30 ans de l'Ordre du temple solaire : "on sentait la mort", se rapelle la journaliste Liliane Varone
30 ans du drame de l'Ordre du temple solaire : "on sentait la mort", témoigne Liliane Varone. L'ancienne journaliste revient, dans le cadre de notre série sur les 30 ans de l'OTS, sur son travail et l'agitation médiatique soudaine à Salvan.
Les mémoires sont encore vives 30 ans après le drame de l'Ordre du temple solaire (OTS). Toute la semaine, Rhône FM vous raconte à nouveau cette terrible histoire, avec le témoignage des protagonistes de cette affaire, qui ont été plongés dans l'horreur malgré eux. Journaliste pour la RTS, Liliane Varone revient sur l'emballement médiatique suscité par ce drame hors norme.
Les journaux télévisés du monde entier ouvraient ce mercredi 5 octobre 1994 leur édition par ce drame de Cheiry et de Salvan, avec respectivement 23 et 25 morts. "Seule une sorte d'hystérie et de folie collective peut expliquer ce drame", titrait France 2. "L'un des faits divers les plus inimaginables de ces dernières années", pour TF1. "Le plus grand massacre perpétré en Suisse", analysait pour sa part la RTS.
Le malaise des journalistes
Correspondante en Valais pour la télévision romande, Liliane Varone a couvert la tragédie de Salvan dès les premières lueurs du jour ce 5 octobre 1994. "On sentait la mort", se rappelle la Sédunoise. "Il y avait une ambiance extrêmement lourde", poursuit-elle. Arrivés sur place, les journalistes découvrent des chalets carbonisés. Les incendies sont éteints et les cadavres déjà découverts. "Il y avait un silence autour de ces chalets", insiste Liliane Varone. "On était mal à l'aise", ajoute-t-elle pour planter définitivement ce décor sordide.
Très rapidement, les journalistes ont vent du caractère criminel du drame. "On a très rapidement su que c'était un massacre. On a pu obtenir ces informations-là", explique Liliane Varone. Les professionnels de la presse découvrent alors l'existence de l'Ordre du temple solaire. "On a vite compris que c'était un mouvement para-religieux et louche", résume la journaliste de la RTS. Le même drame, quelques heures plus tôt à Cheriy, renforce la conviction des journalistes. "Ce n'était pas un accident, on le savait", précise Liliane Varone.
Les différences de moyens entre les médias
En quelques heures, la commune de Salvan a vu débarquer une horde de journalistes. Avec des moyens de réalisation très différents de la RTS, se souvient Liliane Varone. L'équipe de la télévision suisse romande fut contrainte de plier bagage à onze heures pour se rendre à Sion et injecter les images pour le TJ de midi. "Un confrère de TF1 m'a dit : tu vas où ?", se rappelle Liliane Varone. "À midi, les grandes chaînes, antennes déployées, diffusaient les images en direct depuis la place du village de Salvan", explique Liliane Varone. "Les confrères de TF1 étaient gentils, mais ils se foutaient un peu de nous", sourit la Sédunoise.