Cirque au sommet : 12 compagnies françaises exigent des cachets restés impayés
Crans-Montana : proche de la faillite, le festival « Cirque au sommet » s’attire les foudres du monde circassien français. Plus de 10 compagnies dénoncent des spectacles impayés. La somme atteint 140'000 francs. Des poursuites judiciaires sont imminentes.
A Crans-Montana, le festival « Cirque au sommet » est appelé à honorer ses dettes.
Début juin, la direction de l’événement annonce via un communiqué faire l’impasse sur son édition 2024. En cause : de lourdes dettes amassées lors des sept dernières années et qui atteignent aujourd’hui 400'000 francs de créances. "Des solutions sont à l'étude", écrivent-ils, "pour éviter la faillite et revenir en 2025".
Parvenue en France, la nouvelle fait rager. Une dizaine de compagnies françaises en appellent à leur tour à la presse pour crier à l’arnaque : plusieurs de leurs prestations seraient restées impayées. Elles exigent des remboursements de 140'000 euros.
Syndicat français mandaté
Ce montant est avancé - dans un communiqué transmis à Rhône FM - par le syndicat des cirques et compagnies de création et concerne des spectacles réalisés en 2021, 2022 et 2023. Le syndicat dit se battre depuis des mois pour récupérer cet argent. Sans succès.
"Des pourparlers ont été entamés en début d’année", nous révèle Yannis Jean, délégué général du syndicat. "Le tout sous l’égide du Canton et avec la présence de partenaires". Exercice soldé par une fin de non-recevoir. "Ces derniers se sont rapidement dédouanés, les dettes du festival n'étant, selon eux, pas de leur ressort."
Un ultimatum est ensuite lancé, avec une date butoir à la mi-juin. La communication faite par le festival début juin est ainsi vécue comme une goutte de trop. "Avant même de nous répondre, ils (les organisateurs, NDLR) ont préféré s'épancher dans la presse, allant jusqu'à évoquer des possibilités pour 2025, sans parler de notre cas", déplore Yannis Jean, qui pointe du doigt une manœuvre sournoise, "pour nous faire croire qu'en cas de faillite, la faute nous reviendrait."
Que dit l'accusé?
Contacté, le directeur du festival Greg Zavialoff confirme les tensions existantes avec le syndicat et s'excuse pour tous les torts causés aux artistes. "Nous n'avons pas eu les moyens de nos ambitions. Même si cela n'excuse rien, ce ne sont pas les seuls créanciers sur la liste et il faut tout prendre en compte."
Des solutions sont encore à l’étude selon lui pour retrouver une santé et éviter une faillite. "Des contacts se poursuivent avec un potentiel repreneur, mais tout prend du temps", insiste-t-il encore.
Poursuites judiciaires imminentes
Reste que les compagnies lésées ont atteint leurs limites. "Pour certaines, les sommes dues sont supérieures à 50'000 euros, ce qui les plonge dans des situations très critiques", confesse Yannis Jean, qui ajoute avoir fait appel au ministère de la Culture français, "alors que ce ne serait pas à lui d'intervenir."
Le délégué général précise que si le syndicat reste ouvert à la discussion, des contacts sont en cours avec un avocat suisse, pour entamer des démarches judiciaires. "Nous étudions également la possibilité de poursuivre les partenaires, que nous considérons coresponsables de cette situation, puisque parfaitement informés."