L'ancien ambassadeur chamosard Georges Martin raconte quarante ans au service de la Suisse
L'ex-numéro trois de la diplomatie helvétique évoque dans ses mémoires les meilleurs moments de sa carrière mais il y défend aussi une certaine vision de la neutralité de la Suisse.
C'est un enfant de Chamoson qui a accédé aux plus hautes fonctions de la diplomatie suisse. L'ancien numéro 3 du Département fédéral des affaires étrangères, le Valaisan Georges Martin, a décidé de coucher ses souvenirs sur le papier dans un livre, « Une Vie au service de mon pays», publié ces derniers jours aux éditions Slatkine.
Parti à la retraite en 2017, l'ex-ambassadeur a été en poste en Afrique du Sud, en Indonésie, au Kenya ou encore au Canada durant plus de quatre décennies. Dans ses mémoires, il revient sur les événements marquants de son parcours, comme sa rencontre avec Nelson Mandela à la fin de l'apartheid ou le tsunami en Asie en 2004.
"J'ai eu beaucoup de chance quand même, dans le choix des postes", note Georges Martin lors d'un entretien réalisé dans son chalet des hauts de Chamoson. Il reconnait avoir eu l'impression, durant toute sa carrière, de "sauter d'une occasion à une autre", sans se poser trop de questions. "Partout où je suis allé, il s'est passé des choses extraordinaires, positives ou négatives. D'un point de vue professionnel, c'était passionnant", assure-t-il.
"Un diplomate atypique"
S'il a parcouru l'ensemble du globe sans vraiment y planter ses racines, l'ancien haut fonctionnaire ne regrette pas ce choix de vie. "Le métier de diplomate est toujours fascinant. C'est une manière de s'ouvrir au monde et de devenir, en quelque sorte, soi-même un citoyen du monde. Je vois cela comme un privilège énorme d'avoir pu pendant tant d'années vivre cette expérience", note Georges Martin.
Il reconnait ne s'être jamais coulé dans le moule de la carrière. "J'étais un diplomate atypique. J'ai toujours pris partie et je ne me suis jamais gêné de le dire. Parfois, cela m'a attiré quelques ennuis mais j'ai toujours trouvé des accommodements et cela ne m'a pas trop mal réussi".
Sauvegarder la neutralité de la Suisse
Le Chamosard n'est pas tendre envers ses anciens collègues de Berne. Même les chefs du Département fédéral des affaires étrangères n'échappent pas à ses critiques, notamment un ancien conseiller fédéral tessinois, taxé de "charme et de sadisme", dont il joue "avec un certain machiavélisme", selon Georges Martin. L'ex-diplomate revendique tout de même une «certaine bienveillance» envers ses anciens collègues dans ses écrits.
Dans ce livre, dont le sous-titre est "plaidoyer pour une Suisse neutre, active et respectée", le Valaisan n'est pas avare de critiques non plus lorsqu'il évoque la position prise par la Suisse sur le plan international ces dernières années.
"On a l'impression que l'on est en train de devenir un pays comme un autre. Et c'est dommage, car le monde a besoin de pays comme la Suisse, qui se mettent au service de la paix et de la négociation", souligne Georges Martin.
"Une vie au service de mon pays", les mémoires de Georges Martin, sont publiées aux éditions Slatkine. Retrouvez ci-dessous l'entretien avec Georges Martin en version longue.