Aux portes de l'élite, Christophe Torrent espère lui aussi saisir sa chance
Fin d'année 2024, le skieur valaisan a effectué le second départ de sa carrière en Coupe du Monde lors de la descente de Bormio. Si cette apparition est positive, elle souligne la difficulté du chemin pour y parvenir et les choix parfois difficiles à prendre.
Tous les regards se tournent cette semaine vers Wengen où le Cirque Blanc fait halte pour y disputer trois courses de Coupe du Monde, du 17 au 19 janvier. Si les Suisses auront une nouvelle occasion de briller de mille feux à domicile, ces épreuves seront également une chance pour les jeunes espoirs nationaux de se montrer. Dans ce petit groupe qui aspire à gratter une place au sein de la Coupe de Monde, on retrouve le Valaisan Christophe Torrent. Pourtant, le skieur d''Arbaz ne descendra par le Lauberhorn puisqu'il sera en lice en Coupe d'Europe. Une décision très difficile à prendre, mais pas totalement illogique. Explications.
Bormio, du bon à en retirer
Présent dans le groupe B de Swiss-Ski depuis plusieurs hivers désormais, Christophe Torrent a dû attendre son heure pour prendre son premier départ en carrière d'une course de Coupe du Monde. C'était il y a moins d'un an de cela, lors de la descente de la mythique Streif, à Kitzbühel. Une course qui s'était par ailleurs soldée par une élimination pour le jeune valaisan. Depuis, l'Arbazien a dû ranger son frein, plus précisément en Coupe d'Europe.
Une attente qui a pris fin il y a quelques semaines, fin d'année 2024 plus précisément, lors de la descente de Bormio. Une épreuve soldée par un 45e rang final, un brin décevant, mais très important dans son apprentissage. "J’étais très content d’avoir obtenu ma chance lors des qualifications internes. C’était déjà une belle réussite", explique-t-il. "Après, je pense que j’ai bien skié durant la première partie de course. J’ai malheureusement été trop prudent par la suite, inconsciemment au vu des nombreux accidents qu’il y avait eus auparavant. J’ai eu de la peine à me lâcher, mais au final, j'étais très content d’avoir rallié la ligne d’arrivée, chose que je n’avais pas réussi à faire lors de mon premier départ à Kitzbühel où ça s'était arrêté beaucoup trop tôt à mon goût", sourit-il.
Des choix pris à contrecœur
Un premier résultat "classé" en Coupe du Monde, suffisant pour lui entrouvrir la porte de l'élite mondiale ? "En Suisse, la concurrence est très rude. Pour s’installer au plus haut niveau, il faut pratiquement avoir une place fixe, c’est-à-dire finir dans les trois premiers au classement général de l’une des disciplines en Coupe d’Europe", détaille le skieur. "Le cœur voudrait faire toutes les courses, mais si on veut vraiment s’installer au plus haut niveau, on est obligé de faire de très belles performances en Coupe d'Europe", poursuit-il.
Une pression du résultat, de la performance, qui lui oblige de se fixer des priorités au sein de l'antichambre du gratin mondial. "Par exemple, cette semaine, je vais participer à une course de Coupe d'Europe en Autriche à la place de participer aux courses de Wengen, où j’avais une place presque assurée", soupire Christophe Torrent. "Ce sont toujours des choix difficiles à prendre. Ces derniers sont pris en concertation avec les entraîneurs. Nous sommes heureusement souvent sur la même ligne, et le dernier mot me revient pratiquement toujours. Chez les garçons, nous avons toujours eu une très bonne communication lorsque les décisions sont prises. Ça permet d’éviter les conflits", détaille-t-il.
Objectif Kitzbühel avant le graal à la maison ?
Si la déception de devoir faire l'impasse sur une épreuve "à domicile" peut être compliquée à digérer lorsqu'on est un jeune espoir, ce n'est pas le cas pour le Valaisan qui a déjà d'autres grands rendez-vous derrière la tête. "À l'inverse de Wengen, il n'y aura pas de course de Coupe d'Europe lors des épreuves de Kitzbühel (24-26 janvier). C’est aussi pour cela que j’espère y participer. Je vais me concentrer d’abord sur la Coupe d’Europe en espérant performer le mieux possible, et si ça se passe bien, je vais rester en Autriche pour la Coupe du Monde. De plus, c’est un tracé que je connais pour l’avoir fait la saison dernière. J’ai vu que je pouvais être rapide".
Spécialiste de vitesse, l'Arbazien pourrait bénéficier de belles cartes à jouer ces prochaines semaines. Si les Championnats du Monde à Saalbach début février semblent à ce stade utopiques, les ambitions de prendre part aux épreuves de Crans-Montana sont plus réalistes. Pour le Valaisan, tous les rêves sont permis. "Ça me donne presque les frissons rien que d'en parler. Avec Anzère, Crans-Montana était l’endroit où je m’entrainais quand j’étais petit. Ça fait juste rêver d’avoir la possibilité de faire des courses de Coupe du Monde à côté de la maison. J’espère vraiment faire de bons résultats en Coupe d’Europe pour avoir un ticket pour ces courses", précise-t-il.
L'exemple Justin Murisier
À 25 ans, Christophe Torrent fait partie de la vielle garde du groupe des espoirs. Avec les récentes victoires d'Alexis Monney, 25 ans, et Franjo von Allmen, 23 ans, le Valaisan ne souhaite pas se stresser. "Il y a toutes sortes de profils, chaque athlète est différent. Dans mon cas, pour faire de la vitesse à 25 ans, c’est encore jeune. Je pense que les résultats d’Alexis et Franjo sont des exceptions. Finalement, le but n’est pas d’arriver le plus vite au sommet, mais le plus longtemps possible. Pour moi, cela prend peut-être plus de temps, mais 25 ans, c'est encore jeune en vitesse", explique-t-il.
Exemple à l'appui, celui d'un autre Valaisan, en la personne de Justin Murisier. Spécialiste de technique avant de jeter tardivement son dévolu sur la vitesse, le Bagnard a remporté cet hiver sa première victoire en Coupe du Monde lors de la descente de Beaver Creek. Un véritable exemple pour l'Arbazien. "Avec tous les pépins physiques qu’il a eus, toutes les douleurs qu’il ressent encore aujourd’hui, le fait qu’il arrive à skier aussi vite est incroyable. J’ai un gros respect pour lui. J’ai aussi eu mon lot de blessure, et toutes proportions gardées, voir que lui a réussi malgré tous ces obstacles, ça me donne de l’espoir".