Val de Bagnes : la présence d'une ancienne décharge a amplifié les laves torrentielles
Une ancienne décharge vieille de plus de 70 ans est à l'origine de l'ampleur des laves torrentielles dans le Haut Val de Bagnes. Plusieurs facteurs ont amené à la catastrophe.

Polémique autour des laves torrentielles du Haut Val de Bagnes. Une ancienne décharge a amplifié les coulées. Vieille de plus de 70 ans, l'ancienne décharge de Sarreyer a servi à entreposer des matériaux issus de l'excavation de galeries souterraines. Située dans le torrent du Fregnoley, elle s'est détachée le mercredi 3 juillet, quelques jours après les fortes crues du Rhône et des cours d'eau latéraux. "La première lave torrentielle est partie alors qu'il n'y avait pas d'orages", explique Guillaume Favre-Bulle, ingénieur au Service des dangers naturels du canton du Valais.
Plusieurs facteurs ont amené à cet accident. Les fortes précipitations des jours précédents et la fonte des neiges a provoqué une première lave torrentielle, qui a obstrué une prise d'eau des Forces Motrices de Mauvoisin. L'eau s'est alors évacuée dans un dépotoir avant de rapidement se déverser dans l'ancienne décharge, qui s'est érodée en plusieurs fois. "Environ chaque 30 secondes, chaque minute, une nouvelle vague de boue dévalait le torrent", détaille Guillaume Favre-Bulle. Sans cette érosion progressive, les dégâts dans le village de Champsec auraient pu être dramatiques. "On comprenait ce qu'il se passait", assure Guillaume Favre-Bulle.Au total, 150'000 m³ de gravats ont dévalé le torrent du Fregnoley en moins de 24 heures, soit la totalité du contenu de la décharge. Contactée, la commune de Val de Bagnes ne souhaite pas s'exprimer à ce stade sur la décharge. Elle nous a toutefois confirmé par écrit : "l'ensemble du remblai de matériaux d'excavation propre a été emporté par les laves torrentielles et il n'en reste rien".
Des travaux de stabilisation
Depuis quelques heures, les laves torrentielles sont devenues moins importantes. Quelques coulées se sont encore déclenchées dans la nuit de mardi à mercredi. Dans la vallée, les travaux de construction et de renforcement des digues se poursuivent à la hauteur des Epenays et du Fregnoley. Neuf machines travaillent d'arrache-pied, selon le site de la commune de Val de Bagnes.
Les autorités tentent aussi de sécuriser le versant, toujours fragile. "Les quantités d'eau sur les hauts du départ du sinistre sont toujours conséquentes", appuie la commune. Les observations menées sur le versant ont permis de constater des fissures sur le terrain. "On a maintenant des antennes GPS et chaque heure, on mesure le point GPS pour voir le déplacement de l'antenne", explique Guillaume Favre-Bulle. Un relevé au laser de toute la zone est aussi en cours pour comparer les déplacements du terrain.
Les géologues ont aussi détourné, tant que faire se peut, l'eau de ce versant. "On a mis le maximum d'eau dans les bisses pour éviter que l'eau arrive dans le torrent", indique Guillaume Favre-Bulle. "Malheureusement, on ne peut pas déplacer l'eau dans le torrent d'à côté, parce qu'on risque de recréer des laves torrentielles", ajoute-t-il. "On doit un peu subir le débit de ce torrent jusqu'à ce que la fonte de la neige soit terminée, ce qui devrait être le cas ces prochains jours", espère l'ingénieur du canton.