"On voulait à tout prix éviter une faillite" : Patrick Polli, président du HCV Martigny
Retour en MyHockey League pour le HCV Martigny. La montée en Swiss League de l’année dernière était risquée. Pour ne pas mettre en péril tout l’édifice, la sagesse a parlé. Ce pas de retrait est totalement assumé par le président et mécène Patrick Polli. Avec une pointe d’amertume. Interview.
Quel contraste pour le club du coude du Rhône. Le 30 mars 2023, la formation octodurienne soulevait le trophée promis au champion de troisième division. Une séquence qui intervenait quelques semaines après la victoire en National Cup et la validation de la promotion à l’échelon supérieur. Des titres pour un nouveau chapitre qui n’aura finalement duré qu’une seule saison. Amer mais réaliste, le président du HCV Martigny Patrick Poli évoque la seule décision possible : le retrait volontaire de la Swiss League pour un retour en MyHockey League.
Patrick Polli, est-ce que c’est la sagesse qui a parlé ?
Oui je pense. Il fallait assurer un avenir économique pour le club. 40 à 45% du financement reposait sur mon apport personnel, des montants de 800 à 900 mille francs. Le club était clairement sous perfusion. On a tenté cette aventure. On va reformer pour revenir à des bases plus saines. Le budget sera réduit de quasiment 1 million. Cela ne sera pas simple mais on peut effectivement parler de décision sage. Les discussions n’ont pas été simples. On a tout mis sur la table, y compris le fait d’abandonner l’aide au mouvement juniors ou de supprimer la première équipe de Sion. Pour moi, ces variantes n’étaient pas acceptables. Actuellement, sous la forme que nous avons expérimentée, seuls les clubs de National League profitaient de la situation. Je préfère que ce soient les jeunes valaisans qui en profitent.
Ce dénouement vous laisse quel sentiment ?
Beaucoup d’amertume. C’est toujours difficile, c’est pénible d’en arriver là. J’ai passé plus d’une heure avec nos joueurs de la première équipe. C’était mortifiant. Personne n’a envie de partir car l’ambiance créée dans le vestiaire, dans le club, était extraordinaire. C’est très émotionnel. On a tout essayé, vraiment, même en allant toquer aux portes de certaines personnalités. Mais cela ne servait pas à grand-chose car on n’aurait pas résolu le problème de fond. On parle d’un patient malade qu’on aurait tenté de garder en vie encore quelques années. Je préfère soigner le mal à la racine et repartir sur des bases plus saines. Car les infrastructures ne suivent pas non plus. On voulait à tout prix éviter une nouvelle faillite et en finalité la mort du club.
Ce patient malade, de quoi souffre-t-il exactement ?
Le premier gros problème c’est notre patinoire. Elle ne permet pas d’amener une dynamique par rapport à nos sponsors et à nos supporters. 351 abonnées c’est ridicule mais cela s’explique aussi par l’infrastructure. Si on avait un nombre d’abonnés plus important, on pourrait générer des revenus supplémentaires dans toutes les catégories.
Vous vous accrochez à ce projet de nouvelle patinoire. Où en est-on exactement ?
Il y a une volonté politique, communale, de nous mettre à disposition un terrain pour la nouvelle infrastructure. Un financement de base et un montant pour l’exploitation sont aussi en discussion. On parle de 5 millions pour le projet et 500'000 francs pour les frais annuels. C’est en bonne voie. Ce qui nous manque c’est le soutien populaire.
Pourtant, le soutien populaire ne se décrète pas. Est-ce que vous vous sentez dans une impasse ?
Je suis très surpris. On fait un championnat en Swiss League où on tient les premiers rôles au début. On manque les play-off à la dernière journée. Pour certains supporters, j’insiste, pour certains, on dirait que la saison se résume à quelques derbys contre Sierre. Ce n’est pas comme ça qu’on arrive à construire une équipe qui puisse perdurer et à développer le hockey dans le Bas-Valais.
Et qu’est-ce que vous dites aux 351 personnes qui ont pris leur abonnement et à tous les autres qui vous suivaient régulièrement ?
Je leur dis merci beaucoup. On est autant triste qu’eux. C’est vraiment dommage d’en arriver là. On va essayer de reconstruire quelque chose avec des nouvelles bases. On a déjà vécu 5 saisons en MyHockey League avec des moments exceptionnels. Ce titre à Thoune, la National Cup.
Quels sont les prochains beaux moments que vous espérez ?
Une saison 2024-2025 dans le Top 4 de MyHockey League. Une demi-finale au minimum, de manière à relancer une structure intéressante et dynamique pour les supporters mais aussi pour les hockeyeurs valaisans. Certains joueurs qui sont partis l’an dernier nous ont déjà approché pour revenir.