Rue de la Soif: le patron du bar sédunois "Chez Sam" passe la main. 17 ans d'histoire à raconter
La Rue de Conthey à Sion est connue pour avoir été très chaude. Dans tous les sens du terme. Aujourd’hui, à l’occasion du retrait de Samuel Caloz à la tête de l'emblématique «Chez Sam», Rhône FM revient sur l’histoire de cette Rue de la Soif.
C’est une page qui se tourne pour le bistrot «Chez Sam» à Sion. Le patron du bar, Samuel Caloz passe la main. Il le dit, il ne sera jamais très loin, mais c’est désormais David Pires et Sullivan Etienne qui reprennent la direction quotidienne du petit business. Un établissement fait partie des institutions emblématiques de la Rue de Conthey, cette ruelle pavée qui relie la Place de la Planta à la Rue du Grand Pont. Essayez d'ailleurs d'évoquer l'endroit à un Valaisan qui a passé sa jeunesse dans le Valais central et vous comprendrez ce que le quartier signifie dans le paysage sédunois.
Presque tout au bout de cette «Rue de la Soif», juste avant de se casser le nez sur les différents bâtiments officiels de la Ville, se trouve donc «Chez Sam». «Avant qu'on appelle le bistrot comme ça, c'était Le P'tit Loup, avant encore le Roi Gambrinus et évidemment Le Café de l'Union». Samuel Caloz a un accent typique de chez nous quand il raconte: «Il y a eu un peu de tout ici dedans: il y a eu des morts, des drogués... pas mal de chenis.» La rue était habitée par une atmosphère toute particulière. «Vous savez, il y avait des bars pour les hommes, des bars pour boire, des bars pour fumer. Enfin... il y avait des bars pour tout. Ça ressemblait à ce que cette rue devrait toujours être: un endroit sympa. Avec une ambiance très chaude.»
“Sam, je te donne l'ouverture rapide jusqu'à 2 h du matin, mais à une condition: tu me nettoies un peu ce quartier.”
François Mudry, ancien Président de Sion, cité par Samuel Caloz, ancien patron du bar "Chez Sam".
Mais il y a presque 17 ans, quand Samuel Caloz a repris le bar, l’idée était de faire de cet endroit un lieu adapté à tout le monde. «J'avais oublié de faire le transfert de patente quand j'ai voulu reprendre le bar, se souvient le semi-retraité. Mais à l'époque, l'administratif, c'était un peu moins compliqué que maintenant... Je suis simplement allé voir le président de la Commune, François Mudry, et il m'a dit: “Sam, je te donne l'ouverture rapide jusqu'à 2 h du matin, mais à une condition: tu me nettoies un peu ce quartier.”» Une poignée de mains a scellé l'accord. Et chacun s'est astreint à tenir ses promesses.
Surtout pas un bistrot de bobos
De gérants de bar, Samuel Caloz et sa femme Cristina sont alors devenus videurs de leur établissement. «Il y avait deux ou trois gaillards qui pensaient que c'était chez eux... Alors je suis resté devant la porte. Ceux que je voulais pas qui rentrent, bah ils rentraient pas.» Surtout des bagarreurs ou des toxicomanes, précise-t-il. S'en sont suivi 6 mois compliqués. «Au début, on est resté très seul avec ma femme. Il n'y avait souvent que nous dans le bistrot. Et ensuite, les gens sont revenus. Les gens, entre guillemets “normaux”. Et puis c'est monté crescendo.»
Aujourd’hui, Samuel Caloz revendique un rôle social à son bar. «Avec les autres bistrots de la rue, mais aussi les restaurants, on a vraiment envie de faire vivre le quartier.» Il se réjouit d'accueillir des personnes de tous les âges dès 16 h, puis une population plus festive le soir. «On est aussi un peu le bistrot des pas perdus, avec le Grand Conseil à côté. Mais on a tout type de personnes: de l'avocat au plombier, en passant par les étudiants.» Une crainte? Devenir un établissement de «bobos». «On fera tout pour ne pas que ça arrive!» dit-il.
Une rue qui reste animée
Et les deux nouveaux responsables du bar, David Pires et Sullivan Etienne ne comptent pas le contredire. «Il faut rester sur la même longueur d'onde, explique Sullivan. On va faire quelques toutes petites modifications pour attirer plus de jeunes, mais c'est tout.» À part quelques petites rénovations esthétiques, les gros travaux se focaliseront sur la porte d'entrée: «On a décidé de mettre un sas d'entrée pour éviter le bruit,» renchérit David.
«On fait de monstres efforts pour éviter les nuisances: études de bruits, rénovations, sécu, conclut Samuel Caloz. Mais on ne peut pas obliger les fumeurs à chuchoter quand ils sortent. La Rue de Conthey restera toujours la Rue de Conthey. C'est comme ça».