Mécontente d'une décision communale, l'UDC Ayent dépose un recours au Conseil d'Etat
L’UDC Ayent-Anzère a déposé un recours auprès du Conseil d’Etat valaisan. Le parti conteste une décision prise fin janvier par le Conseil général.
Le feuilleton continue à Ayent concernant l’adhésion de la commune à l’association forestière du Cône de Thyon. Le 23 janvier 2023, l'assemblée primaire de la bourgeoisie refusait de quitter le triage forestier intercommunal Lienne-Morge pour le Cône de Thyon. Mais moins de 24 heures plus tard, le Conseil général acceptait lui le projet à une courte majorité, 12 voix pour, 10 contre et 2 abstentions. Mécontente de ce revirement, l’UDC Ayent-Anzère – fervente opposante à l’adhésion – a saisi le Conseil d’Etat valaisan et déposé un recours. Dans ce document, dont Rhône FM s’est procuré une copie, le parti demande un nouveau vote au Conseil général et fustige la municipalité.
«Un dossier lacunaire »
Le parti dénonce un dossier lacunaire et l’absence d’informations essentielles telles qu’un rapport financier indépendant et les statuts de la nouvelle structure. L’UDC aurait également souhaité avoir des alternatives à l’adhésion. «La structure Lienne-Morge crée des profits alors que pour moi le Cône de Thyon est quasiment déficitaire. Il fait un bénéfice de mille francs par année», argumente Roman Kudinov, le chef du groupe UDC au Conseil général d’Ayent.
«Ce n’est pas parce que des mots forts sont utilisés qu’ils ont une valeur quelconque.»
Christophe Beney, président de la commune d’Ayent
Le parti agrarien dénonce aussi une décision précipitée. «La décision d’adhérer au Cône de Thyon est sur la table du Conseil communal depuis deux ans. La commission ad hoc a dû délibérer dans un délai de 20 jours. C’est extrêmement court», tance Roman Kudinov. L’UDC estime aussi que la commune est lésée en matière de substance économique dans la nouvelle structure, la part en surface forestière n’ayant pas été retenue dans les calculs de participation. Les quatre partenaires de Lienne-Morge – Ayent, Arbaz, Grimisuat et Savièse – disposent d’un poids d’un tiers dans la nouvelle structure du Cône de Thyon.
La commune droit dans ses bottes
La commune d’Ayent dispose de 30 jours pour donner sa version des faits au Conseil d’Etat. Elle s’est d’ailleurs entourée d’un avocat pour prendre position sur ce recours. «On est très confiant que l’issue soit positive pour la commune d’Ayent», réagit Christophe Beney, le président de commune. L’élu du Centre balaie d’un revers de main les arguments de l’UDC. «Le temps imparti était relativement restreint mais les membres de la commission ad hoc avaient tout le loisir de convoquer la gouvernance et la direction du triage forestier pour obtenir les informations nécessaires.» Dans son recours, l’UDC dénonce une violation claire des droits des commissionnaires et des conseillers généraux. «Ce n’est pas parce que des mots forts sont utilisés qu’ils ont une valeur quelconque», poursuit Christophe Beney, qui regrette l’attitude du groupe UDC. Selon lui, le parti agrarien n’arrive tout simplement pas à accepter sa défaite au Conseil général. «On ne peut pas parler de grand moment de démocratie quand la bourgeoisie refuse l’adhésion au Cône de Thyon et le lendemain parler de déni de démocratie quand le Conseil général, légitimement élu, accepte cette adhésion. Ça met en exergue la manière de fonctionner de l’UDC dans ce dossier.»
Conflit d’intérêt à l’UDC?
L’UDC Ayent-Anzère est aussi accusée de conflit d’intérêt. Il se trouve que son président, Donald Moos, aussi président de l’UDC du Valais romand, gère depuis des années avec sa fiduciaire les comptes du triage forestier Lienne-Morge. «Lors de l’assemblée de la bourgeoisie, Monsieur Moos a annoncé tout de suite qu’il était en charge des comptes Lienne-Morge. De cette manière, tout le monde le savait», réplique Roman Kudinov.
Ce dossier d’adhésion au Cône de Thyon devrait encore apporter son lot de rebondissements. Outre le recours au Conseil d’Etat, l’UDC envisage de lancer un référendum.