.
Mais cette formation devrait bénéficier à davantage de personnes. "Le but est que ces conseillers en aménagement extérieurs favorables à la biodiversité et au climat puissent ensuite renseigner tous ceux qui sont désireux d'organiser leurs jardins selon ces principes", explique-t-il.
Et de faire comprendre à la population qu'il faut revoir nos idées sur les espaces verts. "La nature est faite de désordre organisé", sourit Yann Clavien. Ce qui ne correspond pas à notre tradition suisse des jardins très ordonnés - "à l'helvétique" - que nous avons l'habitude d'entretenir.
"Notre façon de jardiner remonte à l'après-guerre, une période où il fallait cultiver chaque petite parcelle et ratisser chaque coin de forêt pour pouvoir s'alimenter", éclaire le responsable Nature et paysages. Mais aujourd'hui, avec l'érosion de la biodiversité et le changement climatique, les problématiques sont différentes, avance-t-il.
Repenser nos espaces verts
Alors, que préconise-t-il ? "Que nous soyons plus ouverts avec la nature, que nous lui laissions un peu plus d'espace et de temps pour s'épanouir." Celle-ci reprend rapidement ses droits, mais, au début, il est possible que le tableau soit moins attrayant et les couleurs moins vives, concède-t-il.
Pour Yann Clavier, il s'agit alors de rechercher un équilibre : nous avons besoin d'ordre, mais il faut aussi apprendre à regarder autrement nos extérieurs. "Nous souhaitons accompagner ce changement en formant des paysagistes, qui puissent montrer aux particuliers pourquoi d'autres types de surfaces peuvent être dignes d'intérêts. Attirer des organismes différents comme des oiseaux, des fleurs ou des insectes, c'est aussi important !"
Car la diversité des chants des oiseaux nous apporte aussi du bonheur, glisse-t-il. "Si nous acceptons de lâcher un peu de lest, la nature nous le rendra bien."
A noter que cette formation sera sanctionnée par un examen. Ceux qui l'auront réussi pourront utiliser le titre professionnel de conseiller ou conseillère en aménagements extérieurs favorables à la biodiversité et au climat.