Malorie Blanc : "Le moment est venu, je dois faire mon chemin en Coupe du Monde"
Trois semaines après avoir vécu son baptême de la Coupe du Monde à Saint-Moritz, Malorie Blanc aura une nouvelle chance de se montrer à ce niveau le week-end prochain. Engagée lors des épreuves de vitesse de St.Anton, elle tentera de surfer sur la dynamique de sa fin d'année de feu.
Malorie Blanc n'oubliera certainement pas l'année 2024. En l'espace de douze mois, la skieuse d'Ayent a vécu de véritables montagnes russes. L'euphorie d'un double titre aux Mondiaux juniors, la douleur d'une grave blessure au genou ayant précipité la fin de sa saison écoulée, l'opération et une longue convalescence avant un retour tonitruant depuis le début de cet hiver. À 20 ans, la jeune Valaisanne a même eu droit à un Noël anticipé, sous les traits d'un premier succès en Coupe d'Europe et d'un premier départ sur le circuit de Coupe du Monde.
Une part de pression évacuée aux USA
"Dès la préparation, tout s'est super bien enchaîné pour moi", se réjouit celle qui a lancé son exercice en s'alignant sur les courses FIS de Copper Moutain aux Etats-Unis début décembre. "Le fait de pouvoir à nouveau enfiler un dossard là-bas, au milieu d'athlètes de haut niveau, m'a libérée d'une bonne part de pression. En plus, cela s'est très bien passé sur la piste (ndlr : deux fois 30ème en descente mais surtout 4ème puis 3ème en Super-G). Je ne savais pas trop où j'allais me situer au moment de retrouver la Coupe d'Europe et au final, tout s'est fait très naturellement, jusqu'à cette découverte de la Coupe du Monde à Saint-Moritz."
En tout juste trois semaines, Malorie Blanc a donc gravi chacun des trois premiers échelons du ski alpin. Une ascension express venue récompenser les efforts fournis pour retrouver son meilleur niveau. "J'ai eu droit à un bloc de condition physique de près de six mois. Ce n'est pas anodin. Ma préparation sur les skis a été courte et intense puisque je n'ai repris qu'à la mi-septembre, mais elle surtout été qualitative", relève-t-elle. "Mon objectif était de reprendre là où tout s'était arrêté. Lorsque je me suis blessée, j'étais aux portes de la Coupe du Monde. Le défi est donc déjà relevé, tout ce qui vient maintenant sera du bonus."
Plus solide après l'accident
Son éternel sourire toujours accroché à ses lèvres, Malorie Blanc assure aujourd'hui ne retirer que du positif de sa grave blessure et de tout ce qui s'en est suivi. "Au moment de mon accident, j'ai reçu énormément de messages me disant que je reviendrais plus forte, mais je peinais à la comprendre et à me l'imaginer en voyant ma jambe toute gonflée", rigole-t-elle. "Au final, je peux maintenant affirmer que mon bagage est beaucoup plus lourd. Je pense avoir appris énormément de choses sur moi-même et être plus solide qu'il y a douze mois."
Quelques jours seulement avant de s'élancer pour la première fois depuis un portillon de Coupe du Monde, l'Ayentote s'était donc imposée en Super-G de Coupe d'Europe sur les hauteurs de Zinal. "Un succès qui n'a fait que renforcer ma confiance et valider davantage encore tout le travail accompli", se réjouit-elle. "Ajouter une nouvelle ligne à mon palmarès aussi tôt après la blessure était quelque chose de formidable. Je l'ai même vécu comme une forme de libération. Je me suis sentie au bon endroit, au bon moment. Je suis désormais bien installée sur le circuit de Coupe d'Europe et je suis prête à faire le pas suivant. J'ai la sensation que le moment est venu, je dois faire mon chemin en Coupe du Monde."
La découverte d'un nouveau monde
L'espace de quelques jours à Saint-Moritz, Malorie Blanc s'est donc retrouvée propulsée sous les feux de la Coupe du Monde, au milieu des meilleures skieuses de la planète. Une première à ce niveau qui lui a permis de se rendre compte de tout ce qui diffère de ce qu'elle a connu jusque-là durant son parcours.
Lorsqu'elle raconte son baptême de la Coupe du Monde, la jeune Valaisanne a les yeux encore brillants. Elle n'en retient, là aussi, que du positif, malgré son élimination lors du premier Super-G et l'annulation du second en raison de mauvaises conditions météos. "Je suis une compétitrice, donc il y avait forcément une grande part de déception sur le moment, lorsque je suis sortie de piste", avoue-t-elle malgré tout. "Je savais que beaucoup de gens s'étaient réunis pour suivre ma course, que ma famille était dans l'aire d'arrivée, cela a rendu la chose difficile à vivre dans un premier temps mais très vite, cela a été balayé par toutes les émotions d'un premier départ à ce niveau. Ce qui est marrant, c'est que j'étais aussi sortie lors de ma première course FIS et ma première en Coupe d'Europe. Cela doit être mon destin (rires). Je sais que d'autres opportunités se présenteront à moi. Cela m'aide à relativiser cette élimination. Saint-Moritz reste un souvenir que je garderai à vie."
Une deuxième chance à St.Anton
Malorie Blanc n'aura pas à attendre bien longtemps avant de retenter sa chance sur le circuit de Coupe du Monde. Elle prendra part aux épreuves de St.Anton le week-end prochain. "J'aurais certainement moins de pression sur les épaules qu'à Saint-Moritz", estime-t-elle au moment de se projeter sur ce rendez-vous autrichien. "Tout le monde me l'a dit : la première est derrière, il ne reste "plus qu'à" enchaîner. C'est une piste assez technique que je connais pour y avoir disputé les Mondiaux juniors il y a deux ans. Tout va se jouer au niveau du mental pour moi désormais. Mon ski fonctionne bien, donc il ne me reste plus qu'à mettre les choses en place dans la tête pour que je puisse me faire plaisir."
L'Ayentote va avoir de multiples occasions de se faire plaisir, et ce à plusieurs niveaux, ces prochaines semaines. "Avec cette arrivée en Coupe du Monde, j'ai compris que j'allais à présent devoir jongler", souffle celle qui devrait faire des allers-retours entre les deux circuits avant d'aborder l'autre grand rendez-vous de son hiver : les Mondiaux juniors prévus entre fin février et début mars à Tarvisio. "Avec mon coach, nous avons créé un tableau excel en prenant mois après mois. Je sais donc à peu près ce qui m'attend pour janvier, mais pour la suite, je suis plus ou moins dans le flou. Quoi qu'il en soit, je pense avoir prouvé et m'être prouvé à moi-même qu'en me présentant sans attentes au départ d'une course, cela marche presque mieux pour moi. Je vais prendre les choses comme elles viennent, sans me fixer d'objectif trop précis. De toute manière, tout est nouveau pour moi cette saison."