Emplois croissants, logements insuffisants : le dilemme des stations valaisannes
Quand le marché du logement peine à suivre le développement économique. En Valais, stations touristiques s’étoffent. Le travail est là, mais les travailleurs peinent à trouver un toit et un loyer modéré. Des initiatives fleurissent, pour inverser la tendance.
Les stations de montagne connaissent bien ce phénomène : l’activité touristique s’intensifie, mais le marché du logement n’évolue pas au même rythme. Résultat ? Des territoires saturés, des loyers élevés et des entreprises qui luttent pour loger leurs employés, saisonniers ou au long cours.
Dans le Haut-Valais, la station de Zermatt a récemment pris les devants : la commune exigera désormais un « concept d’exploitation » pour chaque nouveau projet de construction ou d’extension hôtelière, obligeant les porteurs de projets à prévoir un plan pour loger le personnel supplémentaire requis.
Mais Zermatt n'est pas la seule à se mobiliser.
Fondation communale pour le logement
À Val de Bagnes, une Fondation communale d’utilité publique pour le logement est en cours de constitution. Les statuts sont en train d’être rédigés. L’idée étant de favoriser la construction de logements mixtes sur des parcelles acquises par la commune. Ce qui permettrait aussi de garder sa population résidente et d’éviter l’exode vers la plaine.
Un poste créé sur le Haut Plateau
Sur le Haut Plateau, où les défis et aspirations sont similaires, l’heure est encore au stade des réflexions et analyses. Mais ces réflexions seront bientôt l’affaire d’une personne spécifiquement engagée. "Nous avons validé la création d'un demi-poste au budget 2025", révèle Yves-Roger Rey, secrétaire général de l’ACCM - l’association des communes de Crans-Montana. "Cette personne aura pour mission d'étudier toutes les possibilités et de nous faire une feuille de route. A ce stade, nous pourrions autant suivre l'exemple de Zermatt que celui de Val de Bagnes. Mais la volonté de trouver des solutions est bien réelle."
Capitaliser sur les résidences secondaires
Sur l’autre versant, Anniviers a créé une commission qui gère, entre autres, cette thématique.
Outre des mesures de facilitation de construction qui sont sur la table, une piste est aussi creusée du côté des propriétaires de résidences secondaires. "Il nous faut aussi composer avec les forces que nous avons à disposition actuellement", insiste Vincent Theytaz, vice-président de la commune. "La vallée compte 19'000 lits dans les résidences secondaires. A nous d'approcher et sensibiliser les propriétaires à la thématique du logement. Pour qu'ils soient ouverts à l'idée de louer leur bien quand ils ne l'utilisent pas."
Sociétés proactives
Enfin, les employeurs sont aussi de plus en plus nombreux à prendre les devants pour trouver des solutions par eux-mêmes. Exemple aux remontées mécaniques de Grimentz Zinal, avec le directeur Pascal Bourquin. "Nous avons adressé un tout ménages il y a trois ans à tous les propriétaires de résidences secondaires. Notre société prend ainsi à sa charge la gestion de ces appartements et leur mise en location à nos employés."
L'entreprise parvient aujourd'hui à loger près de 40% de ses employés durant la haute saison. La manœuvre a toutefois un coût : environ 200'000 francs par année, pour les mois où les appartements ne peuvent pas être loués. "Mais cela reste de l'argent bien investi pour être un employeur attractif", estime Pascal Bourquin.