Le choeur des patoisants fait vivre les dialectes valaisans depuis 10 ans
Le chœur valaisan des patoisants fête ses dix ans. Une chorale qui fait vivre ce patrimoine. Nous avons suivi ses chanteurs, des amoureux du patois, lors d'une répétition. Reportage.

Dix ans pour le chœur valaisan des patoisants. Réuni dans l’optique de chanter dans les différents patois du canton, l’ensemble se produit chaque année lors d'un concert, entièrement en franco-provençal. Cette année, il aura lieu le dimanche 6 avril 2025 à Leytron.
Issus de tous les coins du Valais romand, les membres de la chorale se retrouvent un dimanche sur deux à Sion pour une répétition de plus de deux heures. "La chorale est ouverte à tout le monde et il n'y a pas besoin de parler le patois", avoue Marie Favre, directrice musicale du chœur valaisan des patoisants. Preuve en est, la présidente de la chorale, Bernadette Gross. "J'ai une connaissance scientifique du patois", explique celle qui a collaboré au glossaire du patois de la Suisse romande à Neuchâtel. "Mais, je ne le parle pas", reconnaît-elle. La plupart des chanteurs maîtrisent toutefois la langue, la parlent au quotidien ou du moins l'ont dans l'oreille de manière plus passive.
Dans quel patois chanter ?
Le programme de cette saison musicale met à l'honneur les patois de Nendaz, Leytron, Fully et Trient. Chaque année, le répertoire change pour toucher toutes les régions et les différents dialectes du canton. Les chanteurs locaux sont invités à aider leurs camarades pour la prononciation, l'accent et la tonalité des mots. "Chaque chanteur a envie de prononcer selon son propre patois", résume Bernadette Gross.
Et si le Valais connaît autant de villages que de patois différents, les similitudes existent, assure Jean-Louis Fardel. L'Ayentôt est amoureux du patois. "C'est au final beaucoup de la phonétique", explique le chanteur. "Si on lit lentement, on arrive à déchiffrer", avoue-t-il. Il y a par contre aussi des paroles totalement différentes d'une région à l'autre. "Le patois d'Ayent est par exemple très difficile, car il y a des sonorités qui n'existent pas ailleurs", indique Jean-Louis Fardel. "On a chanté il y a quelques années une pièce d'Isérables, qui a fait transpirer tout le monde", rigole Marie Favre.
Pour la directrice musicale, l'exercice est corsé. "J'ai un tout petit peu le patois dans l'oreille, car mon grand-père le parlait quand j'étais petite, mais je ne le parle pas du tout", avoue Marie Favre. "J'apprends beaucoup au contact des chanteurs", ajoute-t-elle. "Ils me corrigent beaucoup sur la prononciation. Ça donne un chœur avec une dynamique un peu inhabituelle", sourit-elle.
Les chanteurs ont tous à cœur de faire vivre le patois. "On espère ne pas laisser tomber cette belle tradition", souffle Jean-Louis Fardel. L'Ayentôt ne tarit pas d'éloges au sujet du patois. "Cette langue a de la morale", résume-t-il.