Le duo d'artistes valaisan Richon-Bender ouvrira la 10ème biennale d'art sonore en Bolivie
Des artistes valaisans feront l'ouverture de Sonandes, la biennale d’art de La Paz, en Bolivie, pour son 10ème anniversaire. Ils y présenteront des installations sonores pour faire "chanter" les vallées boliviennes. Rencontre.
C’est un grand honneur, pour Rémy Bender et Basile Richon. Ce duo d’artistes valaisans vient de s'envoler pour l'Amérique de Sud. Ils y créeront des installations sonores, qui feront l'ouverture d'une grande manifestation d'art : la biennale de Sonandes.
A l'origine de cette invitation particulière : une rencontre, il y a plusieurs années, avec des artistes boliviens. "Nous avons fait leur connaissance il y a plusieurs années, lors d’une résidence artistique dans le Val d’Anniviers", explique Rémy Bender.
Comme le courant est bien passé, de fil en aiguille, ils ont été recontactés. Ces artistes - Guely Moratò Loredo et Victor Mazòn Guardoqui - se sont intéressés à la spécialité de Basile Richon et de Rémy Bender : des œuvres sonores en lien avec le territoire et ses particularités.
"Comme cette curatrice et ce curateur s'occupent de la biennale de Sonandes, ils ont décidé de nous inviter pour l'ouvrir, le 9 octobre prochain. Une telle place, pour leur 10ème édition, c'est impressionnant !", avoue Rémy Bender, qui confesse, tout comme Basile Richon, que c'est aussi un peu de pression. "Mais elle est positive, nous nous réjouissons beaucoup de rencontrer des artistes du coin et de présenter nos œuvres", glisse ce dernier.
Faire "chanter" la vallée
En Bolivie, ils mettront sur pied des installations dans une vallée. Le but : la faire "chanter", grâce aux bruits de la nature. Ils ont déjà produit des prototypes en Valais, et les ont installés dans différentes régions, comme le col du Grand-Saint-Bernard. "Nous avons cherché des endroits où le vent est particulièrement fort, pour pouvoir jouer avec lui", détaille Rémy Bender.
Les appareils sont, au préalable, construits en atelier. "Il faut ensuite les transporter. Ils doivent donc être légers, et facilement déplaçables", reprend le Fulliérain. Ils tenaient absolument à utiliser des matériaux de récupération.
Des bouteilles en pet, des fils de nylon, des cordelettes ont par exemple été recueillis. "Ce sont des objets que nous pourrons trouver sur des marchés là-bas, car nous ne pourrons bien sûr pas tout prendre avec nous", sourit-il.
Des montagnes différentes
Leurs tests ont pu être réalisés en Valais, car il s'agit d'une région montagneuse. Tout comme celle dans laquelle ils se rendront. Les chemins des quatre artistes se sont d'ailleurs croisés lors d'un projet autour de la montagne, rappelle Basile Richon.
"Les Andes et les Alpes possèdent des similitudes, mais les lieux seront malgré tout très différents", relève-t-il. Une part d'inconnu est donc liée à leur projet. "Ce qui est une bonne chose, nous ne pourrons pas tout contrôler. C'est certainement ce dont nous avons le plus hâte - nous sommes très curieux !"
Pour construire l'oeuvre finale, ils vont en effet collaborer avec des artistes boliviens, pour créer une installation en commun. Ce qui était très important pour eux. "Notre travail est lié à un environnement, nous voulons vraiment travailler en immersion, et en apprendre plus sur son histoire et ses légendes", poursuit Basile Richon.
Partir d'une légende
C'est à partir de l'un de ces mythes qu'ils vont produire leur œuvre, dans la Vallée des Animas, ou Vallée des Ames. Celle-ci - qui arbore des aiguilles, "un peu comme les pyramides d'Euseigne, mais en bien plus grand, s'il faut faire une analogie", selon Basile Richon - a la réputation de "chanter". "Le vent s'infiltre dans cet endroit, et selon la légende, produit un son particulier, une sorte de sifflement." D'où son nom, qui sous-entend qu'elle serait habitée.
Basile Richon hausse les épaules. "Mais nous ne savons pas, pour l'instant, ce qui relève du conte. Si cela se trouve, la vallée est silencieuse", sourit-il. Les deux artistes s'en réjouissent : il y aura forcément des surprises.
Pour mener à bien leur projet, le duo formé de Rémy Bender et Basile Richon a reçu une bourse de la fondation de droit privé Pro Helvetia, du canton du Valais et de la ville de Sion.