Seul contre tous et sans parti, ce Valaisan a fait aboutir un référendum
Pierre-Alain Bruchez : son nom ne vous dit sans doute rien…et c'est bien normal. Inconnu il y a encore quelques mois, ce sexagénaire valaisan a lancé seul contre tous un référendum. Son portrait.
Inconnu du grand public, Pierre-Alain Bruchez commence à se faire un nom en Suisse. Ce sexagénaire d'origine valaisanne attire désormais les regards dans la Berne fédérale. "En principe, personne ne me connaît", s'amuse Pierre-Alain Bruchez. Pourtant, depuis son tour de force, il écume les médias. Il vient de réussir un petit exploit politique en faisant aboutir jeudi dernier son référendum contre la loi sur l'approvisionnement sûr en électricité, aussi appelée Mantelerlass.
Pourtant, rien ne laissait présager un tel succès en politique. Ancien fonctionnaire de l'administration fédérale des finances, Pierre-Alain Bruchez a pris sa retraite en juillet 2023. Une retraite qui aurait pu être paisible pour le Valaisan. Mais deux décisions du Parlement le mettent en selle. "Je me dis : «on ne peut pas laisser faire ça»", se rappelle le jeune retraité. Pierre-Alain Bruchez est vent debout contre la loi "Solar Express" adoptée par le Conseil national et qui encourage la construction des parcs solaires alpins. "Le projet initial de Grengiols a été un choc", illustre encore Pierre-Alain Bruchez.
Un autre texte vient asseoir cette loi "Solar Express", celle sur l'approvisionnement sûr en électricité, qui va assouplir la protection du paysage au profit des énergies renouvelables. Selon Pierre-Alain Bruchez, les alternatives au solaire alpin existent avec l'utilisation du bâti existant.
Contre vents et marées
Pierre-Alain Bruchez n'est pas parvenu à lancer le référendum contre la loi "Solar Express", en raison de l'expiration du délai référendaire. Il jette alors son dévolu sur le Mantelerlass. Membre d'aucun parti, ni soutenu par les Verts et les principales organisations environnementales, le Valaisan se lance seul dans la bataille, comme simple citoyen. "Il y a quelque chose de pourri dans les organisations environnementales, tacle Pierre-Alain Bruchez. Personne n'imaginait il y a deux ans la possibilité de mettre comme ça des panneaux solaires sur les alpages. Et les organisations environnementales ne lancent pas le référendum ? C'est incompréhensible", s'insurge-t-il.
Seul face à la presse à Berne, Pierre-Alain Bruchez annonce en octobre 2023 le lancement de son référendum. Il parvient finalement à rallier à sa cause la Fondation Franz Weber et Paysage libre. En moins de trois mois, ils récoltent 63 mille paraphes et les déposent à la Chancellerie fédérale. "Je n'avais jamais récolté de signatures auparavant", avoue Pierre-Alain Bruchez.
Désormais, le sexagénaire croit en son étoile. Il vise l'adoption de son référendum par le peuple suisse en juin 2024. La campagne, sans soutien d'aucun parti, ni des principales organisations environnementales, s'annonce compliquée. Seul l'indépendant Thomas Minder était parvenu en 2008 à faire adopter en solo son initiative populaire contre les rémunérations abusives. Pierre-Alain Bruchez rêve-t-il de rééditer l'exploit du Schaffhousois ? "J'espère que le succès sera le même, rigole le Valaisan. Mais je n'ai pas les mêmes ressources que Thomas Minder", temporise-t-il.
Retenez le nom de Pierre-Alain Bruchez, puisque le Valaisan devrait encore faire parler de lui cet automne avec le lancement d'une initiative populaire, nous a-t-il confié.