Il y a 75 ans, un chanoine valaisan était assassiné en Chine ; retour sur son histoire
Le chanoine valaisan Maurice Tornay a été assassiné il y a 75 ans sur un col entre la Chine et le Tibet indépendant. Ce missionnaire, reconnu comme un homme martyr par l'Eglise, sera célébré ce week-end dans sa commune natale d'Orsières.
Il y a 75 ans, un chanoine valaisan était assassiné à la frontière sino-tibétaine. Le missionnaire Maurice Tornay – parti pour évangéliser le Toit du monde – a été abattu au col du Choula le 11 août 1949 par des lamas, des responsables du pouvoir civil et religieux dans la région.
Né dans le petit hameau de La Rosière, sur la commune d'Orsières, Maurice Tornay vit d'abord une vie paysanne avant d'étudier au collège de Saint-Maurice. Il entre au noviciat du Grand-Saint-Bernard en 1931, et devient chanoine régulier en 1935.
Sollicitée par les missions étrangères de Paris pour envoyer dans l'Himalaya quelques religieux habitués à la vie en montagne, la congrégation du Grand-Saint-Bernard envoie un premier groupe en 1933. Trois ans plus tard, Maurice Tornay part fonder au Tibet un hospice. Ordonné prêtre en 1938 à Hanoï au Vietnam, il dirige un petit séminaire destiné à former le clergé indigène. Nommé curé de la seule paroisse chrétienne du Tibet, le chanoine orserin est en butte à l'hostilité des lamas et expulsé en janvier 1946.
Maurice Tornay cherche en vain des appuis auprès des représentants diplomatiques des pays occidentaux. Il se décide finalement d'aller plaider sa cause auprès du dalaï-lama. En juillet 1949, il se joint à une caravane de marchands en partance pour Lhassa. Après 17 jours, il est contraint de rebrousser chemin, escorté. Arrivé sur le versant chinois du col du Choula, il est abattu avec son serviteur tibétain. Son corps repose dans le jardin de la mission. En juillet 1992, le pape Jean-Paul II reconnaît à Maurice Tornay le titre de martyr de la foi et procède en mai 1993 à sa béatification.
Un chanoine qui inspire encore
Trois-quarts de siècle après son décès, Maurice Tornay inspire toujours. L'actuel curé des paroisses de l'Entremont, Joseph Voutaz, vient d'écrire un livre – "365 jours avec le Bienheureux Maurice Tornay" – qui retrace son parcours. "Maurice Tornay est un compagnon de route, qui m'aide dans mon quotidien de prêtre", raconte Joseph Voutaz. "Il a eu ses joies et ses peines comme moi", ajoute le chanoine.
Depuis son arrivée au Tibet, Maurice Tornay a été traqué sans relâche par les lamas. Dans une dernière lettre adressée à un confrère, il évoque une forme de lassitude. "Il fait part de ses tentations de découragement", précise Joseph Voutaz. "On voit dans sa dernière lettre que ce n'est pas facile pour lui, mais qu'il veut aller jusqu'au bout", admire-t-il. "C'est la démonstration de sa force, d'aller jusqu'au bout, de tout tenter parce que c'était audacieux", ajoute l'ancien conseiller d’État Maurice Tornay, et président de l'association des amis du Bienheureux Maurice Tornay.
L'ancien politicien partage non seulement le même nom et prénom que le chanoine, mais aussi la même origine, le hameau de La Rosière, où sont nés les Tornay. "Il est devenu au fil du temps, de plus en plus présent dans ma vie", explique-t-il.
Un 75e anniversaire haut en couleur
Lors de la béatification de Maurice Tornay, le pape Jean-Paul II a fixé la fête liturgique du nouveau bienheureux au 12 août. Cette année, une célébration sera donnée le 11 août, jour de la mort de Maurice Tornay. La journée commencera par un pèlerinage à La Rosière, suivi d'une messe à l’Église d'Orsières. Le lendemain, jour de la fête liturgique, une messe sera aussi dite à La Rosière cette fois-ci.
Enfin pour clôturer cette année de jubilé, une grande fête solennelle est prévue le 20 octobre 2024, avec notamment plus de 270 chanteurs pour la messe. "Il n'y pas de nostalgie dans notre démarche", insiste le président de l'association du Bienheureux Maurice Tornay. "On ne fête pas simplement les 75 ans de sa mort pour célébrer quelque chose", poursuit l'ancien conseiller d’État. "On veut fêter les 75 ans de sa mort, parce que le message qui nous a apporté tout au long de sa vie, est encore d'actualité", conclut-il.