Les steaks et autres produits végétaux bientôt interdits de publicité en Valais ?
Des députés valaisans veulent interdire en Valais la publicité utilisant des termes comme "steak" pour nommer des denrées sans viande. Ils estiment que la publicité pour ces produits trompe les consommateurs et dévalorise la filière animale.
Les termes "saucisses", "steak", "jambon" et "filets" sont aujourd'hui utilisés à toutes les sauces. Et cela ne plaît pas à plusieurs députés valaisans, issus des rangs de l'UDC, du Centre et du PLR. Ils ont déposé au Grand Conseil une motion pour interdire la publicité utilisant des produits d'origines animales pour nommer des denrées sans viande. "Les bons termes pour les bons usages", résume Grégory Logean, chef du groupe UDC au Parlement cantonal et coauteur de la motion. "Le steak est un steak", poursuit le député. "Ce sont des termes clairement identifiés à la boucherie". Il se base d'ailleurs sur le dictionnaire pour appuyer ses propos. "Le steak est associé à une tranche de viande grillée", argumente le président d'Hérémence.
Dans leur texte, les motionnaires dénoncent l'utilisation de ces termes par l'industrie des produits à base de végétaux pour tromper les consommateurs. "Cette industrie essaie d'utiliser la notoriété de la viande pour augmenter ses ventes", torpille-t-il. "Il ne s'agit pas d'obliger tout le monde à manger de la viande", rassure Grégory Logean.
Une attaque contre la filière animale
Le but de la motion vise aussi à apporter un soutien à la filière animale. Les auteurs de la motion estiment que l'utilisation abusive de ces termes de boucherie dévalorise le travail des agriculteurs et des bouchers. En filigrane, Grégory Logean dénonce des attaques perpétuelles contre toute une filière. "C'est une lame de fond qui vise aujourd'hui à s'attaquer à l'agriculture de montagne, à la filière animale et à la consommation de viande", regrette l'Hérémensard. "Si on souhaite faire un produit alimentaire à base de soja, il faut lui trouver la dénomination adéquate", ajoute-t-il.
L'adaptation législative, voulue par les motionnaires, doit permettre d'établir une liste des dénominations dont l'usage de la publicité en Valais serait réservé uniquement aux produits d'origines animales.
Une interdiction pure et simple des termes ?
Si les députés valaisans demandent uniquement une interdiction de la publicité, c'est pour une raison de champs de compétences. Le Grand Conseil peut uniquement intervenir sur la publicité. Au niveau fédéral, une proposition similaire est à l'étude, mais pour interdire purement et simplement l'usage des termes. "Le droit fédéral règle dans le droit alimentaire ce qui est possible comme appellation ou non au niveau des dénominations", explique Grégory Logean. "Il est question au niveau fédéral de dire si on peut ou non utiliser sur les emballages ces dénominations-là", poursuit-il. Le Valais est déjà intervenu sur ces questions de publicité sur son territoire, notamment en lien avec le tabac.
En France, le Gouvernement d'Emmanuel Macron, a récemment décrété l'interdiction des termes de boucherie pour l'industrie des produits à base de végétaux. Mais, le décret a été suspendu par une décision de la Cour européenne de justice. Un État ne peut interdire l’utilisation de termes visant à désigner le produit, a justifié la justice européenne.
La motion de Grégory Logean et consorts sera traitée au Grand Conseil lors de la session de décembre 2024.