«La tisane de fenouil est-elle nocive pour mon bébé ?» Les droguistes face à des clientes inquiètes
Depuis une récente étude qui diabolise la tisane de fenouil, les droguistes se voient souvent interpellés par des femmes enceintes et jeunes mamans inquiètes. S’ils n’ont pas de mot d’ordre, ils optent pour le discours rassurant.
« La tisane de fenouil est-elle vraiment dangereuse pour mon bébé ? » Depuis quelques semaines, cette question est posée régulièrement dans les drogueries du canton.
C’est la conséquence d’une récente étude, relayée par le Chuv, les Hôpitaux universitaires de Genève et la presse, et qui diabolise désormais ce breuvage. La faute à l’estragole, un composé naturellement présent dans le fenouil, qui pourrait s’avérer nocif à des doses élevées.
Discours rassurant
Recommandé depuis des générations aux femmes enceintes et mères allaitantes, le produit fait partie des classiques vendus en droguerie. Forcément, les résultats provoquent des interrogations. « J'ai eu passablement de mamans et futures mamans qui sont venues me voir en quête de conseils », admet Morgane Baur, droguiste à Fully. « Cette étude a engendré une certaine anxiété chez les personnes concernées par l'allaitement. »
La gérante de la droguerie La Centaurée s'emploie donc à rassurer sa clientèle. « Au-delà du principe de précaution, qui peut être justifié, il faut surtout comprendre l'usage qui est fait de cette tisane. La préparation, l'infusion et les autres ingrédients présents dans le produit peuvent aussi jouer un rôle. Alors que dans cette étude, on parle d'un composé isolé et testé à très haute dose. »
Le produit a toujours sa place dans les étals
A Sembrancher, Rosine Darbellay nous reçoit dans sa droguerie, l'Orpin Rose. Avec le même son de cloche que sa consœur. « Loin de moi l'idée d'imposer ou non un produit aux clientes, nous disposons d'alternatives pour celles qui souhaiteraient renoncer à ce breuvage », explique-t-elle. « Mais pour l'heure, cette tisane n'a pas été retirée du marché, ni même étiquetée de manière spéciale pour en souligner les risques. »
Pas de mot d'ordre de la faîtière
Du côté des hôpitaux cantonaux, on s'aligne sur l'Agence européenne des médicaments, qui ne recommande plus la tisane de fenouil. Mais la faîtière des droguistes de Suisse romande n’a pas reçu de mot d’ordre en la matière. Et n’en n’a pas donné non plus à ses membres. « Tous les droguistes avec lesquels je me suis entretenu ont un discours similaire », expose Laurent Bühler, le président de l'association. « Il faut prendre en considération les dosages qui sont incriminés par rapport à une utilisation normale du fenouil. »
Lui-même patron d'une droguerie à St-Imier (BE), il n'a reçu qu'une poignée de demandes de renseignement sur le sujet. « Et toutes sont reparties avec leur tisane », précise-t-il.