Arnaud Boisset doit désormais se reconstruire : "Il faut que je prenne du recul"
Après une troisième chute cet hiver, heureusement sans gravité cette fois-ci, le Martignerain a décidé de mettre un terme de manière prématurée à sa saison. Une décision prise à contrecœur, mais inévitable pour sa santé.

Cela devait être l'hiver de la confirmation pour Arnaud Boisset. Au final, cet exercice restera comme un véritable puits sans fond pour le Valaisan de 25 ans. Lourdement touché à la tête dès la première épreuve de vitesse à Beaver Creek, il avait été contraint de mettre une première fois sa saison entre parenthèses, à cause d'une commotion cérébrale.
À peine de retour sur des skis de compétition, le Martignerain avait à nouveau trébuché, à quelques mètres de l'arrivée à Kitzbühel. Sans gravité physique, mais un petit traumatisme psychologique à la clé. Et pour clôturer cet hiver cauchemardesque, il s'est une troisième fois retrouvé au tapis la semaine dernière, lors de l’ultime entraînement de la descente à Crans-Montana. Trop, c'est trop pour Arnaud Boisset qui a annoncé dans la foulée mettre un terme à sa saison.
Un virage qui aura fini par tout changer
Arnaud Boisset avait pourtant conclu le dernier hiver par un retentissant podium lors des finales de Coupe du Monde à Saalbach. Un résultat qui annonçait la couleur pour cette saison. "J’avais de grosses attentes pour cet hiver qui devait être celui de la confirmation pour moi", explique le principal intéressé. Envieux de pouvoir se faire une place parmi les meilleurs skieurs du Cirque Blanc, le Valaisan en attendait beaucoup de cette saison. Mais dès la première descente de l'exercice, à Beaver Creek, il s'est retrouvé propulsé dans les filets de protection. Résultat sans appel, une commotion cérébrale à la clé et de nombreuses semaines de repos nécessaires.
Touché physiquement, mais surtout choqué psychologiquement, Arnaud Boisset a pris le temps de se reposer. "Avec un traumatisme crânien, cela a été dur de retrouver le rythme. Je crois avoir fait les choses dans l’ordre, en prenant six semaines de pause entre la chute et Wengen". Un retour à la compétition, à Wengen, qui s'est déroulé sans grabuge pour le skieur. Mais seulement quelques jours plus tard, sur la Streif de Kitzbühel, terre de son premier Top 10 en Coupe du Monde, le Valaisan est tombé à quelques mètres de la ligne d'arrivée. Une chute qui lui a, à nouveau, coupé l'herbe sous le pied et l'a contraint à se retirer plusieurs pendant semaines.
Alors que les épreuves de Crans-Montana devaient lui permettre de repartir du bon pied, le dernier entraînement en vue de la descente a eu raison de lui. Une troisième chute qui aura été celle de trop pour Arnaud Boisset, qui a décidé d'écouter la voix de la sagesse. "Je n’ai en tout cas aucun regret, car j’ai mis tous les moyens que j’avais à ma disposition pour revenir. Mais c’était un peu court pour le faire cette saison, je pense honnêtement que c’était impossible même".
Une reconstruction qui prendra du temps
Dans une sélection suisse de vitesse où la densité est folle, Arnaud Boisset a vu, en son absence, son statut reculer course après course. Sa place désormais en danger, la décision de se retirer n'a pas été simple pour le Valaisan. "Ce n’était pas une décision facile, mais elle est certainement sage et logique avec ce qu’il s’est passé. Je l’ai clairement prise à contrecœur, mais c’était la seule solution possible actuellement", précise-t-il. Avec toutes les péripéties auxquelles il a fait face, Arnaud Boisset est aujourd'hui marqué psychologiquement. "Il faut que je prenne un peu de recul ces prochains temps. Que je prenne mes distances avec tout ce qui est arrivé ces derniers mois et que je me repose tant mentalement que physiquement, avant de me reconstruire gentiment pour l’année prochaine. Quand on prend une décision comme celle-là, il faut tout mettre sur la table. Les entraîneurs font office de conseiller. C’était logique, car tous les scénarios évoqués poussaient à mettre un terme prématurément à cette saison".
Le ski alpin, ce sport qui n'a aucune pitié
Cet hiver, le Cirque Blanc a été marqué par de terribles chutes. Celles d'Arnaud Boisset et de Cyprien Sarrazin, entre autres, soulignent le danger que prennent les spécialistes de vitesse. À contrario, lorsque le tracé est jugé trop lent, comme lors du premier entraînement sur la Nationale, les critiques fusent. Un paradoxe où l'équilibre entre le spectacle et la sécurité des athlètes est difficile à trouver pour les organisateurs. "C’est vrai que nous avions dit après les premiers entraînements que la piste était facile. Mais quand on regarde la vitesse moyenne de la course, c’est tout de même du 111 km/h sur la descente. Il y a une tolérance au risque qui est assez élevée dans notre sport", relève Arnaud Boisset.
Conscient du risque, Arnaud Boisset n'arrive toutefois pas à s'en faire une raison. "Les chutes font malheureusement partie du ski alpin. On essaie de les éviter au maximum, mais ça arrive très souvent. Cette saison, il y en a eu quelques grosses sur la tête qui sont, pour moi, un gros problème, car elles ont un impact sur la vie", soupire-t-il. Le Martignerain n'a d'ailleurs pas été le seul à sortir de piste à Crans-Montana, puisque le Français Nils Alphand a dû être héliporté vendredi dernier.
Malgré un parcours semé d'embûches, Arnaud Boisset ne souhaite pas baisser les bras pour la suite de sa carrière sportive. À 25 ans, il se dit prêt à repasser par la case Coupe d'Europe s'il le faut.
En immersion dans son Fan's Club
Éloigné des pistes, Arnaud Boisset a profité des épreuves de Crans-Montana pour passer du temps avec son Fan's Club. "Pour une fois, j'étais dans le public", sourit-il. "C’était intéressant d’être de l’autre côté et de vivre ce moment depuis les gradins. J’ai aussi eu de belles émotions de voir les copains tout devant. Après, ce n’était pas la place que j’espérais au début de l’année. Mais même si je n'ai pas pu participer aux courses, mes supporters étaient quand même présents ce week-end. C’est vraiment cool, ils sont toujours là, peu importe les résultats. C’est très bienveillant et ils m’ont dit qu’ils espéraient me soutenir ici, dans deux ans, lors des Mondiaux. C’est un gros boost de motivation", conclut-il.