"De l'encre pour une aréole": des tatoueurs au service de la reconstruction après un cancer du sein
C'est l'histoire d'une tatoueuse valaisanne qui vient en aide aux femmes touchées par un cancer du sein. Son association "de l'encre pour une aréole" met un point final à la reconstruction mammaire. La cerise sur le gâteau, la féminité retrouvée.
Quand le tatouage se met au service de la reconstruction mammaire. C'est le concept de la toute jeune association "De l'encre pour une aréole". Une association qui offre aux femmes victimes d'un cancer du sein un dessin de mamelon au plus proche de la réalité.
Reconstruction bâclée
L'idée germe dans l'esprit de Monique Roh Roduit. Tatoueuse de profession, la Valaisanne est elle-même touchée par la maladie l'hiver dernier. Si elle échappe à l'ablation complète, elle découvre le monde de la reconstruction mammaire, et y perçoit une lacune: "Le chirurgien m'a montré ce qu'ils utilisaient en cabinet pour dessiner les aréoles", raconte Monique Roh Roduit. Sur place, elle découvre un matériel laissé de côté depuis longtemps, avec des aiguilles énormes et une seule couleur à disposition, qui disparaît avec le temps.
"C'est malheureusement la seule solution qui soit pris en charge par les assurances santé, indique Monique Roh Roduit. C'est dommage, résume-t-elle. Le travail de reconstruction des chirurgiens est fabuleux et prend beaucoup de temps et d'énergie, mais une aréole créée par ce seul pigment donne une impression d'inachevé."
"Le but de cette association est d'offrir quelque chose de beau à ces femmes qui ont souffert, pour qu'elles se sentent à nouveau entières"Monique Roh Roduit
Une cerise sur le gâteau, pour une féminité retrouvée
C'est ainsi que l'artiste saute le pas et créée sa propre association, pour offrir à ces femmes ce qu'elle appelle la "cerise sur le gâteau". "Quelque chose qui soit beau et esthétique, décrit-elle. Et qui permette aux femmes de se voir dans le miroir en se sentant entières, féminines."
A peine lancée, son initiative fait déjà réagir. Monique Roh Roduit est sollicitée loin à la ronde. Par des femmes concernées mais aussi par des tatoueurs de toute la Suisse romande, prêts à offrir leurs services.
Savoir-faire et patience
Reste que tatouer une aréole est un travail minutieux, artistiquement, mais aussi humainement. "Le lien qui se crée avec une personne qui veut se faire tatouer une aréole n'est pas le même qu'avec celle qui vient avec un projet artistique pour son bras ou sa jambe, analyse-t-elle. Plusieurs rendez-vous sont nécessaires pour discuter, mettre la personne en confiance, avant de découvrir la zone à tatouer, la cicatrice et le travail de reconstruction."
A noter que Monique Roh Roduit poursuit son travail de recherches de fonds au nom de l'association "De l'encre pour une aréole". Deux soirées de concerts de soutien ont notamment lieu ce weekend à Vétroz. Toutes les informations sont à retrouver ici