Sierre-Zinal : la 10ème de Kilian Jornet, la confirmation des Kényans ou la revanche de Rémi Bonnet?

Reste que le rendez-vous anniviard a célébré comme il se doit son demi-siècle d'existence l'an dernier, au cours de plusieurs jours de festivités. "Beaucoup d'énergie a été déployée pour assurer la réussite de cette 50^ème édition. La motivation n'a toutefois pas été difficile à trouver pour relancer la machine en vue de cette 51^ème", assure Vincent Theytaz. "Elle est venue rapidement grâce au comité et, surtout, aux nombreux bénévoles qui nous accompagnent."

Après avoir cherché à mettre les petits plats dans les grands il y a douze mois, les organisateurs sont, certes, revenus, à un programme plus ordinaire. Mais pas question pour autant de parler d'édition "plus simple" à mettre sur pied. "C'est ce que l'on pouvait se dire au départ. On prévoyait de se calmer un peu après avoir apporté des nouveautés chaque année, mais après quelques semaines seulement, de nouvelles idées ont émergé. Nous cherchons toujours à nous améliorer et autour de la table, nous sommes une bande de motivés. Impossible de rester dans nos baskets en faisant simplement du copier-coller d'année en année."

Pour cette édition 2024, le comité d'organisation a notamment décidé d'augmenter le nombre de participants à la course des enfants prévue ce vendredi soir en Ville de Sierre. Ils seront ainsi 500 à s'élancer dans les rues de la cité du Soleil. "Même s'ils ne font que 400 mètres, ils ont l'impression de faire Sierre-Zinal.", sourit Vincent Theytaz qui souligne l'importance de l'engouement suscité par ce rendez-vous pour les plus jeunes. Autre nouveauté cette année : une exposition retraçant l'histoire de la course des cinq 4'000 le long de la route menant à Zinal. "Nous avons voulu profiter d'une certaine manière des ralentissements que l'on retrouve chaque année à l'entrée de la station. Ce sont peut-être de petits détails, mais ils nous permettent de proposer quelque chose de qualité, année après année."

Si un élément ne diffère pas sur Sierre-Zinal, c'est le formidable engouement populaire que l'épreuve suscite. Les plus de 6'000 inscriptions se sont une fois encore arrachées en quelques minutes. "On espère que tout le monde sera là, même si on tourne généralement autour des 10% d'absents sur la ligne de départ", relève le boss de l'événement.  L'an dernier, la course des cinq 4'000 avait bénéficié d'une exposition médiatique sans précédent, grâce notamment à une couverture importante de la chaîne de télévision Eurosport. "Cette fois, il est difficile de rivaliser avec les Jeux Olympiques. Nous ne serons pas en direct, mais Eurosport nous a quand même réservé une jolie surprise puisqu'ils vont tourner un reportage de 25 minutes qui sera diffusé à la fin des JO. Cela nous assure de garder une grande visibilité et prouve l'intérêt suscité par notre course. Nous avons de la chance de pouvoir compter sur de belles locomotives qui viennent chez nous le couteau entre les dents pour jouer la gagne."

Cette 51ème édition ne fera pas exception en présentant un alléchant plateau de prétendants à la victoire. Parmi eux, le "roi" Kilian Jornet. Forfait l'an dernier, le Catalan visera une 10ème victoire à Zinal et, pourquoi pas, un nouveau record après celui établi en 2019 (2h25'35). "Nous sommes toujours un peu mesurés quant à sa présence ou non et finalement, c'est lui qui annonce à chaque fois qu'il a choisi Sierre-Zinal comme l'une des dates clés de son calendrier. Pouvoir compter sur lui est tout simplement fantastique. Cela permet d'attirer les regards en direction du Valais."

Kilian Jornet devra toutefois faire face à une rude concurrence s'il entend signer un nouveau succès. Un an après avoir été contraint à l'abandon suite à une défaillance physique, le Gruérien Rémi Bonnet sera en quête de revanche. Tenant du titre, le Kényan Philemon Kiriago espère lui conserver sa couronne. Ses compatriotes Patrick Kipngeno (2ème l'an dernier), Kevin Kibet (3ème en 2023) et Paul Machoka (vainqueur de Thyon-Dixence dimanche dernier) feront également figure de favoris sur la ligne de départ. "Les Kényans présentent une dream team composée de coureurs qui viennent chez nous depuis plusieurs années. Nous collaborons toujours avec l'équipe Run2gether qui amène ces athlètes sur notre course. Au fil du temps, ils ont appris à mieux gérer leur effort et à ne pas se cramer dès le départ. Depuis deux ans maintenant, le Kénya sur Sierre-Zinal, c'est du sérieux." Chez les dames, la mauvaise nouvelle concerne le nouveau forfait de Maude Mathys. Contactée lundi, la Chablaisienne nous disait que les chances de la voir au départ n'étaient que de 10%. Mercredi, elle annonçait elle-même sur ses réseaux sociaux être dans l'incapacité de s'aligner. En son absence, l'Américaine Sophia Lauckli devrait se battre pour une 2ème victoire consécutive face aux Kényanes Philaries Kisang et Joyce Njeru (double tenante du titre à Thyon-Dixence). La Bernoise Judith Wyder sera quant à elle une sérieuse outsider.

Autre nom connu qui prendra le départ de la course des élites samedi sur le coup de 11h00 : un certain Candide Pralong. En pleine préparation de l'hiver à venir, le fondeur du Val Ferret suit les traces de Sophia Lauckli. Lauréate de la 50ème édition, l'Américaine avait créé la surprise avant de performer durant la saison écoulée de ski de fond.

Attirer des acteurs d'autres disciplines sur la course des cinq 4'000 : l'un des défis d'avenir pour Vincent Theytaz et son comité à l'heure de plonger dans la 2ème partie du siècle d'existence de Sierre-Zinal. "Notre priorité pour le futur est double : nous voulons continuer à accroître notre notoriété à l'international grâce à des collaborations telles que celle qui nous lie à Eurosport, mais nous voulons aussi conserver un profond ancrage local. Cela passe notamment par la fidélisation de nos nombreux bénévoles et partenaires sans qui Sierre-Zinal ne serait rien. Ce sont eux qui portent cette course depuis le début."