Environnement : le Valais doit-il arrêter de déverser des tonnes de neige dans ses rivières?
Avec l'arrivée de l'hiver, c'est une problématique environnementale qui se pose.
Avec l'arrivée de l'hiver, c'est une problématique environnementale qui se pose. Lors de fortes précipitations, le Valais peut-il continuer à déverser de la neige, parfois salie, directement dans les rivières du canton ? Doit-on craindre pour la faune et la flore ? Réponse du Service de l'environnement.
L'hiver approche en Valais, la neige également. Il est de coutume dans certaines villes et villages de déverser le surplus de neige récoltée dans les rivières du canton... et ainsi se soulager du trop-plein accumulé. Mais certains dénoncent une pratique jugée irrespectueuse de l’environnement. On parle d’une neige en partie salée, car ramassée dans les rues et donc «salie». Une neige qui peut également créer des probèmes avec les poissons, on parle de choc thermique. A Châtel-Saint-Denis dans le canton de Fribourg, la pratique est strictement interdite depuis 2015. «La décision est tombée, suite à une initiative d’une société de pêche», déclare sur Rhône FM Roland Pilloud, chef du Service de la voirie de Châtel-Saint-Denis. «Les pêcheurs ont mandaté le Service de la faune. Un garde-faune est venu. Il a trouvé que ce n’était pas normal de déverser de la neige dans notre rivière, la Veveyse».
A Châtel, la neige dans l’eau provoquerait un choc thermique
Le canton de Fribourg l’a donc décidé : à Châtel-Saint-Denis, il est interdit de déverser de la neige dans la Veveyse. Cela à de quoi laisser perplexe le chef de la voirie. «On a dû arrêter car, soi-disant, le fait de mettre de la neige dans un cours d’eau peut modifier le frai des poissons. L’eau froide créée un choc thermique et perturbe la faune!». Cette décision n’a pas été sans conséquence. «Le Service fribourgeois de l’environnement nous a obligés à trouver en endroit où l’on pouvait déposer la neige. Aujourd'hui on a des transports supplémentaires, des camions qui chargent la neige et qui vont en direction des Paccots, jusque sur un terrain situé près d’un chalet d’alpage. Puis, un ratrak doit étaler la neige. Vous pensez à l’impact écologique ?» Roland Pilloud ne cache pas son mécontentement : «Ça me fait grincer les dents, on fait tout pour diminuer la pollution... mais là, on ne regarde pas et on fait tout l’inverse. J’aimerais bien comprendre».
En Valais ? Pas de problème
Interdiction à Châtel Saint Denis, qu'en est-il du Valais ? Le Service de l'environnement nous affirme qu'aucune restriction n'a lieu. Il n'y aurait pas de risque pour la faune et la flore. La neige récoltée n’a pas encore été salée nous dit-on, ou très peu. De plus, déversée dans le Rhône, fleuve au gros débit, le peu de sel qui se trouve dans la neige est facilement absorbé. Concernant les poissons et le possible choc thermique ? «Les cours d’eau du Valais ont une température très basse en hiver, de l’ordre de 2 degrés environ», explique Marc Bernard, chef de la section Protection des eaux. «Ce n’est pas en ajoutant un peu de neige que cela va fondamentalement changer la température, déjà extrêmement basse. Dans ces rivières, nous avons essentiellement des truites. Les truites s’acclimatent très bien à l’eau très froide, elles aiment ça. Ce n’est pas le même cas de figure dans certains cours d’eau suisses, de plaine ou du plateau, dans lesquels d’autres diversités piscicoles existent. Là, ça pourrait être problématique». (cf.interview ci-dessous)
Monthey et Martigny ne le font plus...Sierre et Sion continuent
Quelle est la pratique aujourd’hui dans notre canton ? Renseignements pris... Ni Monthey, ni Martigny ne déverse de neige dans les cours d'eau. «On ne le fait plus depuis 2009 sauf erreur», déclare le vice-président de Martigny David Martinetti. «C’est uniquement lors de très grosses précipitations, lorsque l’on a des tas de neige trop volumineux. On met la neige en dépôt, sur un terrain proche du cimetière».
Autre politique dans le Valais central. A Sierre, «on peut y avoir recourt, en fonction des besoins», nous dit la voirie. A Sion également, «lorsque les chutes dépassent les 35 centimètres au sol», précise Raphaël Marclay, conseiller municipal en charge des travaux publics et environnement. «Mais je précise, ce n’est pas de la raclure, c’est de la neige fraîchement tombée, qui est déversée dans ces cas exceptionnels. A l’heure actuelle, la question de changer de méthode ne se pose pas». Pour rappel, lors des grosses intempéries de décembre 2017, près de 10'000 m3 de neige avaient été déversés chaque nuit, durant près d’une semaine, dans le Rhône à hauteur de Sion.
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