Claude Nicollier : « Il y a un corps céleste dont on doit s’occuper en priorité, c’est la Terre »
Le premier et unique astronaute suisse à ce jour a tenu une conférence au Lycée-Collège des Creusets à Sion. Nous avons évoqué avec lui les enjeux actuels de l’exploration de l’univers, la préservation de la planète et la représentation féminine dans le domaine scientifique.
Les élèves du Lycée-Collège des Creusets ont reçu mardi la visite d’un astronaute. Le Vaudois Claude Nicollier, seul Suisse à être allé dans l’espace, a tenu une conférence à l’aula du collège sédunois. Sa présentation avait pour but d’évoquer les enjeux actuels de l’exploration spatiale.
Il s’agissait de l’un des 65 modules et ateliers proposés aux étudiants dans le cadre du TecDay. Ces événements sont organisés par l’Académie suisse des sciences techniques (SATW). Leur objectif est de promouvoir les métiers MINT (mathématiques, informatique, sciences naturelles, technique). Les intervenants travaillent dans la recherche ou l’industrie.
Exploration spatiale ou préservation de la planète ?
Pour Claude Nicollier, l’exploration spatiale passionne toujours autant les jeunes. Il n’hésite d’ailleurs pas à utiliser sa propre expérience et des anecdotes pour capter sont auditoire. Si certains estiment qu’il vaudrait mieux prendre soin de la Terre plutôt qu’aller visiter l’univers, l’astronaute ne les contredit pas totalement. Il ajoute néanmoins que l’exploration spatiale et la préservation de la planète peuvent aller de pair.
« Il y a beaucoup d’activités spatiales qui ont pour objectif la surveillance des flux atmosphériques, des substances que l’on met dans l’atmosphère et qui contribuent au réchauffement climatique. Mais aussi la surveillance du déplacement des cendres qui résultent des feux de végétation, que ce soit en Australie ou en Amazonie. On contribue donc à la surveillance de la santé de la planète Terre, avec ensuite la possibilité de faire ce qu’il faut pour préserver sa durabilité », explique Claude Nicollier.
Parmi les principaux enjeux actuels de l’exploration spatiale, l’astronaute vaudois évoque la surpopulation de satellites en orbite autour de la Terre, la visite du système solaire par toutes sortes de véhicules et le retour sur la lune, principalement au pôle Sud avec l’installation d’une base spatiale.
La représentation féminine
La SATW organise des TecDays depuis 2007 et depuis 2012 en Suisse romande. Avec ces événements, elle cible notamment les jeunes filles, qui sont toujours sous-représentées dans les professions MINT. Au Lycée-Collège des Creusets par exemple, la représentation des étudiantes dans les filières scientifiques évolue lentement. « On espère aussi que ce genre de journées vont permettre aux filles que la science est évidemment ouverte à elles également. Et on les encourage à se lancer dans des carrières scientifiques », déclare Damien Gollut, prorecteur du Lycée-Collège des Creusets.
De son côté, Edith Schnapper est responsable de la promotion de la relève en Romandie pour la SATW. Elle explique cette sous-représentation féminine dans les professions techniques par le manque de modèles auxquels les jeunes filles peuvent se raccrocher. C’est pourquoi les organisateurs des TecDays veillent à inviter des intervenantes féminines afin que les étudiantes puissent mieux se projeter.
Selon Claude Nicollier, la situation commence à évoluer dans le domaine de l’exploration spatiale, puisque les femmes y sont toujours plus présentes. « Il y a un projet de dirigeable destiné à l’exploration de la planète Mars qui est développé à l’EPFL. Ce projet a été lancé par la petite compagnie WoMars, composée de femmes extrêmement talentueuses. Et en ce qui concerne l’engagement des astronautes, de plus en plus de femmes posent leur candidature. Aux Etats-Unis, à peu près le tiers des astronautes sont des femmes », affirme Claude Nicollier.
Le TecDay du collège des Creusets est l’un des plus grands organisés par la SATW avec près de 1'200 élèves concernés, contre une moyenne de 850 habituellement.