Arnaud Jacquemet : "Je suis reconnaissant pour tout ce que j'ai eu le droit de vivre"
À bientôt 37 ans, Arnaud Jacquemet s'apprête à ouvrir un nouveau chapitre de sa vie. Le Sédunois vient tout juste de mettre un terme à sa carrière de hockeyeur professionnel. Il restera dans la structure de Genève-Servette, club dont il a défendu les couleurs au cours des...12 dernières saisons.

Les playoffs de National League débutent ce jeudi. Pour la deuxième fois consécutive, ils se disputeront sans Genève-Servette. Seulement 12èmes de la saison régulière, les Aigles sont partis en vacances de manière prématurée, sans même avoir le droit de jouer les play-in. Leur exercice s'est achevé il y a dix jours par une lourde défaite 5-1 subie sur la glace de Berne. Un revers qui a officiellement mis un terme à la carrière d'Arnaud Jacquemet qui venait tout juste d'annoncer que cette saison serait sa dernière. Interview.
Arnaud Jacquemet, dix jours plus tard, avez-vous digéré les émotions de cette dernière soirée passée sur la glace?
Disons qu'elles sont bien retombées aujourd'hui. C'était évidemment un moment fort de terminer mon parcours ainsi. J'aurais aimé finir autrement. La déception était grande après être revenus si proche d'une qualification pour les play-in. Après, si l'on regarde l'ensemble de notre saison, nous ne méritions sans doute pas de la poursuivre. Se prendre cette claque dans la figure peut faire du bien aux gars qui seront encore là la saison prochaine.
Le point positif de terminer par une défaite 5-1 est que vous avez eu le temps d'assimiler que vous disputiez le dernier match de votre carrière…
Je le pensais jusqu'à ce qu'on me dise à l'interview entre le 2ème et le 3ème tiers que même si nous étions menés 4-0, nous étions encore en position de nous qualifier. Si Rapperswil avait perdu après le temps réglementaire contre Davos (ndlr : les Saint-Gallois se sont finalement imposés 2-1), nous aurions été trois équipes à égalité et nous aurions pu passer. Durant le 3ème tiers, nous avions constamment le regard tourné vers les autres matches, nous n'avions plus rien entre nos mains. Il nous restait trois ou quatre minutes à jouer lorsque Rappi a marqué son 2ème but. À partir de là, j'ai pu profiter de jouer sans pression.
Justement, qu'est-ce qui traverse votre esprit au moment d'effectuer les derniers shifts de votre carrière?
J'ai regardé cette patinoire pleine et je me suis dit qu'il fallait que je profite une dernière fois de ces ambiances que l'on ne retrouve pas dans la vie de tous les jours. Il fallait que je profite de patiner une dernière fois avec les copains. Je suis resté en mode joueur de hockey pratiquement jusqu'au bout. Il n'y a vraiment que dans ces ultimes minutes à Berne que je me suis relâché et que j'ai compris que cette fois, c'était bien la fin.
Comment s'est passé le retour au vestiaire ensuite?
Juste après la fin du match et avant les interviews, les coachs sont venus dire quelques mots. J'ai également tenu à prendre la parole pour remercier mes coéquipiers pour toutes ces saisons passées ensemble. Je leur ai dit que le sentiment de déception que nous éprouvions ce soir-là devait les accompagner durant tout l'été. Ils devront se rappeler la saison prochaine que les points ne se font pas seulement en fin d'exercice. Après ça, je suis allé aux interviews et j'ai été rappelé sur la glace par nos fans qui avaient fait le déplacement avant de retourner au vestiaire où j'ai vécu quelque chose d'inédit.
Comment ça?
Quand je suis arrivé, il n'y avait plus personne. Plus de staff, plus de joueurs, il n'y avait plus que moi et mon sac. C'était une situation assez drôle que je n'ai jamais vécue dans ma carrière. Je me suis retrouvé seul pour prendre ma dernière douche dans cette patinoire mythique avant de rejoindre les gars dans le bus. Ça m'a fait rire.
Tout s'est enchaîné rapidement entre l'annonce de votre fin de carrière et ce dernier match à Berne. Mais à quand remonte votre décision de dire stop?
Je ne peux pas articuler une date précise mais cela faisait quelques semaines, voire même quelques mois que je l'avais compris même si je ne voulais pas forcément me l'avouer. Je m'accrochais à quelque chose, mais je ne pourrais pas vous dire à quoi (rires). En fait, j'ai eu une discussion avec notre président, Philippe Baechler, assez tôt dans la saison. Il m'a dit qu'il souhaitait pouvoir compter sur moi dans les bureaux une fois que j'aurais raccroché les patins mais que la décision d'arrêter m'appartiendrait. J'ai ensuite eu un échange avec Marc Gautschi (ndlr : le directeur sportif). Lui-aussi m'a dit que ce n'est pas lui qui me dirait d'arrêter. En revanche, il m'a fait comprendre que si je continuais, je n'aurais pas le même rôle. J'aurais plutôt été le 9ème défenseur dans la hiérarchie. J'ai pris le temps de réfléchir, mais rapidement, je me suis dit que l'opportunité qui m'était offerte d'intégrer l'administration du club était une bonne raison de quitter la glace.
Dix-sept saisons passées dans l'élite, 905 matches au compteur. Qu'est-ce que vous gardez de ce long et riche parcours au plus haut niveau?
Plein de choses, énormément de souvenirs. Les trophées bien sûr puisque j'ai eu la chance de gagner deux Coupes Spengler, le titre de champion suisse et celui de champion d'Europe. Je retiens aussi toutes les rencontres que le hockey m'a permis de faire. Tous les coéquipiers avec qui j'ai pu créer du lien. Vous savez, chaque saison une nouvelle famille se crée dans le vestiaire. J'en ai donc connu beaucoup de ces familles (rires). Cela fait douze ans que je suis à Genève donc j'ai également une pensée pour toutes les autres personnes. Le service des sports de la Ville, les gens qui nettoient la patinoire, les bénévoles, les fans, vraiment tout le monde. Le mot qui me vient le plus en tête aujourd'hui est la reconnaissance. Je suis reconnaissant pour tout ce que j'ai eu le droit de vivre.
Qu'aurait envie de dire le Arnaud Jacquemet qui raccroche les patins en 2025 à celui qui faisait ses premiers pas en Ligue A en 2008 à Kloten?
Ah…C'est une très bonne question que je ne me suis jamais posé. Je lui dirais surtout de profiter de chaque instant, de chaque match, de chaque entraînement et, plus globalement, de chaque saison. De profiter même des moments plus difficiles comme la préparation d'avant-saison ou les séries de défaites. Je lui dirais de s'accrocher, qu'il y a toujours de la lumière au bout du tunnel. Je lui dirais aussi d'avoir confiance en lui, d'oser dire les choses. J'ai compris ça sur le tard, mais chacun a une voix dans le vestiaire. Que tu aies 20 ou 38 ans, tu as le droit de parler et les gars t'écoutent.
Au moment de rejoindre Genève en 2013, après quatre saison à Kloten et une à Langnau, vous vous imaginiez rester si longtemps aux Vernets?
Honnêtement? Je l'espérais. Je fais partie de ces joueurs qui ont besoin de s'identifier à un club pour pouvoir donner leur maximum. J'ai rapidement eu envie d'imiter les Goran Bezina ou Chris Rivera qui étaient les piliers de Genève-Servette lorsque je suis arrivé. Si on m'avait dit que j'allais avoir la chance de jouer aussi longtemps dans ce club, j'aurais signé immédiatement.
Question provocatrice : après douze ans à Genève, vous sentez-vous toujours valaisan?
(Il se marre). Bien sûr puisque toute ma famille habite encore en Valais. Mais je me sens aussi complétement genevois et un brin zurichois après avoir passé quatre saisons en pro et trois saisons en junior à Kloten. Ma femme est zurichoise, mes enfants sont moitié valaisans, moitié zurichois et 100% genevois puisqu'ils sont nés ici. Il ne faut pas oublier non plus qu'il y a beaucoup de Valaisans au bout du lac. Pour être provocateur à mon tour, je vous rappelle qu'on dit souvent que Genève est la capitale du Valais (rires). Je pense que les deux Cantons sont bien plus liés que certains aimeraient le faire croire.
Vos deux fils de 3 et 5 ans suivent vos pas puisqu'ils jouent aussi au hockey. Faut-il se préparer à revoir le nom Jacquemet sur les patinoires de National League à l'avenir?
Non. En tout cas, je n'ai pas envie de leur mettre cette pression. Je veux surtout qu'ils prennent le plus de plaisir possible dans ces catégories de jeunes, comme j'ai pu le faire à l'époque à Sierre. C'est là que tu te crées une vraie bande de copains et que tu apprends à vivre en groupe. Ma priorité est qu'ils trouvent leur voie. Peu importe qu'ils soient joueurs de hockey, profs d'école, avocats, journalistes ou je ne sais quoi.
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