Christian Constantin: «L’hibernation a assez duré, il est temps d’ouvrir les yeux»
Alors que la situation comptable du FC Sion ne cesse de se détériorer, le président Christian Constantin tire à nouveau la sonnette d’alarme. S’il maintient sa confiance en Fabio Celestini, il attend une prise de conscience rapide de son entraîneur et de ses joueurs.

Le FC Sion nage une fois de plus en eaux troubles. En panne de résultats depuis quatre mois et neuf journées de championnat, le club valaisan se retrouve plus proche que jamais du fauteuil de lanterne rouge, synonyme de barrages en fin de saison. À trois jours du périlleux et important déplacement à la Schützenwiese de Winterthour, Christian Constantin se livre sur la situation de son club. Interview.
Christian Constantin, quelques minutes après le coup de sifflet final à Bâle, vous nous disiez que le FC Sion serait barragiste en fin de saison. Plusieurs jours plus tard, vous maintenez ce discours fataliste?
Écoutez, j’ai assez l’habitude de voir quand les saisons partent à la dérive. Aujourd’hui, je ne vois pas grand-chose de positif. On a pris trois points en neuf matches. Avec un tel bilan, tu ne peux pas espérer être tout devant même si tout est encore serré au classement. Avec la direction qui est la nôtre, je maintiens que l’on est en grandes difficultés.
Vous gardez tout de même espoir de voir votre équipe redresser la barre?
Mon équipe, je ne la vois pas bien jouer. Avec tous les absents, les blessés, les suspendus, il n’y a rien à quoi je puisse me rattacher.
«Malgré la merde qu’on fait, on n’est pas loin des places européennes.» Christian Constantin
Comment expliquer que les saisons passent, les entraîneurs changent et la galère reste la même?
L’explication est simple. Dans une ligue à dix, tout le monde est très proche. Rendez-vous compte que malgré la merde qu’on fait, on n’est pas loin des places européennes. Personne n’a la vie facile dans ce championnat. On est tous dans le même marasme. Sans tranquillité, tu te retrouves rapidement dans une zone alarmiste.
Reste qu’on peine à comprendre comment un contingent comme le vôtre peut enchaîner autant de résultats négatifs après un début de saison qui était encourageant…
La raison est simple, la pause internationale de septembre a entraîné une cassure. Cette rupture d’automne est connue chez nous. On ne déroule jamais en octobre ou novembre. En général et je ne sais pas pourquoi, ça se passe toujours mieux en Valais lorsque l’on sort de l’hiver et qu’on va vers le printemps. Après la longue pause provoquée par la Coupe du Monde, on a hiberné trop longtemps. Maintenant, ça a assez duré, il est temps d’ouvrir les yeux si on veut avancer.
On a beaucoup parlé de la Coupe de Suisse ces derniers mois. Il y a quelques semaines, votre fils Barthélémy évoquait même la 2ème place et la Champions League. Le FC Sion s’est-il vu trop beau?
Bon, premièrement, il ne faut pas empêcher les jeunes de rêver et d’avoir de l’ambition. Deuxièmement, il ne faut pas les empêcher de faire leurs expériences. Et troisièmement, rien n’est fini dans ce championnat. Il nous reste seize matches et quarante-huit points en jeu. Huit nous séparent pour l’instant du 2ème (ndlr: Servette qui rattrape ce mercredi son match en retard face à Winterthour). Si tu te mets à faire une bonne série, tu reprends espoir. Si tu continues la série de merde que l’on fait, l’élastique s’allonge et la corde risque bien de te péter à la gueule.
Passer du «style Tramezzani» à celui de Celestini prend du temps. Or, ce temps commence à être compté…
J’en parlais l’autre jour avec quelqu’un qui m’a toujours parlé en bien de Fabio. Je lui ai dit que ce serait bien de ne pas oublier de faire des points. Sans ça, la tension devient trop importante et tout va se crisper. Le bilan actuel est mauvais. Fabio doit commencer à additionner quelques points.
«Je ne pense pas que Fabio soit bien dans sa peau avec ces résultats défavorables.» Christian Constantin
La question se pose déjà chez certains: Fabio Celestini reste-t-il l’homme de la situation dans votre esprit?
Quand tu ne gagnes pas, tu es forcément remis en doute. Passionné de foot comme il est, je ne pense pas que Fabio soit bien dans sa peau avec ces résultats défavorables. La chance qu’il a, c’est que c’est lui qui a encore les cartes en main pour corriger le tir. Les autres ne peuvent que parler.
Après la défaite à Bâle, il a affirmé être à 100% responsable de ce début d’année manqué. Vous partagez ce constat?
Tu n’es jamais seul responsable. Il ne peut rien sur les erreurs individuelles des joueurs. Il ne peut rien sur les erreurs d’arbitrage. Il est responsable de la conception de l’équipe. Par exemple, mettre un mec comme Reto Ziegler au marquage de l’attaquant le plus rapide de Lugano n’est évidemment pas très malin. Il a donc une part de responsabilité, c’est clair. Mais à l’heure actuelle, tout le monde doit se remettre en question.
Alors que l’équipe ne montre aucun signe de révolte, n’aggrave-t-il pas la situation en la dédouanant de toute responsabilité?
Écoutez, un entraîneur ne va jamais pointer du doigt ses joueurs et se laver les mains de la situation. Il doit quand même bosser toute la semaine avec ces mecs. Ce qui est vrai, c’est que lorsqu’ils gagnent, ils se précipitent vers toi pour demander une prime et lorsqu’ils perdent, tu ne vois personne. Ils rasent tous les murs. Je le répète mais aujourd’hui, tout le monde est en cause. Du staff à l’équipe, j’attends plus de tout le monde.
«Si je dois à nouveau enfiler la salopette, je le ferai mais je ne suis pas encore dans cet état d’esprit-là.» Christian Constantin
Allez vous organiser des entretiens pour mettre tout le monde face à ses responsabilités?
Vous savez comment je fonctionne. Si je commence à agir, je prends la main pour de bon et j’organise tout. Si je dois à nouveau enfiler la salopette, je le ferai mais je ne suis pas encore dans cet état d’esprit-là. J’attends une prise de conscience collective sans avoir à mettre de l’huile sur le feu.
Samedi, il y a ce match à Winterthour, l’actuelle lanterne rouge qui ne pointe qu’à un point de vous avant son match de ce mercredi soir contre Servette. Qu’est-ce que ça vous inspire?
Que d’aller jouer à la Schützenwiese n’est jamais facile et on est bien placés pour le dire (ndlr: le FC Sion s’y était incliné 1-0 le 18 octobre dernier). Winterthour est l’équipe qui nous a fait plonger dans la 2ème partie du classement puisque nos deux défaites contre eux nous ont fait mal. J’en ai d’ailleurs voulu à Paolo (ndlr: Tramezzani) de ne pas avoir su prendre des points contre eux. Mais ce n’était rien par rapport à ce que je lui en ai voulu après son abandon suite à la débâcle contre Saint-Gall.
Les articles les plus lus
Drame : deux accidents de ski dont l'un mortel à Saas-Fee

L'Hérensard Sébastien Gaspoz élu à la présidence des Jeunes du Centre Valais romand

Un homme s'est tué en chutant d'une voiture en marche à Morat

Hypothèse d'un féminicide confirmée après l'incendie d'Epagny (FR)
