Djihad de jeunes Suisses en Syrie : la sécurité intérieure menacée
Le nombre de jeune domiciliés en Suisse qui quittent tout pour le djihad est en forte augmentation.
Le nombre de jeune domiciliés en Suisse qui quittent tout pour le djihad est en forte augmentation. Il a progressé de 50% ces dix-huit derniers mois. Certes, le phénomène est encore marginal. On parle de 15 personnes. Et de 40 sur dix ans.
Mais le Valaisan Jean-Paul Rouiller, spécialiste du terrorisme, parle d'une "énorme accélération" et ne cache pas ses craintes.
Cet ancien des services de renseignements et de la police fédérale ne songe pas forcément à des actes terroristes au retour de ces jeunes en Suisse. Pour lui, le risque est que ces vétérans, imprégnés de leurs convictions, de leur vision du monde, s'emploient à soutenir leurs "frères d'armes" qui continueront à se battre partout dans le monde. "Ils formeront le terreau, le substrat dans lequel viendront s'enraciner toute une série de communautés fascinées par ce qui s'est produit en Syrie", explique Jean-Paul Rouiller. "Ce seront eux qui, peut-être, représenteront un danger pour notre société dans les cinq à dix ans à avenir".
Afin d'éviter le pire, Jean-Paul Rouiller préconise de poursuivre la surveillance sur internet et de mieux suivre les jeunes gens qui partent vers les terres de djihad, par fichage systématique, ce que "ne permet pas actuellement le cadre juridique suisse".
Autre piste à étudier : faire pression sur la Turquie afin que ses frontières soient verrouillées.
En Suisse romande, on parle beaucoup de ces départs en Syrie depuis l'épisode, au printemps, de ce Valaisan de 30 ans, domicilié à Troistorrents. Le cas interpelle d'autant plus qu'il concerne un converti. Mais dans 80% des situations, souligne encore Jean-Paul Rouiller, les jeunes qui partent pour accomplir le djihad sont d'origine musulmane.