Gerd Zenhäusern : "En tant que directeur sportif, il faut savoir être une tête dure"
Nommé en fin d'année dernière au poste de directeur sportif de Fribourg-Gottéron, Gerd Zenhäusern est officiellement entré en fonctions début mars. À l'aube de la nouvelle saison, il se confie sur son rôle, ses attentes et livre son regard sur la situation actuelle du hockey valaisan.
À deux semaines du coup d'envoi de la nouvelle saison de National League, le HC Fribourg-Gottéron était présent en Valais vendredi dernier. Il a participé aux festivités de l'inauguration de la nouvelle patinoire du HC Anniviers en disputant un match amical de gala face au CP Berne (défaite 0-2 des Dragons). L'occasion de rencontrer le Haut-Valaisan Gerd Zenhaüsern, directeur sportif du club fribourgeois depuis le 1er mars.
Gerd Zenhäusern, ancien joueur, ancien entraîneur, vous voilà depuis quelques mois dans le costume de directeur sportif. Difficile d'avoir un profil plus complet que le vôtre…
C'est vrai, mais nous sommes plusieurs à présenter un CV relativement similaire. Avoir ce parcours derrière moi m'aide énormément. Je sais que les moments difficiles font partie d'une saison, et je sais quels outils employer pour essayer de les limiter et ne pas recommettre les erreurs du passé. Ce qui est beau, c'est que ce rôle me donne un nouveau challenge. Ce que j'ai vécu comme joueur ne compte plus, ce que j'ai connu lorsque j'ai commencé à entraîner il y a une dizaine d'années a bien changé. Je suis obligé de me remettre en question, d'évoluer et de m'adapter aux exigences actuelles du hockey.
Qu'est-ce qui vous plait le plus dans ce job de directeur sportif?
Toute la diversité de tâches qu'il représente. Il y a un aspect très administratif lorsqu'il faut organiser ou planifier certaines choses et un aspect plus passionnant quand on regarde les matches, qu'on analyse le jeu de tel ou tel joueur et qu'on échange avec le coaching staff. Nous avons un vrai rôle à jouer auprès des joueurs. Même si ce n'est pas ma responsabilité principale, je suis là pour les motiver quand il le faut. J'apprécie également de pouvoir prendre un peu de recul, d'observer les choses avant de les mettre en place.
À contrario, quels aspects vous plaisent le moins? La pression engendrée par une telle responsabilité peut-être?
Franchement? Quand on assume un poste comme celui-ci, on ne pense pas trop à la pression. Il faut pouvoir se reposer sur une bonne équipe. Il faut bien se préparer, définir notre stratégie en amont de la saison et s'y tenir même lors des moments de mou qui sont inévitables. Il faut savoir être une tête dure. Finalement, quand on a la chance d'exercer un métier tel que celui-ci, la pression, on se la met nous-mêmes.
Qu'est-ce qui fait un bon directeur sportif selon vous?
Le fait de rester soi-même et surtout, d'être respectueux. Être ferme est une bonne chose, à condition d'être honnête avec tout le monde. À partir du moment où l'on prend une décision, le joueur concerné doit en être informé.
Parlons de l'aspect des transferts. Comment le gérez-vous?
Alors, je ne dirais pas que c'est la jungle, mais la difficulté que l'on a en Suisse est qu'il n'existe pas de période de mercato comme c'est le cas en football notamment. Les discussions peuvent avoir lieu à tout moment. Ce n'est pas évident pour les joueurs et cela ne l'est pas non plus, voire surtout, pour nous les directeurs sportifs. On prépare la saison suivante en misant sur l'un ou l'autre élément qui nous semble susceptible de nous apporter un plus, sans qu'il l'ait réellement déjà prouvé. Parfois, nous aimerions attendre la fin du championnat pour voir de quoi un tel ou un tel est capable, mais nous devons finalement les contacter bien avant pour éviter d'être les grands perdants du marché. Ce n'est pas évident et surtout, je dirais que ce n'est pas sain pour le hockey suisse dans sa globalité. Certains joueurs ont moins besoin de fournir d'efforts sur la glace, en sachant qu'ils ont déjà plusieurs contacts leur proposant un nouveau contrat.
Des nouveaux contrats qui peuvent être de très longue durée. Comment l'expliquez-vous?
Par le fait que certains joueurs ne se retrouvent sur le marché qu'une à deux fois dans leur carrière. Si l'on sait que l'on veut bâtir quelque chose sur la durée avec eux, nous n'avons pas le choix que de leur proposer de s'engager pour de longues années.
Il y a quelques semaines, votre défenseur Dave Sutter nous avait dit que la saison écoulée n'avait pas été bonne pour Fribourg-Gottéron. Vous partagez ce constat?
Je peux le partager dans la mesure où la dynamique était très bonne, que nous avons réalisé notre record de points en saison régulière et que nous avons fini par ne remporter qu'un seul match en demi-finale des playoffs contre Lausanne. En tant que sportifs et compétiteurs, nous avions clairement envie de mieux faire.
Dave Sutter nous disait aussi que le club avait beaucoup grandi depuis son arrivée en 2020…
C'est le cas. Nous avons pratiquement doublé notre effectif sur le plan administratif et nous disposons avec notre nouvelle patinoire d'un fantastique outil de travail. Notre croissance n'est pas terminée. Il nous reste encore du travail à accomplir pour arriver là où nous le souhaitons. Parfois, il vaut mieux avancer petit pas par petit pas, même si nous ne pouvons pas nous permettre de perdre trop de temps. Dans notre sport, seule la victoire compte. Les critiques arrivent souvent avant qu'on ait pu mettre en place tout ce qu'on souhaitait.
Peut-on affirmer que la nouvelle patinoire a tout changé pour Fribourg-Gottéron?
En tout cas, elle a changé beaucoup. Si on continue à la remplir comme l'an dernier, elle va énormément nous aider sur le plan économique. Après la période du covid, ce n'est pas négligeable.
Sportivement, quelles sont vos attentes pour cette nouvelle saison?
La trajectoire idéale serait d'abord de nous qualifier directement pour les playoffs. Il y a énormément d'équipes qui peuvent prétendre au top 6. Nous avons appris de ce que nous avons vécu l'an dernier. Nous savons que nous devons être prêts au bon moment de la saison.
Est-ce qu'on exagère Gerd Zenhaüsern en affirmant que vous avez un double challenge à relever. Gérer le présent tout en préparant le moyen-long terme?
Disons que le tableau excel de ce à quoi ressemblera Fribourg-Gottéron en 2027/2028 est vite rempli. Malheureusement, le portemonnaie ne suit pas aussi vite (rires). On fait des projections, mais il faut jouer avec le marché et le budget à disposition. Je sais dans quelle direction je veux aller, mais je ne peux pas vous garantir les noms des 25 joueurs qui composeront l'équipe dans quatre ans.
Quel regard sur la Swiss League et le hockey valaisan?
S'il y a bien longtemps qu'il oeuvre hors des frontières cantonales, Gerd Zenhäusern demeure un observateur attentif du hockey valaisan. Que lui inspirent les nouvelles ambitions du HC Sierre, partagées en partie par Viège? Que pense-t-il du travail effectué au niveau de la formation et quel regard porte-t-il sur la Swiss League, ce championnat qui peine à se faire sa place dans l'ombre de l'élite? Le directeur sportif de Fribourg-Gottéron répond à toutes ces interrogations dans l'extrait ci-dessous.