Une première en Valais : deux psychologues intègrent les rangs de la police cantonale
C'est une grande première dans l'histoire de la police cantonale valaisanne : deux psychologues ont été embauchées début décembre pour appuyer les forces de l'ordre du canton. Quel sera leur job, leur mission ? On vous dit tout.
Elles sont deux. Deux femmes psychologues font leur entrée au sein de la police cantonale valaisanne. Elle ont commencé leur mission début décembre, voici une semaine.
A l'origine, une volonté politique. "Tout est parti d'un postulat déposé en 2019 au Grand Conseil valaisan", explique le lieutenant-colonel Alexandre Praz, Adjoint du commandant de la Police cantonale. Postulat qui demandait la création d'un service de psychologie intégré au corps de police.
"Tout est parti d'un postulat déposé en 2019 au Grand Conseil valaisan"Alexandre Praz, Adjoint du commandant de la Police cantonale
Le postulat est accepté par le Parlement en mars 2019. Près de trois ans plus tard, ça y est. "Le 1er décembre dernier, nous avons engagé deux psychologues sur un système de job sharing. C'est à dire deux personnes pour un équivalent plein temps", poursuit Alexandre Praz. Deux psychologues reconnues.
-Seraphina Zurbriggen est responsable du secteur haut-valaisan, avec un taux d'activité de 20%.
-Carine Clivaz Varone est embauchée à hauteur de 80%, en charge de la partie romande du canton.
"Les policiers sont régulièrement confrontées à des situations dramatiques, des situations qui peuvent faire perdre une certaine forme d'optimisme dans la nature humaine" Carine Clivaz Varone, psychologue de la police cantonale
Quel sera la fonction de ce tout nouveau service psychologique de la police cantonale valaisanne ? On fait le point :
1. Soutien aux agents
Le rôle principal du psychologue, l'écoute. "L'objectif est de permettre aux agents de mener à bien leur travail dans les meilleures conditions possibles. Maintenir l'humanité du policier au-delà de la difficulté de son travail", explique Carine Clivaz Varone au micro de Rhône FM. "Ces personnes sont régulièrement confrontées à des situations dramatiques, des situations qui peuvent faire perdre une certaine forme d'optimisme dans la nature humaine."
"Il est vrai que certains collègues ont vécu des situations personnelles difficiles après certaines interventions" Alexandre Praz, Adjoint du commandant de la Police cantonale
Le lieutenant-colonel Praz confirme : "Il est vrai que certains collègues à l'époque ont vécu des situations personnelles difficiles après certaines interventions (…) Je pense que s'ils avaient été pris en charge immédiatement avec un soutien psychologique, peut-être que les choses ne se seraient peut-être pas passées comme cela."
2. Encadrer les debriefeurs
Autre mission : superviser la cellule des debriefeurs, ces agents qui ont une formation spécifique pour parler avec leurs collègues en cas de coup dur. Des agents "comme les autres", prêts à écouter. Ils sont au nombre de huit au sein de la cantonale.
3. L'appui lors de négociations
Les psychologues seront également appelés en appui des négociateurs de la police. "Lors d'interventions sensibles, il faut pouvoir évaluer le potentiel de la personne menaçante, son risque de passage à l'acte", explique Alexandre Praz.
Carine Clivaz Varone poursuit: "Il faut essayer de déterminer la personnalité de l’individu et ainsi évaluer l'angle d'approche à favoriser. Certaines thématiques devront être abordées, d'autres pas. Des questions telles que : faut-il un agent féminin ou plutôt masculin pour parler avec cet individu, quelles sont les sujets sensibles à ne pas aborder ?"
4. Evalutation des nouvelles recrues
On notera enfin le rôle à jouer dans le domaine des ressources humaines. "Il faudra nous aider à comprendre chaque situation personnelle, comme par exemple lors d'absences longue durée", explique Alexandre Praz. Les psychologues seront aussi impliquées au moment des embauches. "En fin de processus de sélection des aspirants, un entretien se fera systématiquement avec la psychologue", explique Carine Clivaz Varone. "Il s'agira de vérifier la personnalité, les antécédents personnels. S'assurer qu'il n'y ait pas dans l'histoire de vie de l'aspirant quelque chose de non digéré qu'il faudrait prendre en considération."
Ci-dessous, nous vous proposons d'écouter notre reportage :
Avec plus de 20 ans de métier, le lieutenant-colonel Alexandre Praz "en a vu" comme on dit. L'homme est pudique, rechigne à fendre la carapace. Il est vrai, dit-il simplement, que le métier est parfois difficile. Il se remémore des instants, des moments où l'émotion était forte. Ici, pas de sang, pas de cris. Il est question de sonnette. Une simple sonnette. Derrière la porte, les parents à qui l'on va annoncer une terrible nouvelle. Peut-on attendre encore un peu, juste un peu, avant de sonner ? Ecoutez son témoignage.
Alexandre Praz revient également sur l'évolution des mentalités. Les hommes d'avant ne parlaient pas. Mais pourtant, parfois, ils se confiaient. On retrouve l'adjoint adjoint du commandant de la Police cantonale.