Il n'y aura plus de trains pendant deux ans entre Saint-Gingolph et le Bouveret
Les trains ne circuleront plus pendant deux ans entre Saint-Gingolph et le Bouveret. En cause : l'assainissement du passage à niveau du Fenalet. L'interruption du trafic ferroviaire est un coup dur pour la région, déjà en proie à une mobilité compliquée.

Les frontaliers et les Chablaisiens vont devoir s'armer de patience ces prochaines années. Si la mise en service du tunnel des Evouettes en septembre facilitera la fluidité du trafic, d'autres travaux d'ampleur sont prévus dans la région ces dix prochaines années avec des conséquences sur le trafic. Récemment sur Rhône FM, le président de Port-Valais, Patrice Tamborini osait. "On va souffrir. Je n'ai pas peur de ce verbe-là".
Dès la fin 2025, la commune de Saint-Gingolph devra séparer les eaux usées et les eaux de chaussées, remplacer les canalisations d'eau potable et réfectionner les services d'électricité et d'éclairage public. Un revêtement acoustique est aussi prévu. Pour ces travaux, la circulation ne sera possible que sur une seule voie, en alternance. Pour éviter des ralentissements monstres durant les heures de pointe, sur cet axe qui voit passer chaque jour 12'000 véhicules, la gestion des flux de circulation se fera de manière manuelle. En dehors de ces heures, l'alternance de la circulation sera gérée par des feux. Les interventions se feront par tronçon, du poste frontière jusqu'à la station d'épuration, avant le passage à niveau. D'autres travaux similaires sont prévus jusqu'à Port-Valais, les années suivantes.
Plus de trains pendant deux ans
Les trains ne circuleront plus pendant deux ans entre Saint-Gingolph et le Bouveret. Le passage à niveau du Fenalet, à l'entrée de Saint-Gingolph, sera assaini en 2028. Le projet a été mis à l'enquête vendredi dernier. Il prévoit la construction d’une galerie de 120 mètres sous la chaussée pour sécuriser le croisement entre la route et le rail et pour donner plus de capacité au trafic motorisé. Durant les travaux, le trafic motorisé bidirectionnel sera maintenu en tout temps, à l'exception d'opérations coup de poing.

L'offre ferroviaire sera par contre totalement interrompue pendant deux ans. "On a imaginé mettre en place un pont provisoire ferroviaire, mais il aurait engendré un délai supplémentaire des travaux et un environnement de travail désagréable", explique Alexandre Métrailler, ingénieur, chef de projet au Service de la mobilité du canton du Valais. Le choix a donc été fait de couper la ligne ferroviaire pendant les travaux. "Les véhicules sont plus agiles et peuvent se déplacer sur une voie de déviation. Les trains sont un mode de transport rigide", justifie Alexandre Métrailler. "On se doit aussi de diminuer au maximum les nuisances pour les habitants de la région", ajoute-t-il.
Des conséquences en cascade pour les usagers
Une trentaine d'élèves utilise tous les jours le train pour se rendre au Cycle d'orientation à Vouvry. Sans compter les habitants locaux pour leur déplacement quotidien et les réfugiés du centre d'accueil de Saint-Gingolph, dont le train est le principal moyen de locomotion. Le train entre Saint-Gingolph et le Bouveret est utilisé en moyenne par 950 voyageurs par jour.
Un service de bus de remplacement est en cours de planification pour pallier l'absence du train pendant deux ans. Une route forestière pourrait être utilisée pour les bus navettes. Autre solution envisagée : passer par le lac pour éviter le report modal des usagers du train sur la route. Une liaison lacustre pourrait relier les ports de Saint-Gingolph et du Bouveret.
Président de Saint-Gingolph, Gérald Derivaz souhaite même interdire les camions de plus de 40 tonnes durant les chantiers. Le but : atténuer tant que faire se peut le trafic. "Si on ajoute encore les 40 tonnes au passage frontalier, ça va être ingérable", craint Gérald Derivaz.
Vers des années de galère
La route est déjà empruntée par près de 12'000 véhicules par jour. Le report sur la route des usagers du rail et le trafic sur une seule voie durant les travaux routiers vont surchauffer une situation déjà explosive dans la région. "La route cantonale est la seule voie à trafic important qui nous permet d'être relié au reste du Valais et au canton de Vaud", rappelle Gérald Derivaz. "La plupart des gens de Saint-Gingolph et du bassin savoyard utilisent comme transport la voiture", poursuit-il. "Pour la population, il ne faut pas se leurrer, les travaux vont beaucoup impacter le quotidien", insiste l'élu.
Gérald Derivaz craint même pour l'avenir de sa commune. Les travaux à répétition dans la région et les problèmes de mobilité poussent la population gingolaise à l'exode. "On assiste déjà à ce phénomène : des gens qui quittent la commune en raison des problèmes de circulation", regrette le président de commune. "Le phénomène va s'accentuer", craint-il.
Les travaux à venir sur l'axe Saint-Gingolph - Le Bouveret et leur calendrier sont disponibles en ligne.