Raphaël Addy, impatient d’en découdre avec l’Everest
Deux fois troisième lors des deux premières éditions, le Riddan Raphaël Addy sera l’un des favoris à la victoire ce samedi lors du 4ème Tour des Stations. En très grande forme cette saison, il se dit impatient d'avaler l’équivalent du dénivelé de l’Everest derrière son guidon.
«Un duel valdo-valaisan», c’est ainsi que les organisateurs du Tour des Stations ont présenté durant la semaine la 4ème édition de leur événement prévue ce samedi. «La victoire sur l’épreuve reine de l’ultrafondo devrait se jouer entre le Vaudois Guillaume Bourgeois, vainqueur l’an dernier, et le local de l’étape Raphaël Addy», prédit le président du comité d'organisation Grégory Saudan. «À eux deux, ils ont pratiquement gagné toutes les cyclosportives de la saison. On verra bien lequel lèvera les bras en premier au sommet du mythique col de la Croix de Cœur.»
«Je ne veux pas me mettre l’étiquette de favori»Raphaël Addy
Deux fois troisième lors des éditions de 2018 et 2019, Raphaël Addy reconnaît avoir fait du Tour des Stations l’une des priorités de sa saison. «Mais je ne veux pas me mettre l’étiquette de favori pour autant», tempère-t-il. «Plus qu’un objectif de place, c’est un objectif de temps que je me fixe. Mon but est de faire moins de dix heures. Et si c’est le cas, je ne devrais pas être loin du podium, voire mieux. Mais vraiment, je ne veux pas me mettre de pression. Je ne commettrai pas la même erreur que l’an dernier.»
Contraint à l’abandon en 2020
L’an dernier justement, le Riddan avait été contraint à l’abandon après plus de 5h30 de course. «J’avais été embêté par un genou durant l’été et je n’avais pas pu m’entraîner comme je le voulais avant de prendre le départ. Mais je ne suis pas rancunier», sourit-il. «Je suis impatient d’en découdre cette année. Je vais essayer de transformer cette déception passée en une motivation. Vous savez, sur une course aussi longue que celle-ci, c’est avant tout le mental qui fait la différence. Au bout d’un moment, il n’y a plus vraiment de tactique. C’est celui qui tient le plus longtemps qui l’emporte.»
«En course, je pense à plein de choses pour éviter de me focaliser sur la douleur qui, à un certain moment, devient inévitable»Raphaël Addy
Pour être de ceux qui tiennent le plus longtemps comme il le dit, Raphaël Addy a sa méthode à l’heure de monter en selle pour de longues heures: «Je pense à plein de choses pour éviter de me focaliser sur la douleur qui, à un certain moment, devient inévitable. Il y a forcément des moments durant la course où on est moins bien. Je pense alors à ma famille, à tout ce que j’ai en dehors du sport. Il faut savoir laisser passer le temps. Beaucoup de gens ont de la peine à comprendre l’intérêt de «se faire mal» pendant si longtemps. Tout ce que je peux dire, c’est qu’on fait avant tout ça pour se lancer un défi personnel.»
La confiance au rendez-vous
À 31 ans (et contrairement à l’an dernier) Raphaël Addy semble être dans les meilleures conditions pour performer sur celle qui est proclamée à l’envi «course d’un jour la plus dure au monde» par les organisateurs. «J’ai fait un super début de saison», reconnaît-il. «J’ai gagné plusieurs courses donc la confiance est avec moi. J’ai vraiment toutes les cartes en main pour bien faire mais attention, sur une telle course il peut se passer énormément de choses.»
«J’ai essayé de passer pro quand j’étais plus jeune. Malheureusement, j’avais de la peine à boucler mes fins de mois.»Raphaël Addy
Vainqueur successivement de la Châtel Leman Race et de Martigny-Mauvoisin durant le mois de juillet, celui qui s’est également imposé sur plusieurs Granfondo ces derniers mois force le respect. Et pour cause: pour lui, le vélo reste un loisir. «J’ai essayé de passer professionnel quand j’étais plus jeune», relève le Riddan. «Malheureusement, en Suisse, cela reste relativement difficile de vivre de ça. J’avais de la peine à boucler mes fins de mois donc j’ai décidé de tourner la page. Aujourd’hui, j’ai trouvé un bon équilibre entre mon job et le vélo. Je m’entraîne peut-être même plus sérieusement qu’à l’époque. C’est ce qui fait la différence quand je suis en course.»
Le souvenir de sa première victoire à domicile
Raphaël Addy ne tire donc aucun regret de son expérience avortée dans le cyclisme professionnel. «Je dirais plutôt que j’étais semi-pro», corrige-t-il. «Mais effectivement, je ne garde que de très bons souvenirs. J’ai notamment eu la chance de courir en Chine ou en Afrique. C’est des moments qui restent gravés dans ma mémoire.» Mais plus que ces expériences lointaines, c’est une épreuve bien plus proche de la maison qu’il avance au moment de citer son meilleur souvenir derrière un guidon: «Ma première victoire en amateur, à 19 ans. J’avais gagné le Grand Prix des Vins Valloton à Fully où j’habitais encore. L’emporter à domicile, sur mes terres, devant mes proches, c’était génial!»
Et s’il remettait ça samedi, en s’adjugeant ce fameux Everest, devant sa famille et ses amis qui seront présents dans l’aire d’arrivée de ce 4ème Tour des Stations à Verbier? «On a déjà prévu d’aller manger une bonne chinoise le soir. J’espère donc que l’on aura quelque chose de beau à fêter à cette occasion», rigole-t-il.
En 2020, le Tour des Stations avaient été l’un des rares événements à survivre à l’émergence du covid. Douze mois plus tard, avec l’expérience engendrée et l’évolution de la situation sanitaire, cette 4ème édition a-t-elle été plus facile à mettre sur pied que la précédente? «Je dirais que c’est le contraire», répond Grégory Saudan, président du comité d'organisation. «Il y a un an, on naviguait à vue. C’était moins cadré, il y avait moins de contraintes à observer.» Ce samedi, participants et accompagnants devront ainsi obligatoirement être en possession d’un certificat covid. «Il sera possible de se faire tester non loin du départ», poursuit le boss de l’événement. Lequel se dit satisfait de l’engouement généré par cette édition: «On en est à 2'600 participants, c’est plus ou moins l’objectif fixé (ndlr: 3'000 coureurs). Surtout que les inscriptions continuent à rentrer chaque jour.» Parmi les partants samedi, plusieurs noms connus tels que l’Espagnol Alberto Contador. Tout semble donc réuni pour que la réussite de l’événement soit au rendez-vous. «On a quand même pour habitude de dire qu’elle dépend à 50% de la météo. On espère donc avoir un coup de pouce de ce côté-là.»