Trophée du St-Bernard vs ONG environnementales: l'exploitation de la montagne pose question
Organisateurs d’évènements sportifs et associations environnementales se livrent une bataille idéologique.
Organisateurs d’évènements sportifs et associations environnementales se livrent une bataille idéologique. Ils ont en commun leur amour de la nature, mais ne s’entendent vraiment pas sur les façons d’en profiter. Plusieurs ONG veulent empêcher certains évènements sportifs sur des terrains protégés.
La semaine dernière, le WWF, Pro Natura et Mountain Wilderness ont adressé un recours au Conseil d’Etat valaisan contre la tenue du Trophée du St-Bernard, une course de ski alpinisme. Cette course n’est pas la seule visée, car c’est contre la multiplication de nouvelles épreuves que se battent les associations environnementales. L’apparition de trails et d’épreuves en tout genre, cause, selon ces organisations une utilisation nouvelle et non-contrôlée de certains territoires protégés. Dans le cas du Trophée du St-Bernard, c’est la tenue de la course dans un « district franc fédéral », qui pose problème. Marie Thérèse Sangra, secrétaire régionale de WWF Valais précise : « Dans ces zones, on essaie de concentrer les passages de randonneurs ou sportifs dans les itinéraires déjà existants. Or, ce n’est pas ce qui s’est produit dans cette course. De plus l’usage de drones pose problème car cela constitue un dérangement pour la faune. » De leur côté, les organisateurs du Trophée du St-Bernard ne cachent pas leur étonnement suite aux divers rebondissements. Responsable du parcours et spécialiste de ski alpinisme, Marcel Theux parle d’un bon compromis. « Nous sommes aussi sensibles la problématique du respect de la nature. Mais au lieu d’interdire les manifestations, il convient de dialoguer. »
Des autorisations contestées
La distinction est nécessaire. Si elles estiment que l’apparition de nouvelles épreuves sur des zones protégées représente globalement un mauvais message, les organisations environnementales n’en veulent pas directement aux organisateurs d’évènements. Elles contestent surtout les autorisations délivrées par le canton du Valais et ses services. Autre exemple avec le défi de Derborence, un duathlon qui mêle vélo et course à pied. Après une première édition en 2019, les organisateurs ont dû revoir leurs plans et reporter l’édition 2020. Confronté à ces problèmes d’autorisation, le président du comité du Défi de Derborence, Bernard Mayencourt, prône une discussion plus importante entre les ONG environnementales et les organisateurs d’évènements sportifs. Il ajoute. « Lors de la première édition du Défi de Derborence, nous avons eu un dialogue constructif avec Pro Natura. Nous sommes désormais dans l’attente de futures autorisations et espérons pouvoir revenir en 2021. » Plus globalement, les ONG demandent aux pouvoirs publics de mieux réglementer l’accès aux zones protégées. Dans cette optique, les associations participent activement à un groupe de travail cantonal sur ce sujet.