Quelles chances de survie pour le vignoble valaisan face aux changements climatiques?
Aura-t-on toujours du vin valaisan dans deux cents ans? Avec les changements climatiques, la question se pose sérieusement. Si pour l'instant, les modifications météorologiques sont plutôt positives à la culture de la vigne, pas dit que ce sera toujours le cas dans quelques siècles. Nos cépages historiques ont néanmoins de bonnes chances de survie.
Les cépages ne réagiront pas tous de la même manière face au changement climatique. Les précoces, par exemple, pourraient être les premiers à passer à la trappe. Dans cette catégorie, on peut citer le Gamay, le Pinot noir ou encore le Riesling Sylvaner, qui n'est plus beaucoup cultivé en Valais.
Des vignes de Gamay remplacées par du Cornalin. Peut-être bientôt une réalité
C'est particulièrement sur les coteaux les plus exposés qu'il y aura de la casse, prédisent les spécialistes. «Les vins de ces régions auront probablement une maturation déséquilibrée: ils seront trop riches en sucre et donneront des vins trop alcoolisés, explique Jean-Philippe Burdet, professeur de viticulture et de protection de la vigne à l’école de Changin sur le canton de Vaud. Dans certaines zones, ils seront peut-être remplacés par d’autres cépages plus tardifs comme l’Humagne rouge ou le Cornalin, voire même d’autres nouveaux cépages qui se comporteront mieux dans ce genre de climat.»
Le vignoble valaisan a pourtant pas mal d'atouts face aux changements climatiques puisque qu'il peut par exemple jouer sur l'altitude des vignes. D’autres éléments, comme l’ancienneté d’un cépage et son nombre de clones pourraient bien jouer un rôle. «L’avantage des cépages historiques, c’est qu’au fil des siècles, ils ont développé une grande diversité, explique le spécialiste en cépages et généticien José Vouillamoz. Lors du bouturage, il y a parfois des accidents, des mutations. Certaines de ces mutations ont des impacts spéctaculaires sur le cépage: de plus grandes grappes, une meilleure résistance à telle ou telle maladie, davantage d’acidité, etc. Alors plus le cépage est ancien, plus le nombre de clones est important et donc plus il sera susceptible de supporter les changements climatiques.»
Des ciseaux génétiques contre les problèmes climatiques
Mais ce qui pourrait être salvateur, ce sont les modifications génétiques, selon le spécialiste. Les chercheurs ont mis en place des sortes de ciseaux génétiques qui permettent de séquencer l’ADN et d’en choisir les parties les plus résistantes. Cette technique n'est pas catégorisée comme OGM pour l'instant, selon le généticien. Et si cette technologie est intéressante selon lui, il n'en reste pas moins qu'il s'inquiète: si tout le monde veut le même clone résistant d'un même cépage, cela engendrerait une perte de biodiversité. Et comme expliqué plus haut, le nombre de clones est un facteur qui rend également la vigne plus adaptable aux différents changements climatiques.