Levée de rideau sur la nouvelle Comédie de Genève
Inaugurée officiellement samedi, la nouvelle Comédie de Genève a attiré plus de 6000 personnes pendant le week-end à l'occasion de ses portes ouvertes. Ce théâtre conçu comme une fabrique à spectacles donne un véritable élan régional aux arts de la scène.
L'obligation de présenter un pass sanitaire n'a vraisemblablement pas freiné le public, a indiqué dimanche à Keystone-ATS Olivier Gurtner, directeur de la communication de la nouvelle Comédie en se réjouissant de cet engouement populaire. Les visites guidées et les ateliers pour les plus jeunes ont connu un vif succès.
Reportée d'une année en raison de la pandémie, cette ouverture était très attendue. Le public a ainsi pu découvrir ce nouveau bâtiment de verre de 100 mètres de long pour 40 mètres de large flanqué de quatre cubes de hauteurs différentes qui s'érige sur l'esplanade minérale de la gare des Eaux-Vives du Léman Express.
Il dispose d'une grande salle frontale avec un public de 498 places face à une scène de 26 mètres de largeur sur 17 mètres de profondeur. Une autre salle modulable propose 200 places, selon la configuration. L'objectif est de multiplier les possibilités pour la mise en scène, la chorégraphie et les performances.
Le public a aussi pu visiter les salles de répétition et les ateliers de construction (menuiserie, serrurerie, couture, peinture et sculpture). Ces espaces font de la nouvelle Comédie une véritable ruche pour y créer des spectacles de A à Z. Six spectacles ont déjà été préparés dans ces murs pendant la fermeture due à la pandémie.
L'inauguration officielle s'est déroulée samedi en fin de journée en présence du conseiller fédéral Alain Berset visiblement heureux de parler de culture. "Je suis encore vivant!: cela pourrait être le cri du théâtre, malmené par des mois de pandémie et qui revient aujourd'hui à la vie dans un nouvel écrin", a déclaré le chef du Département fédéral de l'intérieur
Le ministre de la culture a insisté sur "l'histoire et l'esprit de l'institution" qui ont suivi dans les cartons de déménagement de la Comédie. La nouvelle Comédie s'est fait désirer pendant plus de trois décennies.
Fondé en 1913, le théâtre de la Comédie se situait alors à Plainpalais. En 1988, le metteur en scène Matthias Langhoff jette un pavé dans la mare en dénonçant la vétusté du bâtiment et en forçant Genève à se donner les moyens de ses ambitions théâtrales.
"Il a fallu du rêve et de la conviction", a déclaré lors de la cérémonie Thierry Apothéloz, conseiller d'Etat en charge de la culture. Il a rappelé l'ambition claire pour la nouvelle Comédie, une "infrastructure d'intérêt stratégique", qui est de la placer au rang des scènes internationales. "Le canton veut la soutenir de manière pérenne", a-t-il ajouté.
"Il faut des gestes forts face aux crises", a relevé Natacha Koutchoumov, codirectrice de la nouvelle Comédie, dans un discours empreint de remerciements, délivré avec son acolyte Denis Maillefer. Après une saison blanche en 2020-2021, le duo a concocté une cuvée 2021-2022 très dense qui débutera vendredi avec "Olympia" de la Genevoise Rébecca Balestra, dans le cadre du festival de la Bâtie.
Le coût total du projet est de 94 millions de francs, dont 45 millions à la charge du canton. Le budget annuel atteint 16 millions. Ce théâtre répond aux besoins des artistes et des métiers de la scène, a souligné Sami Kanaan, magistrat de la Ville de Genève à la tête de la culture. L'élu compte sur une large ouverture pour l'ensemble de la population, une volonté partagée par le duo de direction.