"C’est un message envoyé en direction de la National League" : Chris McSorley a encore frappé
À défaut de déplacer des montagnes, Chris McSorley fait sauter les frontières. L’entrepreneur était venu en Valais pour construire une patinoire. Il y travaille. En attendant il s’est attelé à un autre chantier : la grande union du HC Sierre et du HCV Martigny. Interview.
Chris McSorley, après le projet de patinoire, vous voilà à l’origine d’un rapprochement presque inespéré entre le HC Sierre et le HCV Martigny. C’est historique ?
J’ai été passablement occupé ces deux dernières années. Pour moi, cela représente une opportunité formidable. Quand je vois ce que le LHC et Genève-Servette avaient réussi à faire ensemble dans les années 2009 et 2010, je mesure l’importance de tels rapprochements. En combinant les forces, le bénéfice peut s’avérer monstrueux. Atteindre la National League avec Sierre, puisque c’est de cela dont il s’agit, sera une aventure compliquée. Mais à partir de ce jour, tout sera beaucoup plus simple. C’est effectivement un moment historique, tant pour l’aspect sportif que pour le développement des deux clubs en tant que tel.
Vous êtes souvent présenté comme la locomotive de cette union. Comment avez-vous réussi ?
D’après ce qu’on m’a raconté, c’est le vrai avantage du fait que je ne m’exprime pas en français (rires). Je n’entends pas les critiques. En venant de l’extérieur, j’ai pu simplement concrétiser quelque chose qui paraissait évident aux yeux de tous. Il fallait travailler ensemble. Et tout le monde va y gagner. C’est du win-win-win. Pour Sierre, pour Martigny mais aussi pour tout le canton. Les jeunes hockeyeurs pourront se développer en ayant deux fois plus d’opportunités d’évoluer dans des équipes bien structurées, dans un environnement professionnel.
Vous parlez de tout le canton pourtant le Valais est coupé en deux. Que pense le HC Viège de tout ce dossier ?
Le temps de la collaboration avec Viège viendra. Pour l’instant, il y a de la rivalité avec Sierre car les deux équipes évoluent dans la même ligue. On devra trouver avec eux une autre forme de relation dans l’avenir. Mais nous sommes ouverts à toutes les discussions et tous les partenariats. Simplement, ce n’est pas la priorité en ce moment. On va déjà s’occuper de notre business ici avant de penser plus loin.
Votre partenariat est scellé sur le papier mais les rivalités entre villes et entre clubs restent. Comment vous expliquez aux supporters de Sierre et de Martigny qu’ils ne sont plus rivaux ?
C’est très simple à expliquer. Du moment où le budget ne permet plus à Martigny d’évoluer dans la même ligue, il n’y a plus de rivalité. Si les Martignerains étaient encore en Swiss League, cette interview aurait assurément une autre tonalité. Quand Sierre pourra viser la National League, Martigny pourra aussi envisager une promotion, pour autant que les projets de patinoire puissent se concrétiser. Quoi qu’il en soit, les destins sont liés et on avancera ensemble.
Bien beau message mais est-ce qu’il va ruisseler jusqu’aux derniers fans de chaque club ?
Je crois que les fans martignerains veulent le meilleur pour Martigny. Pareil pour ceux de Sierre. Il y aura toujours des gens pour critiquer. Mais je me tiens face à vous pour garantir, pour promettre, que Dany Gelinas et Martigny auront une équipe compétitive. Et de leur côté, le staff et les dirigeants martignerains auront tout intérêt à ce que Sierre construise quelque chose de solide. Les deux formations devront avoir du succès. Et on sera là pour s’en assurer.
Est-ce que vous êtes armés, tant au niveau du personnel que du budget, pour aller au bout de ce que vous voulez faire ?
Absolument. On est parfaitement équipés pour ce qui arrive. D’autant que les synergies ne sont qu’au début. De la communication au marketing, en passant par la glace, on peut faire un pas de géant. Le budget du HC Sierre va augmenter, grâce au travail effectué par le conseil d’administration. Et le fait d’avoir une équipe partenaire à 25 minutes de route représente un avantage indéniable pour monter en puissance.
On a parlé de Viège tout à l’heure. Qu’est-ce qu’il en est de la perception en dehors du canton. Est-ce que vous allez priver les autres formations puissantes du pays des talents valaisans qu’elles viennent souvent chercher ?
Je ne sais pas. Ce que je peux vous dire c’est que personne ne reste indifférent par rapport à ce qui est en train de se passer. Ce partenariat donne au HC Sierre une avance concurrentielle certaine par rapport à certains candidats à la promotion. C’est clairement un message envoyé en direction de la National League.
Restons sur les aspects sportifs. Vous aurez la vision d’ensemble de ce qui sera fait à Sierre et à Martigny ?
C’est exact. On travaille main dans la main avec Dany Gelinas. Je passerai beaucoup de temps à Martigny pour voir comment les jeunes se développent. Et Dany sera le bienvenu à Graben pour le suivi. La démarche se veut mutuelle et proactive.
Et quelles ambitions à moyen terme pour chacune de ces équipes ?
Vous commencez à me connaitre. Notre but est de gagner. Pour Sierre, il s’agira de viser le Top 4 en Swiss League, sans aucun doute. Et pour Martigny, on n’en attend pas moins en MyHockey League. Je serai aux premières loges pour aider partout où je le pourrai.
Pas de palais, pas de palais
National League, ces deux mots reviennent fréquemment dans le discours de Chris McSorley. Le réunificateur du hockey valaisan veut avancer sur tous les fronts : le sportif, avec des équipes compétitives, et les affaires avec le projet de nouvelle patinoire à Sierre. Sur ce point, pas de discours ambigu. La nouvelle enceinte sportive sierroise représente la base de son engagement. "Tout tourne autour de cette patinoire. Les discussions avec la ville et les partenaires se poursuivent. Ça bouge vite et dans le bon sens." L’entrepreneur ne vit ni des "si" ni de l’incertitude. "Vous avez raison. Je ne me concentre pas sur les petites chances d’un projet qui ne pourrait pas aboutir. Je regarde surtout les formidables opportunités qui se présentent à nous si nous allons au bout. Je ne peux pas trop m’avancer et je ne maitrise pas totalement l’agenda mais on aperçoit la ligne d’arrivée."