Johanna Dayer pourrait être la première femme suisse à devenir "Master of Wine"
Elle sera peut-être la première femme suisse à obtenir le titre le plus prestigieux dans le monde du vin. La Valaisanne Johanna Dayer est candidate au "Master of Wine". Pour cela, elle suit un entrainement de sportive d'élite en matière de dégustation. Au chapitre de ses autres passions, la vitiviniculture respectueuse de l’environnement. Portrait et engagements de cette bosseuse.
La jeune femme d'à peine 30 ans sait où elle va, en témoigne son porte-clef :"Act like a lady, think like a boss". Et pour l'instant, son objectif, c'est ce fameux «Master Wine», un diplôme qui représente l'excellence; il couronne chaque année une poignée de passionnés. A peine 10% des participantes et participants au programme arrivent jusqu'au bout, quelque 450 l’ont obtenu depuis les années 50. Johanna a déjà réussi la théorie du premier coup, ce qui lui laisse plusieurs essais pour passer la pratique qu'elle effectuera l'année prochaine (covid-19 oblige).
La détective aux 36 vins
Elle a donc encore une année pour apprendre à reconnaître n'importe quel vin en le dégustant. Un entrainement qu’elle suit quasiment comme une sportive d’élite. «Pour l’examen pratique, on joue un peu aux détectives. Le but est de trouver des évidences, des indices. D’abord, je regarde la robe et je procède par élimination: si le vin est plutôt pâle et d’une couleur grenat, je peux me dire que c’est potentiellement du Pinot noir, du Grenache, du Sangiovese, du Nebbiolo, du Tempranillo, du Gamay ou du Nerello Mascalese. Puis je découvre les arômes au nez, avant d’affiner en bouche.» En tout, à l’examen, elle devra déguster 36 vins à l’aveugle, blancs, rouges, oranges, pétillants, etc.
Des sacrifices pour une quête de l’excellence
Si Johanna Dayer réussit la pratique, elle sera la première femme suisse à obtenir le titre. Un diplôme de prestige qui sert à reconnaître l'excellence. «Je le fais avant tout pour moi, se confie-t-elle. Cette formation m’apporte beaucoup, notamment en matière de gestion de la pression. J’ai appris à avoir une routine, j’ai modifié mon mode de vie, je suis plus rigoureuse. J’ai changé, j’ai grandi et je me suis améliorée.» Alors oui, des sacrifices, elle en fait tous les jours. Sa routine l'oblige à se lever à 5h30 tous les matins, à contrôler l'acidité de sa nourriture pour équilibrer son palais ou encore à rentrer de soirées entre amis bien avant minuit. Mais elle compte bien atteindre son objectif alors que de nombreux candidats abandonnent en cours de route.
«Le vin, ce n’est pas des pommes de terre»
Avec tout cela, sa passion pour le vin ne s'arrête pas à la vigne et au nectar, Johanna Dayer est récemment entrée au comité de Biovalais. Un engagement qui lui tient à cœur. «Le vin, ce n’est pas des pommes de terre, plaisante cette Suédo-valaisanne. On en n’a pas besoin pour vivre. C’est vraiment un bonus, ce n’est là que pour le plaisir. Donc il me paraît évident d’avoir une réflexion environnementale à ce sujet.» Elle n’exhorte pourtant pas tous les viticulteurs à passer au bio. «Bien sûr que non! Ce n’est pas évident à appliquer sur tous les domaines, nous sommes bien placés pour le savoir au Clos de Tsampéhro. Ici à Flanthey, notre reconversation a demandé beaucoup de réflexion.»
Ambassadrice du vin et du bio, Johanna espère être "la" candidate de sa volée qui réussira à passer le concours.