Des milliers de personnes éprouvent encore aujourd'hui des difficultés à lire ou à écrire en Valais
Des dizaines de milliers de personnes rencontrent encore actuellement des difficultés à lire et écrire en Valais. Si la problématique touche toutes les tranches d'âge et est encore tabou pour la plupart des gens, des cours personnalisés existent pour acquérir ces compétences de base essentielles.
"23'000 personnes rencontrent encore aujourd'hui des difficultés à lire et écrire en Valais", affirme Emmanuelle Sarrasin, directrice de l'Association Lire et Ecrire Valais. A l'échelle nationale, ce sont même 800'000 personnes qui éprouvent de telles difficultés au total, selon les chiffres de la Fédération suisse homonyme.
À deux jours de la journée internationale de l'alphabétisation, qui a lieu ce dimanche 8 septembre, Emmanuelle Sarrasin le rappelle : lire, écrire, calculer ou utiliser l'informatique sont autant de compétences indispensables pour vivre de manière autodéterminée. "L'idée est de parler de la thématique de l'illettrisme à travers tous les pays. Mais aussi en Suisse, parce qu'on a vraiment l'impression que ce problème d'alphabétisme n'existe pas, alors qu'il est toujours là", explique cette dernière.
Selon la Fédération suisse Lire et Ecrire, les gens pensent qu'une personne qui a fréquenté l'école obligatoire dans le pays possède de bonnes connaissances de lecture et d'écriture. Or, le constat est plus nuancé que cela. Ce qui est, pour la plupart, non seulement encore un tabou, mais également un obstacle majeur à une vie autonome et à l'inclusion sociale :
Moitié allophones... et moitié francophones
Le Canton en a conscience. "On a un mandat de l’État, au même titre que l'école. On doit donner des cours à des personnes adultes pour que ces personnes puissent avoir accès à ces compétences de base et à la formation", précise Emmanuelle Sarrasin.
Ces cours ne sont d'ailleurs pas suivis que par des ressortissants de pays étrangers. Selon Emmanuelle Sarrasin, dans le 50% des cas, il s'agit de personnes allophones : Afghans, Ukrainiens ou ressortissants de plusieurs pays d'Afrique. Dans le 50% restant, il s'agit de francophones.
En outre, ces cours personnalisés sont également nécessaires parce qu'il n'est pas possible, dans une classe de 30 élèves, de répondre aux besoins de tous les jeunes qui rencontrent des difficultés à lire ou à écrire : "On a souvent des gens qui viennent vers nous simplement pour passer la théorie du permis de conduire ou alors parce qu'ils ont déjà des objectifs professionnels".
Des écrans dès tout petit
"C'est une sacrée gymnastique pour les formateurs parce qu'il faut avoir un programme pour chaque personne. De changer d'une personne qui est à l'amorce de l'écriture à une personne qui a un objectif professionnel avec échéance", relève la directrice de l'Association Lire et Ecrire Valais. Et d'ajouter : "on a une pédagogie spécifique à ces personnes. Il y a tout une formation à avoir. Il faut une très bonne connaissance de la langue française, mais aussi beaucoup de patience".
Si la problématique de l'illettrisme – ou de la littératie – est encore présente un peu partout, en Valais comme en Suisse, le phénomène a tout de même évolué depuis quelques années. Notamment parce que les jeunes ont accès à des écrans de plus en plus tôt, lors de leur enfance :
Dans le cadre de la journée internationale de l'alphabétisation du 8 septembre, l'Association Lire et Ecrire Valais a dévoilé son programme. "Cette année, en novembre, la diffusion du film 'Brillantes' est prévue à Martigny", explique Emmanuelle Sarrasin. "Dans le film, l’héroïne souffre d'illettrisme. Elle met donc en place des stratagèmes pour éviter les situations embarrassantes, qu'elle vit au quotidien".
Les cours sont, pour leur part, organisés tout au long de l'année.