Les artistes romands contemporains deviennent de plus en plus des entrepreneurs
Quelles sont les modalités de travail des artistes contemporains ? Deux nouvelles études tentent de répondre à cette question. Et les réponses ne sont pas les mêmes selon les cantons. Explications.

Les artistes romands tendent de plus en plus à devenir entrepreneurs. C'est La conclusion de deux études, celle de l’Ecole de design et haute école d’art de Sierre (EDHEA), et celle de l’Observatoire romand de la culture (ORC). Elles ont été présentées le mois dernier à Sierre.
Selon ces enquêtes, dans tous les cantons, les artistes contemporains font face à une charge administrative croissante. Recherche de fonds, demandes de subventions, ou encore contrats, leur prennent davantage de temps. Car ils dépendent le plus en plus d’institutions culturelles, comme des théâtres ou festivals, ou de collectivités publiques, qui leur passent des commandes.
Les artistes travaillent alors sur des projets. "Ils ont un budget pour les réaliser, mais aussi des contraintes et des charges", explique Benoît Antille, professeur à l’EDHEA, a étudié les conditions de travail des artistes vaudois et valaisans. Dans les deux cas, l’offre de subventions est très développée. Mais en Valais, un tournant s’est opéré peu après les années 2000.
Une diminution d'autonomie, mais certains avantages
Cet art engagé, commandé par des institutions, peut être vu comme une diminution de leur autonomie par les artistes. "Certains le voient comme une instrumentalisation", éclaire Benoît Antille.
Mais ce n’est pas forcément le cas, avance-t-il. "De nombreuses personnes du monde de l'art souhaitent s'engager politiquement, avec le reste de la société", glisse-t-il. Ils sont alors souvent d'accord de travailler dans un fonctionnement qui est typique du projet, dans une forme de collaboration, et de renoncer à une partie de cette indépendance.
Ils ont alors d'autres avantages en contrepartie. Comme l'obtention d'un soutien, par exemple.
Toutes ces réflexions sont collectées dans un récent ouvrage de Benoît Antille, "Le Monde de l'art face à la logique du projet", publié aux Editions arts&fiction.