Nouvelle-Zélande - Argentine, les mondes parallèles
Nouvelle-Zélande et Argentine évoluent sur des planètes distinctes.
Elles devront parfaitement s'aligner en demi-finale de Coupe du monde vendredi (21h00) au Stade de France pour que les Pumas empêchent les All Blacks de se rapprocher un peu plus d'un quatrième sacre historique.
La différence de niveau était telle le week-end dernier en quarts entre Argentine - Galles (29-17) d'un côté et Nouvelle-Zélande - Irlande (28-24) de l'autre que l'on pouvait se demander par moments s'il s'agissait bien du même sport.
Vérification faite, les quatre équipes se passaient bien un ballon ovale vers l'arrière, mais les Néo-Zélandais l'ont fait avec tant de précision et de talent que l'on voit mal ce qui pourrait les priver de la cinquième finale de leur histoire, en dix éditions.
A peine redescendus de leur nuage irlandais, ils ont tout de même joué cette semaine la carte de la prudence devant les micros, avec la bienséance de rigueur en pareille occasion. Le demi de mêlée Aaron Smith a notamment convoqué le souvenir "douloureux" de la demi-finale perdue contre l'Angleterre (19-7) il y a quatre ans au Japon.
"C'est une grande source de motivation pour les gars qui étaient là-bas", a-t-il témoigné. "Cette douleur nous a aidés à nous remettre à l'ouvrage après un match riche en émotions (contre l'Irlande)".
Whitelock et Tele'a
"Nous avons appris à avoir le plus grand respect pour l'Argentine. Ils ont l'habitude de se surpasser en Coupe du monde et ont réalisé un travail fantastique pour en arriver jusque-là", a embrayé le sélectionneur Ian Foster au moment de dévoiler sa composition.
Elle comporte deux changements par rapport à celle alignée samedi dernier contre le XV du Trèfle: l'immense Sam Whitelock, All Black le plus capé de tous les temps (151 sélections), remplace Brodie Retallick en deuxième ligne et Mark Tele'a retrouve l'aile gauche après avoir été puni pour ne pas avoir respecté un couvre-feu.
"Mark a purgé sa peine. Il a commis une erreur, il a accepté ce qui se passait, mais il ne faut pas s'attarder là-dessus. C'est notre meilleur ailier. Nous avons une grande confiance en lui", l'a absous Foster.
Le retour de Tele'a, auteur de trois essais en deux matches, ne semble pas inquiéter outre-mesure son vis-à-vis argentin Emiliano Boffelli: "Je sais qui c'est, qu'il est rapide et puissant, qu'il a bien joué contre la France (...), mais je préfère me concentrer sur ce que je peux faire moi plutôt que sur mon adversaire".
"Le match de notre vie"
A l'image de leur buteur, qui brille aujourd'hui sur les pelouses françaises après avoir échoué à faire son trou au Racing 92, les Pumas abordent la troisième demi-finale de Coupe du monde de leur histoire (après 2007 et 2015) avec une étonnante sérénité.
"Tout le monde s'attend à une finale entre la Nouvelle-Zélande et l'Afrique du Sud", opposée à l'Angleterre samedi dans l'autre demi-finale, a relevé leur sélectionneur Michael Cheika.
"L'histoire ne plaide pas en notre faveur, mais c'est à nous d'inverser cette tendance", a ajouté l'Australien, qui n'a lui procédé qu'à un seul changement dans son XV de départ avec le retour de Gonzalo Bertranou au poste de demi de mêlée.
Les Sud-Américains, dont le tournoi est déjà réussi quoi qu'il arrive, ont fait tomber une barrière psychologique en dominant les Blacks à deux reprises en 2020 et 2022.
"C'est la preuve qu'on peut battre n'importe qui, s'est convaincu le talonneur et capitaine Julian Montoya. On a confiance en notre équipe et en nos joueurs. C'est le moment de sortir le match de notre vie."