Le projet de stockage de gaz dans le massif du Grimsel dans le Haut-Valais va de l'avant
Les montagnes valaisannes sont décidément convoitées en matière d'énergie. Après le coup d’accélérateur pour les infrastructures solaires alpines, au tour des projets de stockage de gaz naturel d’aller de l’avant. Parmi eux : celui imaginé au cœur du massif du Grimsel, dans la vallée de Conches.
La Confédération accélère ses procédures en matière de stockage de gaz en Suisse. Parmi ces projets, celui dans la région d’Oberwald, dans la vallée de Conches qui prévoit un réservoir dans le massif rocheux du Grimsel.
La première mise en service du projet n’est pas prévue avant 2030 au moins. Mais le dossier haut-valaisan avance, selon Gaznat, responsable de l’approvisionnement pour la Suisse occidentale. «C'est clair, avec la crise énergétique que nous vivons et avec les grandes questions d'approvisionnement non seulement en électricité, mais également au niveau du gaz, l'intérêt est plus marqué pour du stockage indigène», analyse René Bautz, directeur de l'entreprise veveysanne. Il faut dire que notre pays n'a pas de grand réservoir saisonnier. «Nous stockons essentiellement à l'étranger. Pour Gaznat, surtout en France», précise le gestionnaire en gaz.
«L'intérêt est plus marqué pour du stockage de gaz en Suisse.»
René Bautz, directeur de Gaznat.
Plusieurs étapes avant une autorisation
Le sujet est d'importance fédérale, affirme René Bautz. Le projet haut-valaisan fait donc l'objet d'un rapport de l'Office fédéral de l'énergie sorti à la fin de l'année dernière. La Confédération précise que «plusieurs étapes doivent encore être franchies avant qu'il ne soit effectivement mis en service». Des études géologiques détaillées ainsi qu'une conception concrète de la cavité devront par exemple être effectuées avant qu'une procédure d'autorisation de construire puisse être envisagée.
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Si la compétence est fédérale, le Canton sera néanmoins consulté dans ce projet. Et pour Joël Fournier, chef du Service valaisan de l’énergie, l’infrastructure pourrait participer à la transition écologique espérée. Selon lui pourtant, elle devrait encore passer un certain nombre de tests. « Il y a d'abord des questions de temporalité, explique le spécialiste. Dans l'immédiat, une telle infrastructure ne fait pas sens, sachant que nous voulons sortir des énergies fossiles (y compris le gaz naturel).»
Une perspective à long terme
Dans une dizaine d'années par contre, les besoins seront différents, dit-il. «L'objectif est de pouvoir stocker le surplus d'énergie produite en été et la réutiliser l'hiver, précise-t-il. Les technologies permettent de transformer cette électricité en gaz. Ce gaz pourrait ainsi être gardé dans des réservoirs du genre de celui imaginé à Oberwald. Mais c'est une perspective à longue échéance.»
«Nous ne sommes pas prêts d'avoir trop d'électricité pour produire des gaz ou des liquides de synthèse.»
Joël Fournier, chef du Service de l'énergie et des forces hydrauliques
En effet, selon Joël Fournier, la transformation de cette énergie solaire en gaz de synthèse par exemple nécessite beaucoup d'électricité. « Dans l'intervalle, nous devons donc d'abord sortir de l'énergie nucléaire, remplacer les chauffages à énergie fossile en pompe à chaleur ou encore remplacer les véhicules thermiques par des véhicules électriques. Conclusion: nous ne sommes pas prêts d'avoir trop d'électricité pour produire des gaz ou des liquides de synthèse.» À long terme, il affirme que c'est donc important. «Mais à court terme, ce n'est pas le projet sur lequel il faut se précipiter.»
Impact sur l'environnement?
Reste qu'entre les projets d'installations solaires alpines et ce réservoir au cœur du massif du Grimsel, la montagne valaisanne est convoitée de toute part en matière d'approvisionnement énergétique. Avec quelles conséquences sur le paysage et l'environnement? « Notre technologie de cavité rocheuse prévoit une infrastructure totalement enterrée, répond René Bautz. Au niveau visuel en tous cas, il y aurait très peu d'impact. C'est aussi notre objectif.» Le directeur de Gaznat précise que les organisations environnementales ont été avisées du projet, mais qu'il est encore trop tôt pour se positionner en la matière.
«Oberwald est un endroit stratégique entre un axe nord-sud qui descend de l'Allemagne vers l'Italie en passant par le Valais.»
Joël Fournier, chef du Service de l'énergie et des forces hydrauliques
Le lieu choisi par Gaznat pour ce projet de stockage fait sens, selon le chef du Service, puisqu'il est à proximité immédiate du gazoduc qui traverse toute la vallée du Rhône. «C'est un endroit stratégique entre un axe nord-sud qui descend de l'Allemagne vers l'Italie en passant par le Valais.» Il confirme l'affirmation du directeur de Gaznat: l'impact devrait être très limité en termes d'aspect visuel.
Par contre, pour lui, la situation est différente lorsque l'on parle de parcs solaires alpins. « Pour faire la transition énergétique, il faut accepter certains impacts sur notre territoire. Jusqu'à maintenant, on les a externalisés en allant chercher du pétrole, du gaz ou de l'uranium dans d'autres pays en préservant notre territoire. Je pense que ce n'est pas très responsable. Il faut que nous assumions les conséquences de notre consommation.»