Le monde paysan se mobilise à Martigny: 400 personnes réunies à l'appel d'Action agricole Valais
La révolte paysanne européenne essaime en Valais. L'appel lancé par un comité de jeunes agriculteurs a été largement entendu dans le milieu.

Quelque 400 personnes réunies mercredi soir à l'appel d'un comité de jeunes paysans valaisans. Le mouvement "Action agricole Valais" a fait le plein pour sa première séance, qui s'est tenue au CERM de Martigny.
Lancé il y a quelques jours, le comité s'inscrit dans la foulée des révoltes agricoles ailleurs en Europe. Il veut réunir toutes les branches du monde paysan - éleveurs, maraîchers, arboriculteurs ou viticulteurs – dans un même élan.
Un succès doux-amer pour Charlène Taramarcaz
A 22 ans, l'agricultrice de Sembrancher Charlène Taramarcaz est à l'origine de ce rassemblement. Elle ne s'attendait pas à une telle affluence. "D'un côté, je suis très heureuse que beaucoup de paysans se soient déplacés. Mais ça me rend aussi triste car cela signifie que l'agriculture valaisanne ne va vraiment pas bien", a-t-elle regretté au terme de l'assemblée.
Il y a, selon elle, un "réel désespoir paysan". "On a l'impression de passer soit pour des meurtriers, soit pour des pollueurs alors que nous sommes les premiers écologistes de la terre". L'interview de Charlène Taramarcaz:
Liste de revendications
Le mouvement a soumis à l'assemblée une liste de huit revendications, qui demande notamment une diminution de la charge administrative liée au métier de paysans. Elle exige aussi une augmentation des prix à la production de 5 à 10%. Charlène Taramarcaz souhaite qu'un maximum de personnes signe cette liste de revendications, afin que la voix des agriculteurs puisse être entendue à Berne et chez les grands distributeurs.
Elle n'exclut pas d'autres actions, si les revendications n'étaient pas entendues. "On va devoir se faire entendre. Et si, un moment donné, on n'arrive pas à le faire par des actions pacifiques, on n'aura pas le choix que de se faire entendre autrement", souligne Charlène Taramarcaz.
Dans la salle, certains anciens ont d'ailleurs rappelé que les révoltes paysannes ont déjà, en Valais, abouti à des actions coup de poing, comme dans les années 1970 avec la guerre du fluor.
L'interview de Charlène Taramarcaz:
Parler d'une même voix
Devenu depuis quelques semaines la voix de la révolte paysanne en Suisse romande, le Vaudois Arnaud Rochat avait fait le déplacement mercredi soir à Martigny. Il salue la mobilisation des paysans valaisans. "Cela nous motive à continuer dans le combat", souligne-t-il.
Il se réjouit que le mouvement prenne désormais de l'ampleur partout dans le pays. "On est vraiment tous touchés dans toute la Suisse par les prix, la contrainte administrative et le manque de reconnaissance. On a tous les mêmes problématiques et on est unis dans ce combat", note-t-il.
La démarche est soutenue par les organisations professionnelles, comme l'Union suisse des paysans ou la Chambre valaisanne d'agriculture. Elle a aussi la sympathie du Conseil d'Etat valaisan, dont le président Christophe Darbellay avait fait le déplacement de Martigny mercredi.