Freiner la hausse des primes et renforcer les soins : les deux buts d'EFAS, selon le comité du "OUI"
Le camp en faveur de la réforme du financement des prestations de santé, en votation le 24 novembre prochain, a présenté ses arguments ce mercredi lors d'une conférence de presse. Un message : maîtriser les coûts et renforcer les soins.
"Maîtriser les coûts et renforcer les soins". Le mot d'ordre d'un comité en faveur de la réforme du financement des prestations de santé. Composé de plusieurs partis de droite et du centre, et soutenu par divers acteurs de la santé, il a présenté ses arguments lors d'une conférence de presse à Sion ce mercredi.
Avec la réforme "EFAS", en votation le 24 novembre prochain, l'idée est de proposer un financement uniforme pour les trois domaines de l’assurance de base que sont l'ambulatoire, le stationnaire et les soins de longue durée. Si le "OUI" l'emporte, tous ces types de soins seront alors financés selon la même clé de répartition : 73,1% au maximum par les assurances et 26,9% au minimum par les cantons.
Kristian Schneider, vice-président de H+ Les Hôpitaux de Suisse, estime que glisser un "OUI" dans les urnes permettra de renforcer la médecine et les soins ambulatoires, et d'éliminer les incitations financières inadéquates :
Les clés pour négocier les prix
Le camp du "NON" estime pour sa part que cette réforme conduira à une augmentation des primes ou à une réduction des prestations. Il craint aussi une péjoration des conditions de travail du personnel soignant, tout comme une pression accrue en termes de rentabilité que les assureurs pourraient exercer sur les établissements de soins, même publics.
Est-ce donc aller dans la bonne direction que de donner davantage de responsabilités et de souveraineté aux assureurs pour négocier les prix des soins ? La réponse de Benjamin Roduit conseiller national valaisan du Centre, partisan du "OUI" :
Trop d'hospitalisations, pas assez de traitement ambulatoires
Dans notre société vieillissante, les opposants à la réforme craignent, en outre, une nouvelle hausse des primes avec les soins de longue durée qui vont aller en augmentant. "Il est vrai qu'il y aura une augmentation des soins de longue durée, des coûts liés au vieillissement de la population puisque les deux dernières années de la vie coûtent autant que tout le parcours", explique Benjamin Roduit.
Et d'ajouter : "en revanche, il ne faut pas oublier que les économies qui sont faites dans les hôpitaux, par rapport à ces doublons qui n'existeront plus avec les soins ambulatoires, permettront une allocation des ressources plus importantes vers les soins de longue durée".
Ce dernier affirme que la réforme va dans le bon sens, d'autant que selon lui, il y a encore trop d'hospitalisations avec nuitées onéreuses et pas assez de traitement ambulatoire en cabinet médical :
En cas de "OUI" dans les urnes le 24 novembre, la réforme s'appliquera dès 2028 pour les prestations ambulatoires et stationnaires, puis 2032 pour les soins de longue durée.
Pour aller plus loin
Actuellement, les prestations de santé couvertes par l'assurance obligatoire des soins (AOS) sont financées différemment selon le type de traitement :
- Pour les prestations stationnaires (à l’hôpital avec nuitée), le canton de résidence du patient participe aux coûts au minimum à hauteur de 55 %. Cette participation est financée par les impôts. Le solde est pris en charge par l’assureur-maladie.
- En ce qui concerne le secteur ambulatoire (cabinet médical, thérapeute ou hôpital sans nuitée), les prestations sont assumées dans leur intégralité par l'AOS.
- Enfin, troisième type de soins, les soins de longue durée (EMS et soins à domicile), supportés à 54% par les assureurs et à 46% par le canton ou la commune de résidence.
Selon des chiffres de l'Office fédéral de la santé publique, pour l'année 2022, les coûts des prestations de l'AOS ont coûté 44 milliards de francs ainsi répartis : 23 milliards pour l'ambulatoire, 15 milliards pour le stationnaire et 6 milliards pour les soins de longue durée.
Sans la réforme, les assureurs ont déboursé 32,99 milliards de francs. Les cantons, 11,01 milliards.
Avec la réforme, les dépenses des assureurs se seraient élevées à 32,16 milliards contre 11,84 pour les cantons. Ce qui signifie que la différence aurait donc été de 826 millions, à charge des cantons.
Le comité affirme qu'avec la réforme, le canton augmentera ses dépenses d'une telle somme chaque année. Selon lui, ce sont ainsi les charges des assurés, et donc les primes, qui baisseront de 14 millions de francs pour le canton du Valais.