Cancer : apprivoiser les changements d'apparence grâce aux psycho-socio-esthéticiennes
Aider les personnes atteintes du cancer à préserver leur équilibre et leur image pour mieux combattre la maladie. C’est le travail peu connu des psycho-socio-esthéticiennes. Elles ne sont que trois en Valais. Rhône FM est allée à leur rencontre à l’Hôpital du Valais à Sion.
L’association AMÊO, pour "Accompagnement mieux-être en oncologie", offre gratuitement des soins aux patients durant toute la durée de leurs traitements.
Le cabinet des deux psycho-socio-esthéticiennes de l'association est au cœur du Service d’oncologie de l'Hôpital du Valais à Sion. C’est un petit espace chaleureux, qui ressemble tout à fait à un cabinet d’esthéticienne classique. Mais, ici, le métier est un peu différent. Et surtout, il est peu connu.
Elles ne sont que neuf en Suisse, dont trois en Valais. Esthéticiennes traditionnelles à la base, elles ont toutes une spécialisation en psycho-socio-esthétique, qu’elles ont dû suivre en Belgique ou en France, la formation n'existant pas dans notre pays.
Beaucoup d'émotion
Nous avons rencontré Lauriane Mazotti. Elle fait ce travail depuis neuf ans à l’hôpital de Sion. Massages relaxants, soins du visage, des mains et des pieds, maquillage ou encore nouage des foulards : offrir des soins esthétiques aux patientes peut paraître futile par rapport à la gravité de la maladie, mais il n’en est rien.
"Grace aux soins esthétiques, les patientes atteintes du cancer ont l'impression de retrouver un petit peu leur identité. Elles se réconcilient doucement avec leur image. Et, quand elles se voient dans le miroir, après avoir redessiné les sourcils par exemple, elles sont très émues", constate Lauriane Mazotti.
Le travail fait par les psycho-socio-esthéticiennes aide les patients, hommes et femmes, à accepter leur apparence, profondément modifiée par les effets secondaires des traitements : perte des cheveux, des cils et des sourcils, sécheresse de la peau, modification de l'aspect des ongles ou encore prise ou perte de poids.
Lauriane Mazotti le reconnaît : "grâce à notre accompagnement, l'acceptation est quand même plus facile pour les patients, même si cela prend du temps."
Moment de douceur
Pour Nathalie Bétrisey, le diagnostic est tombé en début d’année : cancer du sein. Durant tout son traitement au Service d'oncologie de l’hôpital de Sion, elle a bénéficié de l’accompagnement proposé par les psycho-socio-esthéticiennes d’AMÊO, Lauriane Mazotti et sa collègue.
"Quand on nous annonce la maladie, on est dans la précipitation du faire : les examens, les traitements, l'opération. Juste de voir arriver, Lauriane ou sa collègue, souriante, pour un soin : franchement ça fait du bien. C'est comme une petite bulle d'oxygène : pendant une demi-heure, je peux penser à autre chose, quelqu'un prend soin de moi et de mon corps."
Ces moments de douceur et d’écoute permettent aux patients de se sentir mieux dans leurs corps et dans leur esprit. Chacun s’y ressource pour affronter son cancer. Lauriane Mazotti pratique d’ailleurs son métier avec beaucoup d’empathie. Et, elle le reconnaît : cela lui apporte énormément.
"C'est intense, les partages sont très enrichissants. Et surtout, on se rend compte de ce qui est vraiment important dans la vie. Les patients eux-mêmes se rendent compte de ce qui est important dans la vie."
L’association AMÊO est financée par des dons. Elle bénéficie aussi du soutien de l’Hôpital du Valais et de différents partenaires. AMÊO organise également chaque année plusieurs ateliers dans les hôpitaux de Sierre et Martigny.