Il lance son entreprise 100% dédiée à la création de cors des Alpes
Vivre à 100% de la fabrication de cors des Alpes. Olivier Morisod, 30 ans et menuisier ébéniste, a lancé son affaire en début d’année. Un art qu’il a appris auprès de son père, dans l’atelier familial. Rencontre.
Fabricants de cors des Alpes de père en fils. La SARL « Morisod Bois des Alpes » est née en début d’année. Une entreprise 100% dédiée à la création de cors des Alpes.
Mais pour le Valaisan Olivier Morisod, il s’agit avant tout d’un héritage familial.
Un parcours "presque" tout tracé
Son père, François, a élaboré ses premières ébauches il y a plus de 20 ans, dans l'atelier situé au rez-de-chaussée de leur domicile, à Lavey-village. « J'ai vu mon père travailler le bois depuis tout petit. Mais au début, comme tous les enfants, je ne voulais pas faire comme papa », confesse Olivier Morisod dans un rire. « Puis, j'ai fini par me rendre à l'évidence sur ce qui m'attirait le plus. »
Un CFC de menuisier ébéniste plus tard, Olivier Morisod œuvre durant plusieurs années dans une entreprise spécialisée, avant d'être rattrapé par son héritage. « Mon père ne m'a jamais mis la pression, mais il songeait à sa retraite et m'a demandé si cela m'intéressait », expose-t-il. « Au-delà du savoir-faire traditionnel que je trouve important de conserver, c'est un art passionnant et bourré de défis techniques. Forcément, le challenge m'a attiré. »
Un apprentissage "sur le tas"
Olivier Morisod s'est donc lancé dans la formation. Sur le tas. Multipliant les vacances prolongées et les congés sabbatiques. « Chaque fabricant a ses secrets et ses spécificités », révèle l'artisan. « Tant que l'instrument sonne harmonieusement, on peut faire les courbes et l'assemblage à notre sauce. Pour ma part, j'ai repris exactement la même technique que mon père, pour garder une ligne et pouvoir recevoir ses clients pour d'éventuelles réparations. »
Peu à peu, le métier rentre. Olivier Morisod chapeaute la fabrication de plusieurs séries. Puis débute l'année 2024 et le lancement d'une nouvelle aventure. « C'était le bon moment, et pour moi et pour lui », résume l'entrepreneur. « J'ai créé mon SARL, embrassant tout ce qui accompagne la démarche : récupération du carnet d'adresses, alimentation du site internet, communication, paperasse, etc. »
Vivre à 100% du cor des Alpes
Du haut de ses 30 ans, Olivier Morisod est donc l’un des rares suisses à vivre à 100% de la fabrication du cor des Alpes. Avec une fourchette de prix allant de 3'500 à 4'000 francs l’instrument, l’indépendant estime avoir besoin d’en vendre une vingtaine par année pour en vivre. « C'est très variable », analyse l'indépendant. « Il m'arrive de passer un mois sans en vendre, puis d'en céder deux dans la même semaine. »
Sa clientèle s'avère principalement romande, même s'il lui arrive de recevoir quelques commandes de Suisse allemande. « Quoi qu'il en soit, si j'ai des creux, j'ai la chance d'avoir un métier qui ne souffre pas du manque de demande. »
Le cor des Alpes connait un regain d'intérêt
Niveau affaires, Olivier Morisod semble entamer son activité au moment propice. Le Groupement de cor des alpes du Valais romand — qui compte une quinzaine de groupes et 80 membres actifs — connait un engouement depuis deux ans. C’est Anne Guillermin, responsable de la commission musicale au sein du comité qui l’affirme. « Difficile de déterminer la cause de ce regain d'intérêt, mais la grande majorité sont évidement des amoureux des traditions,ou des musiciens de fanfares. Dans certaines vallées, certains groupes naissent soudain grâce à un groupe d'amis.»
Notons qu’en Valais, fabricants et virtuoses bénéficient aussi d’une belle vitrine internationale, par le biais du festival international de cors des alpes. Manifestation qui se tient chaque été à Nendaz.