Du nouveau du côté de la nécropole préhistorique de Savièse
Voilà un peu plus d'un an qu'une nécropole vieille d'environ 4000 ans a été découverte à Savièse. Et depuis les fouilles de l'année passée, de nouvelles conclusions ont pu être tirées par l'Office cantonal d'Archéologie.
En août 2022, une villa devait être construite au lieu-dit les Mouresses à Savièse. Mais la découverte d'une nécropole datant d'environ 2000 ans av. J.-C. avait repoussé le début des travaux. Depuis, les fouilles sont terminées et la villa a pu être construite, explique Caroline Brunetti, archéologue cantonale. Au total, 21 tombes comportant ossements et objets de tous types ont été trouvés sur place, précise-t-elle.
"C'est une petite période de transition qui voit apparaître dans nos régions cette maîtrise du métal qui change notablement toute l'activité humaine"Caroline Brunetti, archéologue cantonale
Cette découverte a permis à l'Office cantonal d'Archéologie de tirer de nouvelles conclusions, notamment pour ce qui est de la période réelle d'utilisation de ladite nécropole. Selon Caroline Brunetti, les pratiques d'inhumations utilisées à l'époque jonglent entre deux périodes bien distinctes de l'histoire. La manière d'enterrer les morts ressemblait à celle utilisée au Néolithique. Mais les objets qui se trouvaient dans les tombes font penser à une période plus récente, l'âge du cuivre. Il s'agit d'une sorte d'inadéquation entre la forme du coffre qui contient les individus et le type d'objets qui s'y trouvaient, résume Caroline Brunetti.
Une période de transition
Les retombées de cette découverte ne doivent d'ailleurs pas être négligées, selon elle. "Ça va nous permettre de régler un point chronologique d'importance, celui de la transition entre périodes", précise cette dernière. Et d'ajouter : "Parce que les objets sont en cuivre. Ce n'est pas encore la technologie du bronze, mais une petite période de transition qui voit apparaître dans nos régions cette maîtrise du métal qui change notablement toute l'activité humaine".
L'anthropologue de l'entreprise InSitu Archéologie Julie Debard abonde dans ce sens. Selon elle, connaître avec plus de précision la période qui a vu ces êtres humains fouler le sol saviésan est quelque chose d'exceptionnel. "Ça nous montre qu'on est dans une période de transition. C'est le chaînon qui nous manquait et qu'on ne connaît pas bien, ni en Valais, ni en Suisse".
Des zones favorables à l'installation
Outre la découverte de cette période de transition, l'archéologue cantonale a aussi pu s'intéresser aux raisons qui ont poussé ces peuples à s'installer dans la zone. Des raisons qui ne sont pas si éloignées de celles que nous pourrions avoir encore aujourd'hui, explique Caroline Brunetti : "Ce qu'il faut savoir, c'est que la plupart du temps, les zones qui étaient favorables à l'installation dès le Néolithique sont encore favorables aujourd'hui". A la différence près qu'à l'époque, les humains faisaient encore plus attention aux ressources à proximité : eau, zones abritées, ensoleillement, etc. "Je pense qu'ils faisaient peut-être plus attention aux éléments et aux dangers naturels", ajoute l'archéologue.
Caroline Brunetti va plus loin dans son raisonnement : "Les nécropoles sont souvent à proximité des voies qui conduisent à l'habitat". Et si à ce jour, aucune habitation n'a été découverte à proximité de la nécropole, l'Office cantonal d'Archéologie souhaite malgré tout continuer de surveiller la zone, à l'avenir, explique la spécialiste.