Journée mondiale de l'AVC : "il nous a fallu réapprivoiser notre quotidien et notre relation"
L’AVC, accident vasculaire cérébral, est la première cause de handicap chez l’adulte. Une journée mondiale y est consacrée ce mardi, pour sensibiliser le public aux symptômes et conséquences. Rencontre avec Lydia Fournier et son mari Pascal, qui a vu sa vie basculer en 2018.
En Suisse, environ 20 000 personnes sont victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC) chaque année, soit une toutes les 30 minutes. À l'occasion de la journée mondiale de l'AVC, organisée ce mardi 29 octobre, l’association Fragile Valais a mis sur pied une journée d’informations à l’hôpital de Sion. L’objectif ? Sensibiliser le public à la prévention et aux conséquences de l'AVC, tout en mettant en lumière les ressources d'accompagnement disponibles pour les personnes touchées et leurs familles.
Quand la vie bascule en un instant
Parmi les histoires de vie bouleversées par un AVC, celle de Pascal Fournier, victime d’un AVC en 2018, à l'âge de 61 ans. Après quelques jours d’hôpital, d'une batterie de tests et de soins, la sentence tombe : l'accident lui laissera des séquelles à vie. En plus d'une perte de motricité dans le bras et la jambe droite, Pascal doit composer avec l’aphasie, un trouble qui affecte sa capacité à s’exprimer.
À l'évocation de ce souvenir, Lydia Fournier maintient son pragmatisme. "Je n'ai pas pris le temps de penser au fait que notre vie n'allait plus jamais être la même", confie Lydia. "C'est ma formation d'infirmière qui a pris le dessus. Je me suis concentrée sur toutes les solutions pour que Pascal aille au mieux."
Réapprivoiser son quotidien
Aujourd'hui, Pascal et Lydia Fournier vivent dans un appartement sierrois, dans un immeuble adapté pour la motricité réduite de Pascal. Sur la table du salon, le couple nous montre un épais classeur, qui contient des phrases types ou des images, qui aident Pascal à communiquer. Qu'il s'agisse d'exprimer un besoin, demander un objet précis, ou simplement de se présenter à une tierce personne. "Il a aussi une fiche sur un plus petit format sur lui, pour l'aider par exemple à commander une boisson quand il sort seul", explique son épouse.
Tous deux peuvent ainsi se séparer quelques heures, en toute autonomie. "Mais ça nous a pris du temps", confesse-t-elle. "Pour que je lâche prise et que je retrouve mon rôle de compagne."
Fragile Valais comme médiateur
Dans l'intervalle, le couple a également découvert Fragile Valais, "il y a deux ou trois ans, lors d'une journée d'informations, justement", confie Lydia Fournier. L’association propose divers services pour accompagner les personnes touchées par un AVC et leurs proches, allant des groupes de parole aux conseils par téléphone. Lydia explique que participer à ces rencontres l’a aidée à "mieux comprendre le comportement de mon mari, ou ses accès d'impulsivité qu'il n'avait pas avant, grâce à d'autres témoignages".
Prévenir le risque d'isolement
Philippe Vuadens, président de Fragile Valais, rappelle que l’isolement est un risque majeur pour les personnes ayant subi un AVC et pour leurs proches. "D'autant que notre association peine à se faire une place dans l'équation", admet-il. "Certains mettent des années à venir nous trouver, parce qu'ils restent nourris par l'espoir que tout s'arrangera avec le temps."