Le Parlement valaisan envisage une aide aux firmes sinistrées par les intempéries
L’Etat du Valais pourrait cautionner des prêts pouvant atteindre 100 millions pour aider les entreprises touchées par le débordement du Rhône en juin dernier dans le secteur de Sierre-Chippis. Il a en revanche refusé un postulat demandant la création d'un Fonds cantonal d'aide aux victimes.
La décision a été prise par 117 voix contre 10 ce mercredi. Le débat de détail aura lieu lors de la session de novembre. Si les groupes se sont accordés sur l'importance de ce dispositif, demandé par le fabricant d'aluminium Novelis, plusieurs propositions de modifications du texte ont d'ores et déjà été annoncées.
Via ce décret, limité dans le temps, le Conseil d'Etat propose un soutien sous forme de prêts. Le cautionnement sert à couvrir la période durant laquelle les liquidités font défaut, en raison des démarches à entreprendre auprès des assurances jusqu’à l’obtention des dédommagements, a répété Christophe Darbellay, en charge de l'économie.
Il a appelé le Parlement à "sauver la maison" pour que l'activité reprenne, que les PME valaisannes en lien avec Novelis puissent être payées et que la confiance des acheteurs, des groupes comme Porsche et Land Rover, revienne sur le site. Les premiers signaux sont positifs", a-t-il fait savoir.
Intérêts des prêts estimés à 3 millions
Tous les groupes sont entrés en matière, sauf les Vert-e-s qui ne s'opposaient pas au décret mais regrettaient que les délais légaux n'aient pas été respectés pour ajouter cet objet à l'ordre du jour. "Le débat de détail aura de toute façon lieu en novembre. Il ne faut pas faire croire à Novelis que l'entreprise recevra de l'aide dès demain", a souligné la formation.
Le décret préparé par le Conseil d'Etat propose également de prendre en charge les intérêts de ces prêts, estimés à environ 3 millions de francs. Ce point a rencontré plusieurs critiques, notamment du PLR estimant qu'il s'apparentait à une "reconnaissance de responsabilité". "Non, a assuré Christophe Darbellay, ce n'est pas une contrepartie".
La mise en place ou non de sanctions en cas de non-respect des termes du décret doit encore être discutée. De même que la question des conditions à respecter notamment liées au maintien des emplois en Valais, ou encore celle des firmes qui pourraient prétendre à cette aide.
Pas d'aide aux victimes
Le Grand Conseil valaisan a en revanche refusé un postulat interpartis demandant la création d'un Fonds cantonal d'aide aux victimes des intempéries de l'été 2024.
La création d'un Fonds cantonal avait pour but d'aider privés, entreprises et collectivités publiques. "Il est du devoir de notre canton de soutenir les victimes de cette catastrophe naturelle", ont souligné les auteurs du texte issus des rangs du PS, du PLR, du Centre et de l'UDC.
Pour le Conseil d'Etat, des mécanismes d'indemnisation des dommages pour les particuliers existent déjà. "Il faut d'abord utiliser tous les outils de soutien avant d'en créer de nouveaux", a répondu le conseiller d'Etat Roberto Schmidt.
Actuellement, il est possible de recourir aux assurances, au fonds suisse de secours pour les dommages non assurables, au fonds cantonal et à l'aide des organismes, comme la Chaîne du Bohneur, la Croix-Rouge ou Caritas, a-t-il listé. Les entreprises peuvent, elles, recourir aux RHT ou aux prêts octroyés par le Centre de cautionnement et de financement (CCF).
"Si à la fin, certains dégâts ne sont toujours pas couverts, que des situations extrêmes devaient subsister, alors on pourra en reparler. Le Conseil d'Etat veut aider toutes les victimes de ces intempéries", a encore assuré Roberto Schmidt. Le plénum l'a suivi par 69 voix contre 59.
Aide immédiate d'urgence
Le Grand Conseil a, toutefois, accepté par 109 voix contre 13 et 1 abstention un autre postulat interpartis portés par des élus du district de Sierre. Le texte demande au Conseil d'Etat de débloquer une aide immédiate d'urgence d'au minimum 4 millions de francs pour débarrasser le limon apporté par le Rhône. Ce limon, qui engendre de la poussière désagréable et pénètre partout, "doit être évacué".
Les assurances ne prennent en charge que le déblaiement un mètre autour de la maison. Le reste de la parcelle est à la charge des habitants, déplorent les signataires issus du Centre, de l'UDC, des Vert-e-s et du PLR. "Un propriétaire a reçu un devis de l'ordre de 40'000 francs pour remettre en état sa parcelle de quelque 600 m2", illustrent-ils. Or partout ailleurs en Suisse, lors de catastrophes, le nettoyage de la boue a été pris en charge par les pouvoirs publics, ajoutent-ils.
Le Conseil d'Etat souhaitait attendre, là aussi, que tous les mécanismes de soutien soient épuisés, avant de débloquer une aide immédiate d'urgence destinée à indemniser un type de dommage particulier. Il n'a pas été suivi.