JO 2022: à Pékin, une avocate sédunoise sera au coeur de la lutte anti-dopage
Une Valaisanne fait partie de la commission anti-dopage des JO de Pékin. L'avocate sédunoise Raphaëlle Favre Schnyder aura l'avenir de plusieurs athlètes entre ses mains.
Les Jeux Olympiques 2022 débutent officiellement ce vendredi 4 février à Pékin. Au total, 168 athlètes suisses ont été sélectionnés, dont 12 Valaisans. Mais davantage de ressortissants du Vieux Pays seront du voyage en Chine. Et ce malgré le huis clos décidé par les autorités pour toutes les compétitions.
C’est le cas Raphaëlle Favre Schnyder. L’avocate de 52 ans fait partie des quatre arbitres sélectionnés dans la division anti-dopage du Tribunal arbitral du sport (TAS). «Il s’agit d’une commission ad hoc chargée de rendre des décisions en cas de contrôle positif avant et pendant les Jeux. Cela dans les 24h», détaille celle qui est spécialisée dans l’arbitrage commercial et sportif.
Travailler sous pression
Avant de reprendre: «La particularité de cette mission est la rapidité de la délibération. Les athlètes ont besoin d’une décision dans les meilleurs délais, après l’audience, le plaidoyer des avocats, avoir entendu l’athlète, avoir analysé les preuves et les expertises. C’est spécial car on doit travailler sous pression, être capable d’analyser rapidement un état de fait et oser prendre la décision nécessaire.»
«Rendre une décision aux JO, c’est différent. Il y a quasiment des vies en jeu, en tout cas des carrières sportives.» Raphaëlle Favre Schnyder, arbitre anti-dopage aux JO 2022
Des décisions rapides donc qui parfois, représentent des enjeux (très) importants. Si le secret professionnel ne lui permet pas de détailler les affaires traitées, Raphaëlle Favre Schnyder assure que la médiatisation d’un cas n’a jamais influencé son choix. Elle ajoute n’avoir jamais subi de pression avant de rendre son verdict, et est consciente des conséquences que celui-ci peut avoir. «J’en ai l’habitude au quotidien. Mais aux JO, c’est différent. Il y a quasiment des vies en jeu, en tout cas des carrières sportives. C’est rude, donc la décision doit être réfléchie et basée sur les faits.»
Des règles en constante évolution
Et sur des règlements en constante évolution, puisqu’ils s’adaptent aux nouvelles techniques de dopage. «Il faut être capable d’analyser les expertises scientifiques. Par exemple pour le passeport biologique: quelles sont les modifications dans le sang ? Quelles sont les microdosages autorisés ou non ? Les règles de l’agence mondiale antidopage sont assez compliquées. Par contre, notre travail est facilité par le fait que la majorité des fédérations internationales se basent sur ces règles-là pour établir leurs règlements.»
Ce défi tant scientifique qu’administratif est volontiers relevé par la Sédunoise, nommée arbitre au TAS il y a cinq ans. Cette expérience olympique au sein de la commission anti-dopage représente un aboutissement dans sa carrière. «Je suis évidemment très honorée d’avoir été sélectionnée pour ce rôle. Ils choisissent des gens en qui ils ont confiance et qui sont capables de travailler dans ces conditions particulières. Notre nationalité a aussi une importance. Et ils essaient de plus en plus d’avoir une parité de genre.»
«Il y a de l’impatience, oui. Mais aussi une certaine appréhension. La situation sanitaire complique notre quotidien. Je ne sais pas trop ce qui m’attend là-bas.» Raphaëlle Favre Schnyder, arbitre anti-dopage aux JO 2022
Partie pour la Chine jeudi dernier, Raphaëlle Favre Schnyder se montrait impatiente avant son départ. «Il y a de l’impatience, oui. Mais aussi une certaine appréhension. La situation sanitaire complique notre quotidien, entre les tests à répétition et les formalités à remplir. Je ne sais pas trop ce qui m’attend là-bas.»
Cette passionnée de sport – et plus précisément de ski alpin (elle est présidente du ski club Hérémencia, lire encadré) – espère tout de même pouvoir suivre quelques compétitions. «Celles du ski alpin, évidemment, mais aussi celles qu’on a moins l’habitude de voir, comme le short track ou le patinage artistique. Tout dépendra de ma charge de travail.»
Charge de travail inconnue
Celle-ci est d’ailleurs très compliquée à estimer. «Il n’existe pas de statistiques fiables sur le nombre de cas par JO. Il y a de grosses variations entre les différentes éditions. A Rio en 2016, par exemple, lorsque le scandale de la fédération russe est sorti, les affaires se sont multipliées. Mes collègues ont eu énormément de travail.» Qu'importe la charge de travail, Raphaëlle Favre Schnyder va vivre, à sa manière, son rêve olympique.
Raphaëlle Favre Schnyder est la présidente du ski-club Hérémencia, auquel appartient Loïc Meillard. «Ce n’est pas la première fois que Loïc est sélectionné pour les JO. Mais c’est une fierté !», lance la Sédunoise. «Tout comme sa sœur Mélanie, il est un exemple pour la jeunesse du ski-club qui se lance dans la compétition.» Selon elle, combien son protégé va-t-il faire de médailles? «C’est difficile à dire car dans un bon jour, il peut en décrocher trois ! Mais la concurrence est tellement rude ; ils sont tous dans un mouchoir de poche. Il fera ce qu’il faut, j’en suis certaine.»
Dans ces JO à huis-clos, Raphaëlle Favre Schnyder sera un soutien de poids pour Loïc Meillard. «Il faut lui demander! Ça me fait plaisir que quelqu’un puisse être à Pékin pour le soutenir, lui et tous les autres Valaisans. Après, je ne suis pas la seule Suissesse qui sera sur place. Dans les staffes ou les fédérations internationales, il y a en a beaucoup», conclut-elle.