Faute de repreneur, l'emblématique magasin de couture de Monthey risque de fermer
Les commerces de proximité peinent à trouver des repreneurs. Exemple à Monthey avec une mercerie, qui s'apprête à disparaître après 21 ans d'existence. Faute de repreneur.
Commerce de couture cherche repreneur. L'emblématique centre de couture Bernina de Monthey s'apprête à fermer ses portes le 31 mai 2024. Après 21 ans de bons et loyaux services, sa propriétaire, Pierrette Savioz, part à la retraite. Elle a résilié son bail. Mais la Montheysanne n'a pas trouvé de repreneur et lance un appel de la dernière chance à quelques semaines de baisser définitivement le rideau de sa mercerie. "Je n'ai malheureusement personne trouvé pour reprendre mon commerce", déplore Pierrette Savioz. "Je suis désespérée de voir mon magasin disparaître, surtout pour ma clientèle", ajoute-t-elle.
Autodidacte et à la tête de sa mercerie depuis 21 ans, Pierrette Savioz est devenue une figure emblématique des commerçants montheysans. "Sans aucun diplôme, je m'étais lancé ce défi par passion", explique-t-elle.
Des démarches infructueuses
Depuis plus de deux ans, Pierrette Savioz tente de remettre son commerce. En vain. Elle a reçu plusieurs visites, mais toutes ont été infructueuses. "Les conditions demandées par les banques font sûrement peur aux gens", analyse-t-elle. Pourtant, les affaires fonctionnent, assure Pierrette Savioz. La pandémie de Covid-19 a amené beaucoup de nouveaux clients dans les merceries. "Il y a eu une ruée vers les machines à coudre", dit-elle. "Les gens se sont mis à bricoler et les clientes viennent encore aujourd'hui chercher du matériel", appuie la Chablaisienne.
À quelques semaines de la fermeture de son commerce, Pierrette Savioz est consciente que les heures sont comptées. "Le temps presse", reconnaît-elle. "Je n'arrive pas à m'imaginer de voir mon magasin fermé." Elle ajoute : "J'ai pleuré quand j'ai ouvert ce magasin en avril 2003 et je vais pleurer si mon magasin ferme". Pierrette Savioz s'engage à accompagner sur plusieurs mois le futur repreneur, avant une retraite bien méritée.
La pointe de l'iceberg
La situation de cette enseigne montheysanne est loin d'être un cas isolé. Selon un sondage réalisé en 2024 par l'Union commerciale valaisanne (UCOVA), 60% de ses membres se disent inquiets pour la succession de leur magasin. 25% n'ont même aucune solution de reprise et envisagent purement et simplement la fermeture de leur enseigne. "C'est inquiétant pour le commerce de proximité", s'alarme Flavien Claivaz, le directeur de l'UCOVA.
En moyenne, il faut environ 18 mois pour remettre un commerce. "L'anticipation est le premier conseil qu'on puisse donner", estime Flavien Claivaz. "C'est un processus assez complexe", ajoute-t-il. Et de citer : les notions de confidentialité, de valorisation, de planification financière et de succession.
L'UCOVA propose à ses membres trois outils pour remettre leur commerce : une conférence sur la transmission d'entreprise organisée chaque année à la Foire du Valais en collaboration avec la Banque cantonale du Valais, des ateliers spécifiques pour les cédants et les repreneurs ainsi qu'une plateforme d'échanges, relevepme.ch.
Certaines transmissions d'entreprises peuvent être précipitées. Parmi les facteurs d'accélération : la mobilité. "Le nombre de passages devant le commerce influence directement le taux de fréquentation", explique Flavien Claivaz. Les changements d'affection de routes, la baisse de la vitesse de circulation, la disparition des places de parc et la piétonisation des centres-villes ont un impact sur la marche des affaires des commerces. "La mobilité au centre-ville répond à des impératifs politiques. Et ces choix politiques ont des incidences au niveau économique", assure Flavien Claivaz. Les travaux publics, qui nécessitent une fermeture de route prolongée, peuvent aussi modifier les habitudes des consommateurs et les détourner de certains commerces.