Le Valais et les JO d'été (4/5): Robert Dill-Bundi, meilleur que les "soldats" sovétiques
Suite de notre série consacrée aux JO d’été. Honneur aujourd’hui à l’unique Valaisan à y avoir remporté un titre. Le cycliste Robert Dill-Bundi, en 1980. Il a obtenu l’or en poursuite. Un sacre que le Chippiard a vécu à Moscou, en pleine Guerre froide.
Quand Robert Dill-Bundi débarque en Russie en juillet 1980, il est sur le point de disputer ses deuxièmes joutes olympiques. Les premières, ils les avaient vécus quatre ans plus tôt, à Montréal. Et c’est peu dire qu’elles n’avaient pas été couronnées de succès.
Des premiers JO ratés à Montréal
Pourtant, le Chippiard, alors âgé de 18 ans, était double champion du monde junior de poursuite. Ses entraineurs lui avaient fixé comme objectif la victoire finale. Sans se rendre compte des difficultés, comme le souligne Robert Dill-Bundi dans un langage bien fleuri qui le caractérise: «Ces enfoirés ne savaient pas à quel point c’était difficile, pour un jeune comme moi qui avait beaucoup d’ambition mais pas d’expérience, de gagner les Jeux Olympiques. Je me suis fait rattraper par le futur champion olympique en qualification. J’étais tellement déçu que j’hésitais à arrêter le vélo.»
Prêt à «massacrer» son adversaire
Robert Dill-Bundi n’arrête finalement pas le vélo et revient quatre ans plus tard. Avec le même objectif, mais mieux préparé. «J’étais psychologiquement préparé différemment de Montréal. En finale, mon adversaire français Alain Bondue, je voulais le massacrer. Je n’étais pas au départ comme à Montréal, où j’étais certes motivé à gagner. Mais au Canada, les dix secondes avant le départ, j’ai ressenti une grande solitude. J’étais désemparé.»
«Il faut combattre l’adversaire avant de combattre le titre.» Robert Dill-Bundi
A Moscou, il remporte l’or olympique. Robert Dill-Bundi se prouve ainsi à lui-même qu’il fait partie des gagnants. «Si tu gagnes, tu gagnes. Et si tu perds, tu fais partie des perdants. Et le pire c’est qu’à Montréal, je pensais faire partie des gagnants. Mais pour cela, il faut être motivé et sûr de soi. Il faut combattre l’adversaire avant de combattre le titre.»
Robert Dill-Bundi est aujourd’hui âgé de 61 ans. Il en avait 21 quand il est devenu champion olympique
«Tous les sportifs, même les Américains, voulaient se rendre à Moscou. En Suisse, ça s’est joué à deux voix… heureusement positives.» Robert Dill-Bundi
Le titre, il l’obtiendra. Dans un contexte politique tendu puisque nous sommes, en 1980, en pleine Guerre froide. Les USA et ses alliés avaient d’ailleurs décidé de boycotter ses JO moscovites. En Suisse, Robert Dill-Bundi se souvient d’avoir dû patienter jusqu’au dernier moment pour savoir s’il partait ou non pour la Russie. «La Suisse hésitait à s’y rendre ou non. Tous les sportifs, même les Américains, voulaient se rendre à Moscou. Mais la politique en a décidé autrement. En Suisse, ça s’est joué à deux voix… heureusement positives.»
«Ce n’était pas agréable, mais c’était motivant d’aller battre ces soldats soviétiques.» Robert Dill-Bundi
Une fois sur le sol russe, il découvre un monde à l’ambiance particulière. «Elle était aussi froide que le pays. En se rendant à Moscou, on avait l’honneur d’aller courir dans un pays de l’Est pendant cette Guerre froide. C’était pas agréable, mais c’était motivant d’aller battre ces soldats. Parce que pour nous, ils étaient des soldats.»
Des soldats que Robert Dill-Bundi allait battre pour obtenir la médaille d’or en poursuite. Un titre qui reste à ce jour l’unique remporté par un Valaisan à des JO d’été.
Le Valais et les JO d'été – notre série
Guy Evéquoz, le premier médaillé
Jean-Blaise Evéquoz, un peintre médaillé
Sophie Lamon médaillée à l'âge de 15 ans
Robert Dill-Bundi, meilleur que les "soldats" sovétiques
Lucas Malcotti rêve d'imiter ses prédécesseurs