Benjamin Roduit se mobilise pour éviter le renvoi de requérants d'asile vers la Croatie
Le conseiller national centriste souhaite éviter le renvoi de requérants d'asile vers la Croatie. Il a pris connaissance du cas de trois Burundais en Valais, dont la demande devrait être traitée par ce pays à cause des accords de Dublin. D'autres parlementaires se sont mobilisés.

Il n’y a pas de problèmes systémiques liés aux renvois de requérants d’asile vers la Croatie. C’est, en substance, la réponse du Conseil fédéral qu’a obtenu ce lundi le conseiller national Benjamin Roduit. Une réponse décevante, pour le Valaisan. "J'avais auparavant déjà pris contact avec le Secrétariat d'Etat aux Migrations (SEM). Le gouvernement ne m'a rien appris de plus, il s'est caché derrière le fonctionnement de son département", regrette le centriste.
Pour comprendre la situation, il faut d'abord poser quelques éléments de contexte. Benjamin Roduit a adressé au gouvernement une question la semaine dernière, après avoir pris connaissance de situations qu'il juge « très problématiques ». Il s'agit de requérants d’asile qui, même si cela met leur santé en péril, risquent un renvoi vers la Croatie. En cause : les accords de Dublin.
Ceux-ci déterminent quel Etat de l'Espace Schengen doit traiter une demande d'asile. Et c'est parfois la Croatie, porte d'entrée classique des requérants d'asile vers l'Europe. Un pays pourtant accusé de violences à la frontière par plusieurs ONG, et d'avoir un système de santé saturé.
Certains leviers
Mais la Suisse dispose de certains leviers pour contourner ce problème. "La Confédération peut, dans certains cas, éviter de renvoyer des requérants d'asile dont la demande devrait être traitée par d'autres pays", explique Benjamin Roduit.
La solution est ce qui s'appelle la clause de souveraineté. Cette clause permet de traiter le cas de certains demandeurs d'asile qui devraient être expulsés vers d'autres pays selon les accords de Dublin, s'il existe un risque pour leur santé.
Un point crucial
C'est justement ce point qui intéresse Benjamin Roduit, en tant que membre de la commission de la santé. "La Confédération considère - peut-être à juste titre - que la Croatie respecte les droits humains, poursuit le centriste. Mais son système de soins est saturé, ce qui est un problème grave pour des requérants d'asile dont l'état de santé n'est pas bon."
Le conseiller national pense notamment à deux requérants d'asile qui viennent du Burundi, dont la presse s'est récemment fait l'écho."J'ai été contacté par une association valaisanne, Droit de Rester Valais, qui m'a appris la situation très problématique de ces personnes", développe Benjamin Roduit. Un état de fait qui a interpelé le politicien. "Derrière ces processus, il y a des personnes en chair en os, qui méritent notre protection", appuie-t-il.
Mettre une certains pression
Et c'est en se penchant sur ces cas qu'il s'est rendu compte que ce n'était pas un problème propre au Valais. "Petit à petit, j'ai échangé avec d'autres parlementaires, et nous nous sommes retrouvés dans les mêmes questions, et le même combat."
Cinq objets ont ainsi été déposés au Parlement, dont la question de Benjamin Roduit. "J'ai choisi de passer par l'heure des questions pour obtenir des informations rapidement, mais ce n'est que le début du processus", assure-t-il.
Le but : faire pression, afin d'obtenir des mesures de la part du Secrétariat d'Etat aux Migrations (SEM). "Il s'agirait soit d'éviter des renvois, soit d'établir une collaboration avec des médecins croates", poursuit-il. Le centriste a déjà eu connaissance de tels échanges - avec le canton de St-Gall par exemple - qui permettent un meilleur suivi de la santé des requérants d'asile qui ont besoin de soins.
Rester les bras croisés
Contactée, l'association Droit de Rester Valais confirme avoir pris contact avec le politicien valaisan. "La situation de ces requérants d'asile en Valais est dramatique, nous ne pouvions pas rester les bras croisés", explique Louise Wehrli, l'une de ces membres. Dans le détail, il s'agit de trois Burundais, dont un mineur. "Or, deux d'entre eux ont actuellement besoin de soins, et risquent d'être traumatisés une nouvelle fois par leur passage en Croatie."
Celle-ci, qui fait aussi partie du mouvement Stop Dublin Croatie, s'est elle-même rendue sur place. Elle a pu se rendre compte de l'ampleur du danger, même si la situation avait déjà été bien documentée, avance-t-elle.
"Les politiques doivent s'emparer de ces questions"
C'est donc cette situation qui a ému Benjamin Roduit. D'autres mouvements citoyens se sont formés dans d'autres cantons de Suisse. "Lorsqu'il y a une telle mobilisation, il est normal que le politique s'empare de ces questions", selon le centriste.
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