Les premières grèves climatiques ont influencé 30% des Suisses
Les mobilisations climatiques pacifistes portées par Greta Thunberg ont influencé les comportements environnementaux et habitudes quotidiennes de 30% de la population suisse. C'est ce que démontre une étude de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL).
Jusqu'à présent, les médias et la littérature scientifique ont beaucoup documenté le mouvement "Fridays for Future" lancé en septembre 2019 à travers ses acteurs, mais moins les répercussions de ce phénomène sur la société civile. C'est cet aspect qui a intéressé la chercheuse Livia Fritz, spécialiste de l'étude des dimensions sociales et politiques du changement climatique, avec son équipe de l'EPFL.
"Nous nous sommes focalisés sur celles et ceux qui n'ont pas manifesté et sommes demandé si le mouvement de la grève pour le climat pouvait avoir un potentiel de transformation concret sur la population suisse", explique Mme Fritz, citée dans un communiqué de l'EPFL publié vendredi.
Et la réponse est oui pour près de 30% des quelque 1200 personnes âgées de 18 à 74 ans sondées en ligne en octobre et novembre 2019, soit juste après le pic des grèves du climat.
"Pour obtenir ces résultats, nous nous sommes uniquement basés sur la perception que les gens ont de leur comportement sans vérifier dans les faits, mais cela témoigne déjà d'une réelle prise de conscience de leurs habitudes environnementales et d'un processus de transformation substantiel au niveau individuel", souligne Mme Fritz.
Ces changements de comportement touchaient surtout la mobilité, la consommation et le recyclage. Par exemple, environ un tiers des personnes interrogées ont déclaré qu'elles étaient désormais plus enclines à chercher des alternatives à la voiture pour se rendre au travail, révèle l'enquête menée avec le Laboratoire des relations humaines et environnementales dans les systèmes urbains (HERUS) et publiée dans la revue Sustainability Science.
Elles disaient également privilégier des destinations de vacances plus proches de chez elles afin de réduire les voyages en avion. Ou encore rechercher des produits biologiques locaux et consommer davantage de repas végétariens. Côté déchets, elles disaient faire davantage d'efforts pour réduire le plastique.
Le profil-type des sondés montre qu'ils avaient déjà une sensibilité environnementale élevée ainsi qu'un niveau d'études supérieures, souligne-t-on.
"Cette enquête démontre que l'engagement civique au sein de ces actions collectives peut avoir un impact direct sur le terrain et confirme leur légitimité", affirme la chercheuse de la Faculté de l'environnement naturel, architectural et construit (ENAC) de l'EPFL.
"Nous constatons toutefois que les comportements individuels sont capables de créer du changement tant qu'ils sont accompagnés d'actions politiques allant dans la même direction. La combinaison des deux est indispensable pour obtenir des résultats au long cours et adaptés au temps nécessaire pour lutter contre le réchauffement climatique", conclut Livia Fritz.